TENNISRoland-Garros : Mais c’est quoi, toutes ces places vides sur le Central ?

Roland-Garros : Mais c’est quoi, toutes ces places vides sur le Central ?

TENNISCertains sièges, notamment les meilleurs en bas des tribunes, sont parfois vides, même sur des gros matchs…
A Roland-Garros, Nicolas Camus

A Roland-Garros, Nicolas Camus

Ils sont là, à la vue de tous, en train de narguer les fans de tennis agglutinés devant les écrans géants à l’extérieur du Court et d’énerver les gens devant leur télé. Surtout quand ils ont essayé de s’en procurer. Ils, ce sont ces sièges du Court Philippe-Chatrier qui restent désespérément vides alors que reprend, comme lundi, un 8e de finale entre Monfils et Federer, ou que, comme mardi, Tsonga s’apprête à affronter Nishikori pour une place en demi-finale. 20 Minutes fait le point avec Nathalie Sergent, la responsable de la billetterie du tournoi, qui reconnaît sans problème que « pour nous [la FFT] comme pour les joueurs, ce serait mieux que ce soit plein ».

Lundi 1er juin, 13h45, reprise du 8e de finale Monfils-Federer. - N.C.

Quelles sont les places concernées et qui est censé les occuper ?

Le plus rageant dans l’histoire, c’est que ces sièges sont bien souvent les mieux placés, tout en bas, là où l’on peut presque sentir le souffle des plus grands champions. Ce sont des loges que la Fédération française met à disposition de ses sponsors et entreprises partenaires (1.780 sur les 15.000 du court Central). Ces dernières invitent des clients, qui en disposent comme bon leur semble.

Et parfois, ils passent plus de temps à manger des petits fours ou se balader qu’à regarder du tennis. « Rester sept heures assis au bord du court, c’est compliqué, défend Nathalie Sergent. Les gens sont aussi là pour vivre une journée à Roland-Garros, c’est-à-dire voir des matchs, bien sûr, mais aussi déambuler dans les allées, voir des matchs sur les courts annexes, des exhibitions, faire un tour aux animations. On ne va pas leur imposer de rester assis sur leur chaise. Ni engager des figurants pour remplir les sièges. »



Qu’est-ce qui a déjà été tenté ?

Deux personnes pour une place

Depuis cinq ans, toutes les entreprises qui ont des places en loges bénéficient d’un billet 11h-14h en complément, qu’ils peuvent mettre à disposition d’un autre invité. Cela permet de remplir un peu mieux les loges, mais cela ne suffit pas.

Des formules repas adaptées

Les personnes en loges peuvent s’ils le souhaitent manger plus rapidement pour aller plus tôt sur le court. « Par exemple, pour vendredi [les demi-finales hommes], ils pourront manger à partir de 11h30. Et on va les inciter à le faire ! Comme ça, ils pourront être sur le court à 12h45 pour le début du premier match », précise la responsable.

Un embryon de système d’échanges

Les sièges vides ne sont pas dus à un déficit d’invités, bien au contraire. Toutes les entreprises utilisent la totalité des places qui leur sont allouées. Mais si jamais l’une d’elle doit gérer une demande très forte alors qu’une autre sait qu’elle aura du rab’, un système de bourse d’échange d’échanges internes aux détenteurs de loges a été instauré. « Mais on n’a pas encore un outil suffisamment informatisé pour le faire vraiment de façon efficace, reconnaît. En tout cas, on est en train de réfléchir avec nos clients aux meilleures solutions pour remplir les loges au mieux en fonction de ce qui se passe le jour-J dans leur espace. »

Quelles sont les pistes à explorer ?

Il y en a pas mal. Certaines peuvent l’être dès maintenant, d’autres plus dans la perspective de 2018, année de livraison du nouveau Chatrier, avec son toit rétractable. « Déjà, on souhaiterait donner la possibilité au grand public de venir s’asseoir dans les loges si l’entreprise n’a plus d’invités et quelle l’accepte ». Ce serait effectivement un bon début. Voici quelques autres idées soumises à Nathalie Sergent.

Et si on commençait par un match homme ?

« La programmation tient compte de beaucoup de choses, comme l’alternance Chatrier-Lenglen entre les joueurs, leurs préférences sur les horaires, le décalage horaire avec leur pays, ce que les télés veulent faire, etc. C’est vrai qu’en général ça commence plutôt avec un match femme, mais pas toujours. Pourquoi pas essayer, pour les demi-finales, d’en faire jouer une féminine et une maculine un jour, puis la même chose le lendemain. Après, on pourrait prendre aussi plus de risques sur la programmation, commencer plus tard. Si on commençait à 13h et pas à 11h, ce serait plus rempli. Pour l’instant on ne peut pas, les matchs sur terre ont la spécificité de pouvoir durer très longtemps. Ce sera différent quand on aura notre toit, on pourra sûrement commencer et finir plus tard. On ajustera la programmation à ce moment-là ».

Et si on permettait aux invités de manger à leur place ?

« On s’est posé la question. On ne l’a pas encore proposé mais cela fait partie de nos idées… Par exemple une petite box qui leur permettrait de déjeuner de façon qualitative, sans en mettre partout et de façon assez discrète sur le court. On en discute avec nos traiteurs, ce serait une solution alternative pour ceux qui veulent bien déjeuner tout en regardant le match dans les tribunes ».

Et si on mettait des vitres, comme sur le court Arthur Ashe (US Open) ou les stades de foot, pour qu’au cas où il n’y ait pas grand monde ça ne se voit pas trop ?


« Ça a été un vrai débat pour notre nouveau stade. On s’est demandé si ça valait le coup de remonter nos loges à mi-hauteur pour que ce soit plus discret. Mais nos petites loges datent de la construction du stade, en 1928. Elles font partie de l’ADN du Chatrier. Ça nous a paru important de les garder et pour qu’on puisse reconnaître au premier coup d’œil le Chatrier dans sa nouvelle version. On n’a pas voulu que ce soit un court complètement différent, hyper moderne et que les gens ne s’y retrouvent plus ».