Sofiane Guitoune, le nouvel électron libre des Bleus

Sofiane Guitoune, le nouvel électron libre des Bleus

RUGBY – L'ailier de Perpignan pourrait débuter en équipe de France contre les Tonga samedi…
Romain Baheux

Romain Baheux

Vingt-quatre ans, un début de saison impressionnant avec sept essais et une première cape samedi? Ecarté face à la Nouvelle-Zélande, l’ailier de Perpignan Sofiane Guitoune pourrait effectuer ses débuts internationaux avec le XV de France contre les Tonga. Henry Broncan, son entraîneur à Agen puis à Albi, et Patrick Arlettaz, l’entraîneur des arrières catalans, décrivent l'actuel meilleur marqueur d'essais du Top 14, mis en lumière après une dernière saison quasiment blanche et une rupture des ligaments croisés.

Un joueur d’instinct

Henry Broncan: «C’est un vrai joueur de rugby. C’est à l’aile qu’il se met en évidence en ce moment mais c’est aussi un excellent arrière et un très bon centre. Il s’est toujours très bien adapté à ce qu’on lui demandait. C’est un joueur très créatif. Quand je l’avais lancé à Agen en Pro D2, ça avait surpris beaucoup de monde car il avait à peine dix-huit ans et était inconnu. Il aurait joué encore plus de matchs s’il n’avait pas été au Pôle France et retenu régulièrement en sélection de jeunes.»

Patrick Arlettaz: «Il n’a pas de réel poste prédéfini. Il y a quinze ans, il n’aurait jamais joué ailier car il aime bien trop toucher le ballon et participer au jeu. Maintenant, le rugby a évolué et l’ailier peut plus facilement venir dans le cœur du jeu comme il le fait. Si vous regardez ses matchs avec Perpignan, il y a pas mal de moments où il est ailleurs qu’à son poste. Certains ailiers, on doit les pousser pour qu’ils se décollent un peu de leur ligne. Sofiane, il faut lui rappeler d’y revenir un peu de temps en temps.»

Une culture rugby limitée

H.B: «Il n’a aucun complexe, il ne se dit jamais «je vais jouer contre untel ou untel, ça va être compliqué». A Agen, il était en concurrence avec Pépito Elhorga, il savait à peine qu’il était international. Il est arrivé dans ce milieu sans une grosse culture rugby. Il est d’origine algérienne et n’a pas la même pression du passé et de la tradition du jeu à la française que peuvent l’avoir des jeunes originaires du Sud-Ouest qui ont vu énormément de matchs. C’est ce qui fait sa force.»

P.A: «Pour lui, je dois être un mammouth du rugby (rires). Ses références, ce ne sont pas des joueurs du passé mais plutôt ceux qui brillent maintenant. Le rugby moderne tel qu’il est construit lui plaît énormément et correspond à ses qualités. Parfois, j’entends certains joueurs dire qu’ils auraient été plus à l’aise il y a quinze ou vingt ans. Lui, je suis certain que si on lui demande, il va répondre qu’il est très heureux de pratiquer ce sport aujourd’hui.»

Une blessure «utile»

H.B: «Il a eu une année malheureuse. Ça lui a permis de faire de la musculation, de bien se préparer physiquement et il a pris de l’épaisseur. A Albi, on le faisait jouer tous les week-ends, car il était indispensable à l’équipe, il tirait les autres rien qu’en montrant l’exemple sur le terrain. Il n’avait pas trop le temps pour souffler et pour travailler. Cette absence lui a permis de devenir le joueur qu’il est.»

P.A: «C’était déjà un joueur qui misait beaucoup sur son explosivité pour faire la différence dans les duels. Pendant sa convalescence, il a fait pas mal de musculation et a pris par conséquence de la masse musculaire. Maintenant, ce n’était pas non plus un gringalet avant sa blessure. Il a beaucoup travaillé pour revenir. Il ne se repose pas sur ses acquis.»