De notre envoyé spécial à Monaco,

Les jeunots monégasques n’ont pas fait le poids. Comme des générations de joueurs français avant eux, ils ont l’impression d’avoir regardé la Juventus les yeux dans les yeux mais sont sortis du terrain les fesses rougies, mercredi, en demi-finale aller de la Ligue des champions (0-2). Les Italiens vont aborder le match retour dans un canapé, chaussons aux pieds et journal à la main.

On ne peut pas dire qu’on ne l’avait pas vue venir, mais tout de même, cette équipe est toujours aussi bluffante de maîtrise. « C’est la meilleure qu’on ait rencontrée cette saison », concède avec admiration Bakayoko. Dans son genre, sa performance à Louis-II est une œuvre d’art. La preuve avec ces quelques observations, qui nous font dire que la Juventus est clairement injouable.

Ça faisait des lustres que Monaco n’avait pas été muet à la maison

L’ASM qui ne marque pas à Louis-II ? Un an et demi que ça n’était pas arrivé mes petits potes. La dernière fois, c’était en novembre 2015, contre Anderlecht (0-2, déjà…), en phase de poule de la Ligue Europa. Entre-temps, 42 matchs disputés, et des buts en veux-tu en voilà, donc quelques volées mémorables. Mais la Juve, c’est pas Lorient, c’est pas Montpellier, c’est pas Manchester City… Alors vous me remballez vos Mbappé et Falcao et vous laissez faire les pros. « Pour obtenir des résultats, il faut savoir faire des sacrifices, sur le plan offensif, mais aussi défensif, dit Allegri. Les joueurs l’ont fait. » Business as usual.

On est parti pour un nouveau record, non ?

Dans la lignée du premier point, un autre chiffre qui fait froid dans le dos : cette saison, la Juventus, c’est deux buts encaissés en 11 matchs en Ligue des champions. Qui dit mieux ? Personne, évidemment. On peut se tromper - surtout quand on écrit son papier à 3h du mat’- mais d’après nos recherches, les Italiens battront un nouveau record s’ils remportent la compétition en en restant là. Ça fait 10 piges (ou tout comme) que Chiellini, Bonucci et Barzagli jouent ensemble, qu’est-ce que vous voulez faire contre ça ?

Sérieux, Gigi Buffon…

On est d’accord, les gardiens ont une espérance de vie plus longue que le commun des joueurs de foot. Mais quand même. Ce Gigi Buffon est hallucinant. A 39 ans, il est toujours au sommet. Mercredi encore, il sort une reprise à bout portant de Mbappé, il impressionne tellement Falcao que le Colombien préfère lui faire une passe sur un face-à-face et il nous sort la même claquette sur une tête de Germain que contre Zizou en finale de la Coupe du monde 2006. Et le pire, c’est qu’on l’aime d’amour. Insupportable.

« Gigi reste le numéro 1 mondial, estime son coach. Il a été très costaud. Il l’avait déjà été contre Barcelone. Comme le font les grands joueurs, il est décisif aux moments importants. » Il va vraiment partir après le Mondial 2018, vous croyez ?

Cette capacité de Chiellini à ne pas prendre de rouge…

Déjà, il maîtrise comme personne l’art d’accrocher un joueur juste assez pour l’empêcher de jouer mais pas trop pour éviter d’être sanctionné. Mais même quand il est dépassé et qu’il emploie les grands moyens, il s’en sort toujours. Le mec se jette par terre pour arrêter le ballon de la main (cf le quart de finale en 2015) ? Jaune. Il met un coup de coude à Falcao ? Pareil.

On a regardé, en 15 ans de carrière, le bonhomme n’a pris « que » sept cartons rouges, clubs et sélection italienne compris - si le site footballdatabase ne se trompe pas. Vu son fonds de commerce sur un terrain, c’est un exploit.

Si Higuain s’y met en coupe d’Europe…

D’une efficacité folle en championnat, l’Argentin avait toujours eu du mal en Ligue des champions. Surtout quand ça comptait. En 24 matchs à élimination directe, il n’avait jusque-là inscrit que deux buts. Et bien voilà son total doublé, au meilleur des moments.

« Je suis toujours resté calme, a-t-il assuré, tout sourire, après la rencontre. J’ai toujours senti la confiance de tous, celui qui travaille finit toujours par être payé de retour. » Voilà qui ne va pas aider les adversaires de la Juve, en tout cas.