RUGBYXV de France: En rugby aussi, ça fait quinze ans qu’on cherche le nouveau Zidane

XV de France: En rugby aussi, ça fait quinze ans qu’on cherche le nouveau Zidane

RUGBYUn dix digne de ce nom, c’est trop demander?...
Bertrand Volpilhac

B.V.

Camel Meriem, Mourad Meghni, Samir Nasri, Marvin Martin, Hatem Ben Arfa, tous ont un jour été présentés comme les nouveaux Zidane. Comme celui qui prendra sa succession. Et tous ont échoué. Une malédiction qui s’étend au rugby. Depuis la fin des années 90 et Christophe Lamaison, le XV de France n’a pas trouvé de 10 digne de ce nom sur la durée. Et il continue encore de tâtonner. 20 Minutes fait l’inventaire des espoirs déçus des ouvreurs déchus.

Le plus proche – Frédéric Michalak

Pourquoi on a cru que c’était lui: Parce que Michalak est de loin l’ouvreur le plus régulier en équipe de France depuis le début des années 2000. Sens du jeu, pied fiable, bonnes jambes, il était le dernier dix à faire croire que «FrenchFlair» n’est pas une nouvelle série de détectivité diffusée sur TF1. D’ailleurs, il a participé à deux Coupe du monde, 2003 et 2007, et était encore dans le groupe France jusqu’en juin dernier. Avec 71 sélections, il était le plus proche d’être le grand dix que la France attendait. Mais il a manqué quelque chose…

Ce qui a été un jour dit sur lui: «Michalak Superstar» a titré l’Equipe en une pendant la Coupe 2003.

Le jour où l’on a compris que ce ne serait pas lui: Il lui a fallu 36 secondes pour saloper sa carrière en bleu. Dès la première minute de la demi-finale de la Coupe du monde face à l’Angleterre en 2003, le jeune Michalak, à peine 21 ans, craque et invente la chandelle en arrière. Fabuleux depuis le début du Mondial, il rate totalement son match et se fait éclipser par son adversaire, Jonny Wilkinson. Et tout le monde a compris ce jour-là qu’entre les deux, il y aurait toujours un monde d’écart.



Le plus éphémère – François Gelez

Pourquoi on a cru que c’était lui: On n’est pas exactement sûr. Sans doute parce que Gelez avait la dégaine d’une future star, que son accent sentait bon le rugby et que son jeu au pied rappelait Thierry Lacroix. Ou parce que pour sa première sélection dans le tournoi, en 2002, il roule sur l’Irlande et contribue au Grand Chelem Français.

Ce qui a été un jour dit sur lui: «Avec Agen, c'est un buteur de classe mondiale, on va donc le positionner dans la continuité sur le Tournoi. Sauf catastrophe terrible, on a pris la décision de l'asseoir à ce poste», explique l’éternel manager du XV de France avant le tournoi 2003.

Le jour où l’on a compris que ce ne serait pas lui: Deux matchs après ces paroles. «L'Agenais a totalement raté son examen de passage. Incapable de mener le jeu. Son manque de puissance et de vitesse a été criant», raconte Le Parisien d'alors. Défait en Irlande, Gelez ne reverra plus jamais l’Equipe de France, confirmant qu’il n’avait pas probablement pas les épaules. Six mois plus tôt, il était déjà rentré dans l’histoire en laissant son ballon tombé du tee avant la pénalité de la gagne face aux Blacks. Match nul et début de la fin de Gelez en Bleu.



Le plus énigmatique – François Trinh-duc

Pourquoi on a cru que c’était lui: Parce qu’il était le meilleur en Top 14 et que sa future association avec Morgan Parra à la mêlée promettait d’être efficace, spectaculaire et durable. Propulsé titulaire par Marc Lièvremont pour la première fois à 22 ans en 2008, il est sur un nuage lors du Grand Chelem en 2010.

Ce qui a été un jour dit sur lui: «Contre l'Irlande, François a vraiment pris les clés du camion. Il s'est comporté en big boss. C'était une question de survie contre le pack irlandais.» Marc Lièvremont après une victoire sur l’Irlande au Tournoi 2010.

Le jour où l’on a compris que ce ne serait pas lui: On n'a jamais vraiment su. Le début de Coupe du monde moyen en 2011 lui a malgré tout coupé les jambes. Ce jour-là, il a perdu la confiance du sélectionneur Marc Lièvremont, qui préfère mettre à sa place pour le reste de la compétition un demi de mêlée, Parra. «François un mou, qui grommelle et baisse la tête en attendant que ça passe» expliquera plus tard dans son livre le sélectionneur. Sous Saint-André, c’est la même histoire: titulaire au départ, remplacé par un neuf (Michalak jouait alors demi de mêlée à Toulon) ensuite. «François Trinh-Duc est capable de coups d'éclat géniaux et de cagades incompréhensibles».

François Trinh Duc lors de la victoire de la France sur l'Italie, en 2012 - CIAMBELLI MATTEO/SIPA


Le plus complet – Lionel Beauxis

Pourquoi on a cru que c’était lui: Parce que dès qu’on a compris que ce ne serait pas Frédéric Michalak, on s’est tourné vers lui. Monstrueux avec les -21 ans de la France, Beauxis possède un pied à la fois ultra-puissant et terriblement précis. De ceux qui font gagner des matchs. Même s’il est sorti en fin de match, il a largement participé à la victoire de la France sur la Nouvelle-Zélande en quart de finale de la Coupe du monde 2007.

Ce qui a été un jour dit sur lui: «Il a un pied international. C'est quelqu'un avec une qualité de jeu au pied long qui fait avancer l'équipe.» Bernard Laporte en 2007.

Le jour où l’on a compris que ce ne serait pas lui: Lorsque Marc Lièvremont a été nommé à la tête du XV de France pour faire exactement l’inverse de Bernard Laporte: du jeu, du jeu et encore du jeu. Pas vraiment un dix de rugby flamboyant, Lionel Beauxis a perdu ce jour-là sa place en bleu et malgré quelques retours par-ci par-là, il n’a jamais réussi à y revenir vraiment.

Le plus talentueux - Thomas Castaignède

Pourquoi on a cru que c’était lui: Parce que son surnom était le Petit Prince. Parce qu’il était l’enfant parfait de 50 ans de French Flair. Parce qu’il était la réponse française, toute en élégance et en vista, à la puissance du Néo-Zélandais Lomu. Parce que s’il ne s’était pas blessé à la cuisse lors du premier match de la Coupe du monde en 1999, c’est lui qui aurait mené les Bleus et Christophe Lamaison n’aurait jamais été ce qu’il a été.

Ce qui a été un jour dit sur lui: «Je n'ai jamais vu un numéro 10 produire un jeu aussi long, aussi permanent et qui l'emmenait aussi loin», Jean-Michel Aguirre, ancien international français, en 1998 après les premières sélections de celui qui était alors considéré comme un phénomène.

Le jour où l’on a compris que ce ne serait pas lui: France-Australie, en novembre 2000. Lors de l’échauffement, Castaignède se flingue le tendon d’Achille et ne reviendra sur les terrains que 20 mois plus tard. Symbole d’un rugby devenu trop physique pour un joueur trop fin. Dans tous les sens du terme. Malgré plusieurs come-back sous l'ère de Bernard Laporte, Castaignède ne reviendra jamais à son niveau. Dommage, on aimait bien les cheveux péroxydés.

Le plus éphémère (?) – Camille Lopez

Pourquoi on a cru que c’était lui: Parce que plus les années passent, plus l’on s’impatiente. La machine à compliments a été lancée sur Camille Lopez après sa belle tournée d’été, il y a quelques mois. Parfait avec Clermont, Lopez a confirmé les espoirs placés en lui dès qu’il a explosé à Bordeaux, en 2012

Ce qui a été un jour dit sur lui: «Il faut de Lopez notre n°10 pour la Coupe du monde, lance l’ancien ouvreur des Bleus Yann Delaigue dans sa chronique sur Sports.fr. C’est important de rester sur la même continuité avec ce joueur très bon avec son club et qui a fait de bons matches lors de ses premières sélections.»

Le jour où l’on a compris que ce ne serait pas lui: Heureusement, il n’est pas encore arrivé et l’on souhaite à Lopez la plus franche des réussites. Mais son match totalement raté contre le Pays de Galles pendant le tournoi des VI Nations et les bisbilles entre Clermont le XV de France qui entourent son forfait face à l’Angleterre peuvent lui faire peur pour le Mondial. «Tout dépendra de la performance de Jules Plisson et Rémi Tales samedi à Twickenham», lâche PSA.

Le prochain sur la liste? – Jules Plisson

Pourquoi on pense que ça peut être lui: Précoce et beau gosse, Jules Plisson se balade depuis déjà longtemps avec les sélections de jeunes. Révélé avec le Stade Français, précis au pied et capable d’envoyer du jeu, il a été choyé par Philippe Saint-André lors du Tournoi 2014. Mais il n’avait pas été particulièrement convaincant. Doublure de Lopes, il aura une nouvelle chance ce samedi à Twickenham.