La première fois, lorsqu’il a perdu contre Robin Soderling en 2009, on pouvait toujours mettre ça sur la thèse de l’accident. De celle du joueur inattendu qui claque le match de sa vie au meilleur moment. Mais cette fois, la deuxième défaite à Roland-Garros de la carrière de Rafael Nadal a une signification différente. Balayé par Novak Djokovic en quarts de finale (7-5, 6-3, 6-1), le nonuple vainqueur du tournoi n’est plus le maître de la terre battue.
« Il a mieux joué que moi et c’est à peu près tout, c’est aussi simple que ça. Et quand l’adversaire joue mieux que vous, lorsqu’il est plus en forme que vous, c’est le genre de choses qui arrive. Je n’ai qu’à le féliciter. » Froid mais lucide, Nadal a le mérite de clarifier ce que plus grand monde n’osera contester : le Serbe est bien le meilleur joueur du monde actuellement. Et de loin.
« Regardez son palmarès, ça en dit assez »
Le plus inquiétant pour Nadal, c’est que le numéro un mondial est parti tellement loin devant qu’on se demande s’il parviendra un jour à le rattraper. En un chiffre ? Nadal a fait trois fois moins de coups gagnants que son adversaire (16 contre 45). Il ne maîtrise plus l’échange. En une image ? Sa double-faute sur la balle de match. Il n’est plus la machine physique et mentale qui a écrasé Roland pendant une décennie.
Vacillant toute la saison, l’Espagnol ne pointera plus qu’à la dixième place du classement ATP, lundi prochain. Cette défaite, tout le monde l’avait un peu sentie venir. Lui-même avait déclaré début de tournoi enque ce ne serait « pas la fin du monde » s’il lâchait son titre. Preuve supplémentaire que la victoire de Novak Djokovic n’a au fond pas grand-chose de surprenant. « C’est comme ça, j’ai eu 6 mois d’un jeu plutôt mauvais, et pendant 3 mois et demi, vraiment très mauvais », se contente d’expliquer Nadal.
A 29 ans, avec les nombreux problèmes physiques qu’il a connus, est-il tout doucement en train de s’éclipser ? Djokovic est convaincu du contraire : « Ça arrive d’avoir des saisons comme ça, plaide-t-il. Les gens se posent des questions sur son jeu et ce qu’il va devenir, mais si vous voulez vous souvenir de qui il est, regardez son palmarès, ça en dit assez. Il sait ce qu’il faut faire pour revenir et être le meilleur. » Quand on n’a gagné Roland neuf fois, on n’en part pas la tête basse. « Comme je l’ai toujours dit, j’accepte une défaite, conclut-il. Mais bon, il y a une chose que je sais, c’est que je vais travailler encore plus qu’avant pour faire mon retour encore plus fort. »