Et si le problème de Roger Federer, c'était sa nouvelle raquette?

Et si le problème de Roger Federer, c'était sa nouvelle raquette?

TENNIS – Le Suisse, qui traverse une période compliquée, teste un nouveau matériel depuis quelques semaines…
Antoine Maes

Antoine Maes

Roger Federer n’a pas fait de sentiment. Il a quitté sans ménagement celle qui l’a accompagné pendant de nombreuses années aux quatre coins du monde. Celle qui l’a aidé à s’imposer dans tant de Grands Chelem. Celle qui pour partie a fait de lui le meilleur joueur de l’histoire. Elle s’appelle la BLX Pro Staff Six One Tour, et désormais, on se rappellera d’elle comme l’ancienne raquette du Bâlois.

Depuis une quinzaine de jours, le Suisse a en effet décidé de tenter un gros pari: celui de demander à Wilson, son équipementier, de lui fournir une nouvelle raquette. Elle n’a pas encore de nom, ni de design défini: elle est noire, pour que la cosmétique n’influence pas les sensations du testeur. Pour le moment, les effets sur ses résultats sont mauvais: Federer s’est incliné deux fois contre des joueurs au-delà de la 100e place en quinze jours. Et jeudi, c'est l'Allemand Daniel Brands (55e mondial) qui l'a balayé au 1er tour à Gstaad (6-3, 6-4).

«Vouloir changer à son âge, c’est aussi parce que physiquement, les pas d’ajustement lui pompent plus d’énergie»

A Gstaad, sur terre battue, l’homme aux 17 Grands Chelem continuera sa phase de test. «Pour l'instant, je suis satisfait de ce changement. Mais j'ai besoin de beaucoup d'heures sur le court pour voir si c'est la bonne décision. Il y a des joueurs qui ont connu des problèmes en changeant de raquette», assure Federer. «Si le préparateur trouve tout de suite le bon compromis, ça peut aller très vite», confirme Jean-Jacques Poupon.

Ce Breton sait de quoi il parle: il s’occupe encore des raquettes de Nadal ou Gasquet, après des années chez Babolat. Et la révolution, pour Federer, c’est d’avoir accepté d’agrandir son tamis, réputé l’uns des plus petits du circuit. Sa raquette précédente en possédait un de 580cm2, quand celles de Tsonga ou Djokovic sont à 645cm2. «Il a dû se rendre compte que sa raquette n’était plus adaptée à son physique (il aura 32 ans en août, ndlr), détaille Poupon. Aujourd’hui, il est confronté à des gens qui jouent en 2 ou 3 coups, et s’il n’a pas les 5 ou 6 cm de rallonge pour remettre dedans… Vouloir changer à son âge, c’est aussi parce que physiquement, les pas d’ajustement lui pompent plus d’énergie.»

Un pari payant?

Pas sûr pour autant que Federer soit gagnant à tous les coups. «Sampras a fait la même chose en fin de carrière, reprend Poupon. Mais c’est très rare chez les grands. Il y a des changements de produits chez les jeunes, à cause des contrats financiers, qui sont l’abreuvoir à cet âge-là. Après, quand ils ont trouvé leur réglage entre inertie, poids et balance, c’est rare qu’on change.»

Depuis ses débuts, un Rafael Nadal par exemple n’a fait qu’alourdir sa raquette de trois petits grammes. Aujourd’hui, l’Espagnol tient 315 grammes dans sa main gauche, quand le Suisse doit se coltiner 350 grammes. Ça a l’air ridicule, «mais au bout de deux heures, faut les porter», assure Jean-Jacques Poupon. Pour qui le pari de Federer peut quand même s’avérer payant. «D’habitude on le fait en novembre-décembre, quand il n’y a rien, donc le planning me surprend un peu. Mais s’il trouve les réglages, avec le jeu qu’il a, il peut refaire des trucs fabuleux.» Mais ça ne consolera pas la BLX Pro Staff Six One Tour.