Roland-Garros 2013: Wawrinka, l’ombre suisse de Federer qui s’émancipe enfin

Roland-Garros 2013: Wawrinka, l’ombre suisse de Federer qui s’émancipe enfin

TENNIS – Le numéro 2 suisse sera l’adversaire de Richard Gasquet en huitième de finale lundi…
A Roland-Garros, Antoine Maes

A Roland-Garros, Antoine Maes

«Top! Je suis un sportif suisse pratiquant le tennis, je suis mondialement connu, je suis, je suis…» Si Julien Lepers pose un jour cette question dans «Questions pour un champion», les candidats répondront tous «Roger Federer». Perdu. Car au pays de la légende suisse, un autre top-player grandit dans l’ombre. Il s’appelle Stanislas Wawrinka, il a 28 ans, et il affronte Richard Gasquet lundi en huitième de finale à Roland-Garros.  

Wawrinka, c’est un type qui n’a pas autant de chance que de talent. «Des joueurs suisses dans  les 10 premiers mondiaux, c’est assez rare. Mais ce que Stan fait est banalisé par rapport à ce que fait Federer, raconte Grégory Beaud, journaliste pour 20 Minutes Suisse. C’est le même genre de manque de bol que Ferrer en Espagne: il fait demi ou quart partout, et il est dans l’ombre de Nadal.» Et si les Helvètes s’évertuent à en faire un couple de potes, la légende raconte que les deux hommes ne sont pas particulièrement proches, sans toutefois se détester. 

Forget: «Beaucoup de pays aimeraient avoir un chef de file comme Wawrinka»

Wawrinka, ami de Benoit Paire ou Gaël Monfils sur le circuit, n’apprécie pas trop que le maître s’en aille faire de la retape à Dubaï pendant que lui se coltine des tours de Coupe Davis au Kazakhstan. Pourtant, la présence encombrante de Federer a pu aussi lui profiter. «C’est aussi très bon d’avoir une locomotive, assure Guy Forget. S’il fait la carrière qu’il fait aujourd’hui, c’est parce qu’il a un garçon comme Roger qui l’a un petit peu tiré vers le haut. Après, beaucoup de pays aimeraient avoir un chef de file comme Wawrinka», remarque l’ancien capitaine de Coupe Davis français. 

Ca niveau tennis, l’actuel dixième mondial est évidemment tout sauf un manche. «C’est un garçon complet, avec un jeu très puisant, Il volleye très bien, il sert bien, il a tous les coups du tennis, décrit Forget. Et il peut encore mieux jouer. Il lui manque ce petit déclic qui lui permettrait de gagner les grands tournois.» Car pour le moment, il est encore l’homme des défaites honorables, comme contre Djokovic en huitième de finale à Melbourne (1-6, 7-5, 6-4, 6-7, 12-10). 

Du Beckett sur le bras gauche

Au pays du secret bancaire, Wawrinka, dont les parents travaillent dans une ferme curative, c’est surtout l’image du parfait «boy next door». La seule fois où il fait la une de la presse people, lors de sa séparation avec sa femme présentatrice télé (avant de se remettre ensemble), c’est elle qui passe pour la méchante et lui pour la victime. Parce que Stan Wawrinka, c’est un peu comme si votre colocataire était devenu un joueur pro. Accessible au point de tweeter à cinq minutes de son match du premier tour contre Zeballos, ou de chambrer un arbitre en plein match lors du dernier tournoi de Madrid. 

Une image qui lui permet aujourd’hui de poser pour des lunettes, d’associer son image à lutte pour la sécurité routière, et même d’entrer au conseil d’administration du club de hockey de Lausanne, dont il est un fervent supporter. Sans toutefois jamais transcender la différence linguistique suisse. Si Federer a fait tomber le «röstigraben» (la frontière du rösti, du nom du plat national des suisses-allemands), Wawrinka reste un peu catalogué comme francophone. Tout ça bouge depuis quelques mois et son immense saison 2013. Son dernier tatouage, une citation tiré d’une pièce de Beckett (Wostward Ho, Cap au Pire en français) sur l’avant-bras gauche, donne une petite idée de son nouvel état d’esprit: «Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. Fail again. Fail better.» Toujours Essayer. Toujours échouer. Pas grave. Essayer encore. Echouer encore. Echouer mieux.