France-Bulgarie: Au Parc en 93 et à Sofia samedi, Didier «ne souffle désormais qu'à 4-0 dans les arrêts de jeu»
FOOTBALL•Ce supporter historique des Bleus analyse avec recul la défaite mythique des Bleus face à la Bulgarie…Propos recueillis par William Pereira
L'essentiel
- Supporter historique des Bleus, Didier était présent au Parc en 93 lors de la défaite face à la Bulgarie et sera aussi au Stade Vassil Levski samedi soir.
- Il revient sur la défaite de 93 et comment elle a changé sa perception du football.
C’est une défaite dont on ne sait plus quoi raconter. C’est un match qu’on a présenté sous tous les angles. Alors avant le Bulgarie-France décisif pour la qualification à la Coupe du monde 2017, on s’est dit : « Pourquoi pas parler de tout ça à un type qui était au Parc des Princes en 93 et qui sera au stade national Vassil Levski samedi soir ? » Histoire d’évoquer la défaite, la place qu’elle prend dans la vie, ce qu’elle change de la perception de football, comment on la relativise…
Ce type, c’est Didier, recordman des caps en Bleus en tant que supporter, membre des « Irresistibles Français » et au cœur du virage auteuil lors de cette funeste nuit du 17 novembre 1993. Il nous a répondu depuis Sofia, où il est déjà sur place pour encourager la France.
Ou étiez-vous au Parc des Princes pour France-Bulgarie ?
J’étais en virage… Virage Auteuil. Le but, ça a jeté un grand froid. Tout le monde s’est tu, on est passé en mode muet. Pour vous dire, la sono du stade, toute la soirée c’était « L’Amérique » de Joe Dassin, je vous garantis qu’on ne l’a pas entendue à la fin du match.
Quel rang occupe cette défaite de 93 parmi les défaites amères des Bleus ?
Ah, ça a été l’une des plus grosses déceptions en tant que supporter, ça, c’est sûr. A deux matchs de la fin des qualifs, je crois qu’on n’avait pas perdu le moindre match, on s’y voyait déjà. Il y avait 99 % de chances pour qu’on passe et finalement c’est le 1 % qui l’a emporté. C’était improbable. C’était un gros coup derrière la tête.
C’était pire que les finales perdues en 2006 et 2016 ?
Oui, oui, sans hésiter. Evidemment c’est déplaisant de perdre une finale mais pour reprendre ma première réponse, en finale c’est du 50-50, donc forcément perdre ça devient une éventualité. Je ne vais pas dire qu’on s’y prépare mais c’est moins dur… Et puis il y a un parcours avant une finale, des souvenirs positifs. Quand on regarde l’Euro 2016 et la Coupe du Monde 2006, il y a du bon. Quand je suis parti en Allemagne pour le Mondial, on me disait « à dans une semaine ». Je suis resté un mois.
Le match de 1993 a changé quelque chose dans votre rapport à la défaite, dans votre manière de voir le football ?
Complètement. Même si je savais que dans le foot tout est possible, aujourd’hui si on mène 2-0 je ne me dis pas qu’on va gagner. Je n’arrive pas à être serein. Moi je ne souffle qu’à 4-0 dans les arrêts de jeu maintenant (il rit). D’ailleurs c’est drôle parce que les jeunes ne comprennent pas trop ça, ils se disent « c’est bon, 2-0 c’est gagné, c’est plié ». Après, il faut dire une chose. Quand on prend du recul avec les années, on relativise quand même un peu parce que finalement c’est aussi grâce à cette défaite qu’on gagne la Coupe du monde 1998.
Vous parlez des jeunes… Justement, vous leur transmettez ce souvenir douloureux de 93 ?
Non pas vraiment. On n’a pas trop envie de leur en parler. On leur dit qu’on y était, que c’était décevant et c’est tout. Et puis eux ne cherchent pas vraiment à en savoir plus sur ce match. Il n’y a pas de grande curiosité autour de cet épisode.
Et entre supporters ?
Non plus. On n’en parle pas. On parle de devoir gagner le match de samedi, éventuellement des barrages. S’il faut aller en barrages on ira.
Ça représente quoi, ce déplacement à Sofia ? Il y a comme un parfum de pèlerinage ?
Pour moi, c’est l’avant-dernier match de qualifications pour la Coupe du Monde 2018 qu’il faut gagner. Les Bulgares seront chez eux, ils seront motivés. Ils se serviront sans doute de ce match de 93 pour se motiver à nous battre parce que c’est un bon souvenir pour eux. Nous au contraire on doit s’en défaire et passer au-dessus. On doit oublier.
Finalement, ça vous embête pas qu’on y revienne toujours à cette défaite ?
Pour rester courtois, on va dire que c’est lassant (il rit) !