Chelsea: Mais c’est quoi le secret d’Antonio Conte, aka le nouveau «meilleur coach du monde»?
FOOTBALL•Les méthodes de l’entraîneur italien font l’unanimité partout où il passe…Nicolas Camus
On avait émis l’idée pendant l’Euro, après la démonstration de l’Italie contre l’Espagne en 8e de finale. Venant de nous, ça ne valait pas grand-chose, mais si c’est Guardiola himself qui le dit… « Antonio Conte est sans aucun doute l’un des meilleurs, peut-être le meilleur, du monde en ce moment, assure Pep. C’est un entraîneur. Quand vous voyez ses équipes, cela n’a pas d’importance que ce soit Sienne, la Juventus, l’Italie ou Chelsea. On voit sa marque dans ses équipes ».
aCet éloge date du 2 décembre dernier, à la veille du match entre Manchester City et Chelsea. Le lendemain, le Catalan se faisait taper à la maison (1-3) lors d’un match qui n’a fait que confirmer que Conte était décidément un coach hors-norme. En passe d’établir un nouveau record de 14 victoires d’affilée en Premier League ce mercredi soir sur la pelouse de Tottenham, il a réussi partout où il est passé depuis ses débuts en Série B à Arezzo, en 2006 - exception faite de ses quatre mois sur le banc de l’Atalanta fin 2009.
Mais alors, c’est quoi le secret du Mister (perfect) ? A écouter les joueurs passés sous ses ordres, ça pourrait se résumer en deux axes : exigence et capacité à féderer. « Il nous fait travailler dur mais les gens l’aiment, dit Diego Costa dans Le Parisien du jour. Parfois, vous avez des coachs qui veulent être les chefs, mais cet entraîneur-là est plus sympa et proche de nous. »
Le tour de force est tout de même impressionnant. L’ancien capitaine de la Juve est donc un entraîneur qui arrive à se faire unanimement apprécier par des joueurs qu’il martyrise pourtant jusqu’au malaise vagal. On exagère ? A priori non, si l’on en croit ce que nous raconte Gaël Genevier.
Ce Français, formé à Lyon mais qui a fait toute sa carrière en Italie dès 2003, a expérimenté la méthode Conte à Sienne lors de la saison 2010-2011. « Au début de la saison on courait énormément, on faisait beaucoup d’efforts, alors on se plaignait. Mais quand au bout d’un moment tu vois que les résultats suivent, que tu vas plus vite que les autres, que tu es mieux organisé qu’eux, et bien après tu le fais avec plaisir. Ça correspond à son idée du foot », synthétise l’actuel joueur de Lumezzane, en 3e division.
aBlessé lors des cinq premiers mois, ce dernier n’a ensuite joué qu’un seul match de février à juin. Pas franchement une saison mémorable, quoi. Il n’a pourtant que du bien à dire du coach. « Il est toujours respectueux, il traite tous les joueurs de la même façon, et ça c’est important dans un vestiaire, explique-t-il. Tout le monde se sent titulaire en puissance. Il arrive à transmettre ce qui a fait de lui le capitaine de la Juve pendant tant d’années : son envie de gagner, de soigner chaque détail. Il fait vraiment attention à tout, il ne laisse jamais rien au hasard. Ça n’existe pas chez lui. Il est précis, attentif. C’est ça qui fait sa force. »
« S’il faut faire une série de 50 mètres en 10 secondes et que tu les fais en 11, tu te fais détruire »
Capable de rester plus d’une heure à faire travailler son groupe sur une unique phase de jeu jusqu’à ce qu’elle soit parfaite, Antonio Conte contrôle TOUT. « Si tu prends du poids, c’est une amende. Si tu ne fais pas les exercices comme il le veut, il se met à côté et reste pour surveiller. S’il faut faire une série de 50 mètres en 10 secondes et que tu les fais en 11, tu te fais détruire », énumère Genevier… avec toujours de l’admiration dans la voix.
Autre constante qui se dégage quand on parle du Mister, son énergie débordante. « Il y a une bête en lui », disait récemment Andrea Pirlo, avec qui il a roulé sur la Série A de 2011 à 2014. Debout dès 4 heures du matin pour bosser, le bonhomme ne s’arrête jamais. Il n’est pas le seul coach dans ce cas, mais lui parvient à transmettre ça de manière spectaculaire. A l’entraînement comme dans sa zone technique pendant les matchs, où il passe son temps à crier, s’exciter tout seul, haranguer les supporters ou engueuler ses joueurs. Quitte à agacer fortement José Mourinho ou fêter les buts avec un poil trop d’enthousiasme, parfois.
« Quand on voit tout ce qu’il fait pour nous, on a envie de lui rendre, résume Gaël Genevier. Et quand un entraîneur est satisfait, ça devient plus qu’un entraîneur. C’est presque un autre coéquipier, avec lequel on partage plein de choses. » Allez, on vous laisse méditer là-dessus.