France-Biélorussie: Ah bon j’ai dépassé Benzema? Giroud «a toujours eu foi en ses qualités»
FOOTBALL•L’international français a inscrit son 28e but en sélection et prouvé qu’il représentait encore et toujours la meilleure solution à son poste…Au Stade de France, Julien Laloye
L'essentiel
- Olivier Giroud a inscrit son 28e but avec l’équipe de France.
- Il a dépassé Karim Benzema tout en ayant joué moins de matchs que le Madrilène.
Guetter les paroles d’Olivier Giroud les soirs de matchs des Bleus est une raison de vivre à part entière. Il y a toujours un sens caché dans les phrases de l’attaquant d’Arsenal, bien qu’elles soient de moins en moins cachées, l’idée générale était de faire comprendre incidemment à quel point cette équipe serait bonne à rien sans lui. A ce niveau, il faut défendre son bifteck en permanence, mais Giroud le fait avec une conviction qui frise le mystique.
aTrois jours plus tôt, le type était remplaçant de Lacazette, le même qui lui sagouine déjà l’existence en club. Trois jours plus tard, Giroud débute et marque sans faire exprès. La 28e réalisation de son histoire en équipe de France, une de plus que son bon ami Karim Benzema (malgré 13 matchs de moins). Benzema, que la moitié de ce pays préférerait voir à la place de la grande gigue grenobloise.
Autant dire qu’on n’avait d’yeux que pour lui après la Biélorussie. C’est bien simple, à sa place, on aurait débarqué en zone mixte en moonwalk avec un tee-shirt « Karim who ? ». Mais Giroud est un homme décent. Il a fait semblant de pas savoir de qui on parlait.
Question du confrère : Vous avec marqué 28 buts avec les Bleus, un de plus que Benzema ?
« « Je suis content d’aider l’équipe à finir le boulot de mes partenaires, j’ai toujours eu foi en mes qualités même si parfois il y a encore des sceptiques, j’essaie toujours de donner le maximum. J’ai revu mon but, cela fait du bien d’avoir un petit peu de réussite (rires). Sur le début de match, je touche la barre… il a fallu aller le chercher, jamais rien lâcher, garder confiance. Je remercie le ciel parce que je suis quelqu’un de très croyant, et (mardi) soir je pense qu’il y a eu un petit coup de pouce du destin ». »
Pour tout vous dire, on a cru un court instant qu’il allait remercier personnellement Deschamps de continuer à lui donner sa chance en dépit de la défiance du grand public et celle de son propre club. Il a préféré nous faire le coup de la bondieuserie. Rien de surnaturel pour autant mardi soir au stade de France. Giroud a fait du Giroud. Grosse présence aérienne (il a aussi touché la barre), de l’entrain défensif, et de l’adresse, même chanceuse. Mbappé, Dembélé, Martial, ou Lacazette peuvent bien aller défiler pour l’indépendance de la Catalogne si ça leur chante. Papa tient la maison, et il le sait. Avant ça, il nous avait encore sorti sa spéciale : la fameuse-réponse-qui-vaut-pour-l’équipe-mais-tiens-c’est-marrant-ça-s’applique-à-moi-aussi.
- Vous vous attendiez à un parcours aussi dur en qualifications ?
- « Le football est un éternel recommencement, toujours se surpasser, même quand les éléments sont contre nous, même quand il y a un élément de scepticisme, on est là pour mettre le bleu de chauffe. L’équipe de France, c’est avant tout ça, une solidarité, une détermination, avant notre qualité de jeu, ce soir on a montré qu’on en avait ».
- Vous comprenez ce scepticisme ?
- « Parfois oui, mais parfois on estime que les médias pourraient être plus derrière nous au lieu de se poser des questions, remises en question, interrogation, mais ça fait partie du milieu. Le foot c’est être prêt dans la tête, après les jambes tournent toutes seules ».
Du grand art. N’y voyez aucune malice, Giroud ne va pas s’excuser de marquer des buts non plus. Plus que six, et il rejoindra l’immense David Trezeguet. Est-ce que le football est prêt pour ça ? C’est à voir. Est-ce qu’il est prêt à ce que soit en finale d’une Coupe du monde ? Si on doit en passer par là pour être champions du monde, Giroud peut bien dépasser Thierry Henry, s’il le veut. Enfin, façon de parler. Un peu de dignité, tout de même.