Coupe Davis: Richard Gasquet «se voit bien battre Wawrinka à deux points partout le dimanche»
TENNIS•Le Biterrois, décisif en demi-finale, espère avoir un rôle à jouer contre les Suisses ce week-end….Propos recueillis par Julien Laloye
Son histoire avec la Coupe Davis n’a pas toujours été bleu horizon. Mais Richard Gasquet a été le principal artisan de la victoire en demi-finale contre les Tchèques à Roland-Garros, et il est sans doute le joueur français qui a fait la meilleure impression à l’entraînement depuis le stage de Bordeaux. Rencontré chez son équipementier du Coq sportif, le 26e joueur mondial est persuadé que «l’issue de cette finale peut tout changer» dans la carrière de cette génération des nouveaux mousquetaires. A condition de la gagner.
Votre première sélection en équipe de France chez les jeunes, vous vous en souvenez?
Oui, je devais avoir 12 ans et j’ai joué avec des mecs qui n’ont pas percé. Mais l’année d’après, c’était déjà avec Jo (Tsonga). J’avais 13 ans, il en avait 14, et on a tout gagné ensemble, les championnats du monde, les championnats d’Europe… C’est marrant de se retrouver en finale de Coupe Davis quinze ans après.
Il y avait déjà un peu de pression de jouer pour un pays?
C’était moins jouer en équipe de France que de retrouver les potes. La Coupe Davis, quand tu as cet âge, c’est à des années-lumière, dans ton esprit. On aura plus de responsabilités ce week-end! Il y aura le public, les coéquipiers sur la chaise, le tennis français… Je ne suis pas président de la République, mais on sent que cette rencontre est attendue.
Votre relation avec la Coupe Davis n’a pas toujours été facile. Pourquoi?
J’ai bien commencé, mais j’ai perdu beaucoup de matchs en cinq sets qui m’ont plombé. Ça aurait pu bien se passer, ça n’a pas été le cas. Après, j’ai eu quelques problèmes, des blessures... Guy Forget avait d’autres joueurs en tête, et tu finis par oublier le truc.
On s'est parfois demandé si vous aviez vraiment envie de venir…
J’ai toujours eu envie d’y aller, mais à un moment donné, j’ai moins bien joué et je n’avais plus ma place. Après si vous parlez de l’Argentine en 2013 (alors meilleur Français, Gasquet avait déclaré forfait à cause de sa cheville, NDLR), oui ça m’a fait mal. Pas qu’on dise que j’aurais pu jouer, les gens pensent ce qu’ils veulent, mais parce que je voulais jouer et que je n’ai pas pu. Malgré tout ce qu’on a pu dire, j’ai toujours été à 1.000% pour y aller.
Pensez-vous que votre victoire contre Berdych en demi-finale à Roland-Garros a pu constituer un déclic?
Ça fait du bien pour la confiance, c’est sûr. Tout le monde m’avait fait confiance, il faisait beau, le stade était plein, il y a eu un certain soulagement après la victoire. Mais c’est un recommencement à chaque fois, et Federer ou Wawrinka, c’est au-dessus de Berdych.
Avez-vous conscience que cette finale peut faire entrer votre génération dans l’histoire du tennis français?
Ça peut changer beaucoup de choses pour nous tous, je ne vais pas vous dire le contraire. Il y a une attente énorme, du fait qu’il y a Federer en face, mais on reste outsiders sur cette finale. Les mecs ont 18 Grands chelems à deux, ils sont favoris.
Dans vos rêves, imaginez-vous être le héros du week-end?
Bien sûr que je m’y vois. Je m’y vois le vendredi contre Federer, je me vois en double le samedi, je m’y vois à 2-2 contre Wawrinka le dimanche. Mais on s’y voit tous, et le plus important c’est de gagner le dimanche soir, peu importe si je dois jouer ou pas.
Ça vous indiffère vraiment de rester sur le banc ? N’aimeriez-vous pas qu’on se souvienne de vous comme le joueur qui a ramené la Coupe?
J’aimerais qu’on dise que j’ai fait le maximum. Après, tout s’oublie, des Gasquet, des Tsonga ou des Coupes Davis, il y en aura d’autres. En tout cas, je pense que le public français m’apprécie, au moins pour mon revers. Même quand je suis à l’étranger, les gens me connaissent pour ça.
Gagner cette Coupe Davis, ce serait l’aboutissement de votre carrière?
Elle n’est pas finie non plus… Revenir dans le top 10 et rejouer des demi-finales de Grand Chelem, c’est aussi un objectif, même si ce sera dur de repartir si on perd à Lille.
D’autant plus qu’on a l’impression que gagner un Grand Chelem, ce sera compliqué pour un Français. Vous y croyez encore?
Quand on voit Cilic à l’US Open, on y croit. Après, il faut bien jouer au bon moment et espérer qu’il se passe des choses un peu surréalistes dans le tableau! Les deux demies que je fais, c’est pour jouer Nadal et Federer. Par contre, si on me donne Berdych et Nishikori, pourquoi pas. Mais ce ne serait pas plus fort que ce week-end. Une victoire contre la Suisse, ce serait un moment monstrueux. Sur le court, j’aurais bien plus de pression que sur n’importe quel match de Grand Chelem.