Tournoi des 6 nations: Comment le XV de France affronte les critiques
RUGBY•Le jeu des Bleus est très décevant...Romain Baheux
«On ne fait pas rêver.» Ni trace d'agacement face à la question, ni d'ironie dans la voix de Morgan Parra. Entouré de journalistes sur la scène de l'auditorium de Marcoussis, le demi de mêlée du XV de France dresse tout simplement un constat froid et réaliste de ce qu'endure n'importe quel amateur de rugby. Les Bleus n'excitent plus grand monde et quand ils arrivent à réveiller les foules au détour d'une victoire contre l'Australie cet automne (29-26), l'embellie est aussitôt douchée par une vilaine défaite contre l'Argentine une semaine plus tard. De quoi redouter la réception du pays de Galles, invaincu face aux Bleus depuis la demi-finale du Mondial 2011, samedi (18h).
Les reproches? Le bilan famélique de l'ère Saint-André avec quatorze succès en trente-quatre rencontres et un jeu à faire décrocher les mâchoires les plus solides des spectateurs du Stade de France. Même s'ils sont bien isolés dans la campagne essonnaise, les pensionnaires du centre d'entraînement de Marcoussis n'ont pu éviter d'être atteints par les critiques. «On sent cet agacement extérieur. On tente des choses, on en rate certaines et ça nous frustre aussi», répond l'ailier Sofiane Guitoune. «On est touchés par ce que l'on entend, explique le centre Rémi Lamerat. Nous aussi, on aimerait que tout soit beau. La frustration est compréhensible.»
«Les critiques peuvent brider certains joueurs», selon Maestri
Tous les tricolores ne voient pas les choses de cette manière. Après le succès étriqué du XV de France contre l'Ecosse (15-8), Wesley Fofana n'a pas apprécié les reproches sur le fond de jeu des Bleus, ou plutôt son absence. Dans une équipe composée de plusieurs éléments inexpérimentés au niveau international et dont on peine à identifier les tauliers, la sinistrose ambiante autour des perspectives dans le Tournoi et à la Coupe du monde pèse sur certains. «On gère ça chacun à notre façon. Certains y portent plus d'attention que d'autres et ça peut les brider sur la pelouse», souligne Yoann Maestri. «Si l'un de nous se fait pointer du doigt chaque semaine, c'est difficile à la longue», renchérit l'arrière Brice Dulin.
Crispés ou non, les Bleus doivent profiter de la venue des Gallois pour reconquérir leur public. En novembre, les hommes de Philippe Saint-André ont évolué devant des tribunes clairsemées à Marseille face aux Fidji et à Saint-Denis contre l'Argentine, signe d'un engouement moindre autour de leurs sorties. «Si on gagne samedi, la ferveur reviendra un peu, promet Lamerat. Le problème, ce sont plus nos résultats qu'autre chose. Si on est champions du monde avec un jeu restreint, le pays sera derrière nous.»