Top 14: William Servat, retraité mais pas trop
RUGBY•L'entraîneur-joueur du Stade Toulousain reste sans doute le meilleur talonneur français au moment d’affronter Toulon, vendredi en demi-finale du Top 14…A Toulouse, Nicolas Stival
Officiellement, William Servat est parti à la retraite un soir de juin 2012, sur un troisième titre personnel de champion de France avec le Stade Toulousain, à l’issue d’une finale remportée face à Toulon (18-12). Pourtant, près d’un an plus tard, l’ancien talonneur international (34 ans, 49 sélections) se retrouvera sur la pelouse de Nantes, ce vendredi contre ces mêmes Varois en demi-finale du Top 14. Entre temps, le finaliste du Mondial 2011 est devenu entraîneur des avants de son club de toujours, après avoir un temps hésité à poursuivre sa carrière… à Toulon.
Mais il a retrouvé la compétition fin octobre 2012, pour ne plus quitter ses crampons par la suite devant la pénurie de talonneurs à Toulouse, entre blessures et suspensions. «William fait encore partie de ce qui se fait de mieux à son poste, juge Christian Labit, ancien coéquipier de Servat au Stade et en Bleu, désormais entraîneur de Carcassonne (Pro D2). En barrage, face au Racing-Métro (33-19), on l’a vu aussi fort, voire meilleur que Dimitri Szarzewski.»
15 matchs, deux essais cette saison
Toujours aussi puissant dans le jeu et en mêlée, précis sur ses lancers en touche, le «retraité» a déjà disputé 15 matchs de Top 14 cette saison, et inscrit deux essais. En janvier, l’entraîneur-joueur, peu friand de sollicitations médiatiques, s’était fendu d’un communiqué officiel pour nier de vilaines rumeurs. Celles-ci faisaient état d’un mal-être de l’intéressé, désireux de retrouver durablement un statut de joueur. «Choqué» par ces bruits, Servat, disait se «tenir à la disposition de mon club s'il considère que je peux occasionnellement lui apporter mon aide pour défendre son titre de champion de France.» Aujourd’hui, l’occasionnel est devenu l’ordinaire. Le Géorgien Bregvadze est le talonneur numéro 2 du Stade, alors que le jeune Tolofua, révélation de la saison dernière, n’a pas encore digéré son ascension express et que le Sud-Africain Botha s’apprête à repartir au pays.
«Il sécurise ses coéquipiers»
«Faire appel à lui est une nécessité, remarque Labit. Il sécurise ses coéquipiers. Ils savent notamment qu’ils vont avoir de la qualité sur les lancers en touche. C’est important pour le Stade qui a besoin de ballons pour pratiquer son rugby. Dès que William sort, ce secteur est souvent défaillant.»
S’il passe l’obstacle du champion d’Europe varois ce vendredi, le Stade Toulousain retrouvera peut-être Clermont en finale, pour la vraie (?) «der des ders». Ce serait l’occasion pour Servat de se mesurer à Benjamin Kayser, numéro 1 bis du XV de France avec Szarzewski. Et de prouver que les bruits évoquant un possible rappel en Bleu, cet hiver avant le Tournoi des VI Nations, étaient peut-être «surréalistes», selon lui, mais pas irrationnels.