Depuis près de dix ans, Mathieu Bastareaud et Wesley Fofana jouent à un drôle de chassé-croisé. Parfois partenaires comme chez les Bleus, souvent adversaires comme samedi en finale de la H-Cup. Si on voulait caricaturer le duel, on serait tenté d’opposer le surpuissant Toulonnais Bastareaud à l’habile et élégant Clermontois Fofana, impressionnant cette saison. Dans la même promotion au pôle France à Marcoussis de 2006 à 2007, les deux hommes présentaient des profils déjà diamétralement opposés.

«A l’époque, Mathieu était monstrueux physiquement, bien au-dessus des autres. Il faisait la différence uniquement là-dessus, raconte le demi de mêlée Mathieu Bélie, un de leurs partenaires de promotion. Wesley n’était pas aussi développé physiquement qu’un Bastareaud ou qu’un Yann David. Il était moins étoffé, son jeu était plus dans l’évitement mais il avait déjà sa pointe de vitesse.

«Ce n’étaient pas les meilleurs amis du monde»

A l’époque, Mathieu Bastareaud est déjà annoncé comme le futur monstre physique qui va soulager les lignes arrières du XV de France tandis que Wesley Fofana fait encore partie du commun des espoirs. «Tout le monde parlait de Mathieu à l’époque dans le monde du rugby. Ca a été plus long pour Wesley. Son passage à Clermont l’a complètement changé», note le deuxième ligne de Bordeaux-Bègles et partenaire au pôle France Adam Jaulhac. «Il était plus massif que maintenant. Son explosivité s’affichait moins à cause de son surpoids, se souvient un autre ancien pensionnaire de Marcoussis, Cédric Coll. Aujourd’hui, c’est devenu sa force.»

Samedi, ils s’affronteront pour offrir le premier sacre en H-Cup de leurs clubs. En 2006, leurs duels se tenaient sur les pelouses franciliennes. Ensemble à Marcoussis, Bastareaud évoluait à Massy tandis que Fofana avait sa licence au Paris université club. «Il y avait de la concurrence entre eux, raconte Coll. Ils s’entendaient bien mais ce n’étaient pas les meilleurs amis du monde. Avec Mathieu à Massy et Wesley au PUC, il y avait une certaine rivalité.»

Locomotive offensive des Bleus, Fofana a pris l’ascendant sur Bastareaud, dont l’ascension a été ralentie par son irrégularité en club et en équipe de France. «Wesley donne l’impression d’être passé devant depuis deux ans, confirme Mathieu Bélie. Il traverse le terrain à chaque fois, ses actions font le buzz. Mathieu est plus sentimental. Il s’épanouit quand on lui fait confiance, comme c’est le cas à Toulon. C’est la paire de centre idéale pour l’équipe de France.» Qui réglera ses comptes sur la pelouse de l’Aviva Stadium de Dublin samedi.