Bim. Bam. Boum. Trois Français au sol, Julian Savea dans l’en-but et une comparaison immédiate avec un légendaire Néo-Zélandais : Jonah Lomu. Auteur d’un triplé contre les Bleus et de huit essais dans cette Coupe du monde, l’ailier des All Blacks fascine. Au point d’en faire le successeur de la légende ? Non. Explications de Richard Dourthe, qui a pris Lomu dans le buffet lors du mythique succès de 1999, avant la demie des Néo-Zélandais contre l’Afrique du Sud samedi (17h).

Le style

« Je les trouve complètement différent. Déjà, Savea est moins impressionnant physiquement que Jonah (1,92 m pour 108 kilos contre 1,96 m pour 118 kilos). Et puis des essais comme celui qu’il nous a mis samedi, il n’en a pas inscrit beaucoup dans sa carrière. Et puis samedi, ils ont eur peur de le plaquer Savea, et Nakaitaci arrive sur lui gainé comme un Flamby. Vous mettez Lomu dans ce match, c’est une boucherie. Pour le reste, je n’ai jamais vu Savea faire ce que faisait Jonah. Il est fort mais comme beaucoup de ses partenaires. Lomu était au-dessus de tout le monde. »

L’efficacité

« Les statistiques de Savea sont meilleures que celles de Lomu (39 essais en 38 sélections contre 37 en 63) mais cela ne veut rien dire. Lomu, il ne forçait pas son talent si ses partenaires n’avaient pas besoin de lui, il restait dans son coin. En cas de difficulté, les All Blacks envoyaient deux longues passes et allaient chercher le gros à l’autre bout du terrain pour qu’il renverse tout. L’autre problème, c’est que notre sport ne comptabilise pas les passes décisives. Combien d’essais ont marqué les Néo-Zélandais après un énorme boulot de Lomu ? »

Le charisme

« Il n’y a qu’un Jonah Lomu et il n’y en aura toujours qu’un. Savea est un très grand ailier mais il n’est pas un mythe. Que je sache, il n’a pas encore marqué quatre essais en une demi-finale contre les Anglais (comme Lomu en 1995) ni retourné la défense française sur ses deux ballons du match comme Jonah l’a fait contre nous en 1999. Lui, c’était un Ballon d'Or (sic), un homme à part dans notre sport. Julian Savea, tu essaies de l’arrêter quand il a la balle. Jonah Lomu, tu devais l’arrêter avant qu’il n’ait la balle. »