Roland-Garros: Nadal, Federer, Djokovic, qui est le plus fort… en conférence de presse?
TENNIS•On a passé les trois monstres du tennis au crible de la «conf’»…B.V.
Dans le tennis plus que dans tous les autres sports, la conférence de presse fait partie du job de joueur professionnel. Tous les deux jours pendant un tournoi du Grand Chelem, après chaque match, les joueurs doivent se présenter devant les médias. Et c’est à peu près le seul moment où ils sont visibles pendant le tournoi en dehors du terrain. Autant vous dire qu’à chacunes d’elles, les monstres du circuit Federer, Nadal et Djokovic font salle comble. On a comparé les trois pour savoir qui s’en sortait le mieux.
Le plus professionnel: Roger Federer
A 33 ans dont quasiment la moitié sur le circuit, «Sa Majesté» a avalé des kilomètres de conf’. En habitué, il maitrise l’exercice comme moi les œufs au plat. Brushing en place, sourire complice, il enchaîne des réponses plutôt convenues mais complètes.
Ca ressemble à quoi?
La salle principale d’interview (il y en a quatre à Roland) est toujours pleine pour le Roi. La conférence de presse commence avec une petite dizaine de questions/réponses dans un anglais parfait, se poursuit avec une petite dizaine de questions/réponses dans un français parfait et se conclut avec une petite dizaine de questions/réponses dans un suisse-allemand parfait, mais là c’est un peu plus normal car c’est sa langue maternelle. Et il ne s’agit là que de la presse écrite. Rebelote ensuite avec les télés et les radios. Et dans toutes les langues aussi.
Ca dure combien de temps?
Entre 45 et 50 minutes.
C’est quoi son point fort?
Il sait exactement comment ça marche et ce que les journalistes attendent de lui. Ce qui veut dire qu’on n’en ressortira jamais rien de fracassant mais toujours quelque chose quand même. Sauf lorsqu’il s’est énervé contre la sécurité défaillante de Roland, exception dans sa routine médiatique. Federer répond avec professionnalisme à toutes les questions, même les plus connes. Demandez-lui ce qu’il a mangé au petit déjeuner, il vous en détaillera le menu. Interrogez-le sur un jeune français 593e mondial qu’il n’a jamais vu jouer, il vous expliquera qu’il en a entendu beaucoup de bien, que la formation française est très réputée et que la chose la plus importante dans une carrière est d’avoir une grande hygiène de travail entre 18 et 22 ans. La réponse va durer 2’30 et votre article sera à moitié écrit. Merci Roger.
Ci-dessous un journaliste demandant des conseils à Roger Federer pour gérer sa fille. Roger s'execute.
Note globale:
8/10. Le contenant est parfait, le contenu manque parfois de panache.
Le plus intéressant: Rafael Nadal
Il joue comme une machine mais n'est pas tout à fait le même devant les médias. S'il répond de manière courtoise et souvent souriante, il peut parfois sembler agacé voire énervé par certaines questions. Et ça rend souvent ses réponses cinglantes et passionantes.
Ca ressemble à quoi ?
Un poil moins de monde que pour Roger Federer, et «seulement» deux langues, l’Anglais et l’Espagnol. S’il est tout à fait compréhensible, son anglais est marqué par un fort accent espagnol et donne l’impression de limiter parfois dans l’expression de ses sentiments.
Ca dure combien de temps ?
A peu près 35 minutes.
C’est quoi son point fort ?
Il se passe des trucs. Lancez-le sur un sujet polémique, Rafa répondra. Depuis le début de Roland-Garros, il a regardé droit dans les yeux plusieurs journalistes qui l’ont interrogé ses relations avec l’arbitre Bernardes, qu’il a fait «blacklister» de ses matchs. Il en a même coupé un parce qu’il trouvait sa question trop longue. Il a aussi pris la mouche au moment de parler de sa grande temporisation entre deux points quand il sert. «Ca fait 13 ans que je suis sur le circuit. On parle beaucoup de ça depuis 2, 3 ans. Et pourtant personne ne m’en parlait pendant les dix premières années. Alors que je prenais le même temps entre deux points. C’est étrange, non?»
Plus à l’aise en Espagnol, Nadal est même capable de partir dans des monologues interminables avec les journalistes de son pays. Interrogé sur la polémique entre sa famille et Gala Leon, la capitaine de Coupe Davis de l’Espagne, Nadal a claqué une réponse de près de cinq minutes. Cinq minutes à parler tout seul, c’est long.
Voici la retranscription intégrale de cette réponse
Note globale:
9/10.
Le plus divertissant: Novak Djokovic
Novak Djokovic est en conférence de presse comme il est dans la vie, à la cool. Il est heureux de faire ce qu’il fait, marche bien en ce moment et ça se sent. Il a toujours le petit mot qui fait rire, la petite phrase qui va bien. On s’amuse bien, même si on n’apprend pas forcément grand-chose.
Ca ressemble à quoi?
Si Djokovic régale le public du Central en parlant français sur le court après chacune de ses victoires, il ne s’y risque pour l’instant pas en interview. Il faut dire que sa maitrise de l’anglais est superbe. Lui aussi ne fait que deux langues, répondant ensuite à une poignée de journalistes serbes qui le suivent tout au long de l’année. Et fait ensuite des selfies avec certains d’entre eux.
Ca dure combien de temps?
Une petite demi-heure, selfies et autographes compris.
C’est quoi son point fort?
Il est marrant. On a presque l’impression de boire un demi avec un pote. On se régale quand il nous parle de Zlatan et qu’il nous dit qu’il va tenter d’aller voir la finale de la Coupe de France. Tout le monde se marre quand il dit espèrer qu’il va recevoir une invitation pour l’un des prochains tournois sur herbe (quel tournoi se passerait du numéro un mondial ?) et qu’au pire, il y jouerait en double. Bref, on passe un bon moment. Mais on a pas forcément appris grand-chose.
La note globale?
7/10.