Dijon: Maillot de Pastore, Porsche Carrera, tchatche avec l’arbitre, Fouad Chafik raconte sa Ligue 1
FOOTBALL•Le latéral marocain, qui a signé pro sur le tard, découvre l’élite cette saison…Propos recueillis par Julien Laloye
Fouad Chafik n’aurait jamais dû connaître la L1. Une longue carrière en amateur, un premier contrat pro à 25 ans, quatre ans à bourlinguer dans des équipes de milieu de tableau en L2, des touches non abouties avec Saint-Etienne, et soudain, un petit miracle. Dijon qui se manifeste l’année de sa remontée dans l’élite. Ce milieu de formation, reconverti arrière-droit (très) offensif ne réfléchit pas longtemps. Taulier du poste dans le onze d’Olivier Dall’Oglio, Chafik raconte sa découverte de la L1 avant le choc face à Nice, dimanche à l’Allianz Riviera.
Entrons directement dans le vif su sujet. C’est si bon que ça la L1 par rapport à la L2?
J’ai plutôt été surpris en bien, franchement. Enfin surtout au niveau de l’intensité. En CFA, t’as des bons joueurs de ballon aussi, moi j’étais à Valence, et quand tu joues la réserve de Lyon ou Lyon La Duchère, il y a du niveau. La différence majeure, c’est peut-être la vitesse de jeu. Quand on perd le ballon dans notre moitié de terrain, ça va très vite, beaucoup plus vite.
C’est qui le meilleur joueur que vous avez croisé ?
Sans discussion Lacazette. Il était sorti à la mi-temps et on s’était regardés avec les autres défenseurs en se disant « ouf ». Dans les déplacements, les contrôles, c’était au-dessus. De très loin. On en a reparlé après et tout le monde était d’accord.
Le plus décevant ?
Di Maria. Je m’imaginais un joueur énorme, ne serait-ce que techniquement. Rien à voir avec ce que je le voyais faire avec le Real ou même l’an passé. Je m’étais dit de ne pas me jeter, et d’y aller un peu plus fort dans l’impact physique. Franchement, on ne l’a pas trop vu, je l’ai bien pris.
Un match où vous ne vous êtes pas senti au niveau ?
Contre Angers. Je me rappelle j’avais Toko Ekambi en face de moi, et dès les premiers duels, j’ai compris que la soirée serait longue. Si t’inverses pas la tendance tout de suite c’est mort, tu te fais manger tout le match. J’ai essayé de réagir, de mettre plus d’impact, mais je n’avais pas vraiment réussi.
Ca chambre un peu sur le terrain ?
C’est assez respectueux dans l’ensemble entre les joueurs. Par contre ça parle beaucoup plus avec l’arbitre. Je trouve qu’on est beaucoup plus protégés que dans les niveaux inférieurs, mais il y a plein de mecs qui passent leur temps à aller discuter chaque coup de sifflet. Du coup, on s’y est mis aussi, on envoie les mecs expérimentés, comme Flo Balmont.
Le plus beau maillot que vous avez gratté ?
Moi, c’est pas trop mon truc, les maillots de stars, je préfère échanger avec des joueurs que j’ai connus les années passées. Mais je fais l’effort pour mon petit frère, qui me tanne tous les week-ends. J’avais réussi à avoir celui de Pastore. Très sympa Pastore. Je lui avais demandé pendant le match, et il s’en est rappelé avant de rentrer aux vestiaires à la fin du match. C’est lui qui est venu vers moi pour me le donner. J’étais touché.
La première interview avec Laurent Paganelli, c’est insoutenable ?
Ça y est je l’ai fait. Samedi dernier contre l’OM, à la mi-temps. Bon, ça a duré 15 secondes tellement il faisait froid, il n’a pas eu le temps de me piéger. On n’a pas encore fait de dimanche soirs mais on a été plusieurs fois sur Canal contre les grosses équipes. C’est sûr que t’as plus de caméras depuis qu’on est montés.
Vous avez déjà effacé les tweets d’il y a 5 ans où vous insultez la moitié des joueurs parisiens ?
Alors je n’ai pas de compte twitter, mais j’ai toujours fait attention à cet aspect de ma carrière. Sur Facebook et Instagram, je ne raconte pas n’importe quoi, j’en profite pour échanger avec nos supporters. Les purs et durs, ils sont une vingtaine à venir nous voir régulièrement à l’entraînement, on les connaît presque personnellement.
Et les filles, elles sont nombreuses ? Ça drague un peu depuis cet été ?
Disons qu’il y en a un peu plus qu’avant. On reçoit quelques messages un peu olé olé, mais je ne donne pas suite. Combien depuis le début de la saison ? Je ne compte pas, mais quelques-uns. 50 ? Non, quand même pas (rires).
Qui a la plus belle voiture du parking à Dijon ?
C’est Medhi Abeid. Il a une Porsche Carrera. Moi j’ai une Audi A4, qui passe partout, tranquille. La plus pourrie ? C’est un jeune qui a une des premières Clio. Mais il vient de signer son premier contrat pro, je ne dénonce pas (rires).
Vous sortez faire la fête après les victoires (ou les défaites, chacun son truc) ?
Globalement, ça ne sort pas trop à Dijon. Il y en a quelques-uns qui vont en boîte après les matchs, moi ça fait longtemps que j’ai arrêté ça. On se fait quelques sorties entre équipiers, du karting ou des repas à la maison, rien de fou.
C’est quoi l’objectif pour après, quand on joue à Dijon ?
On veut tous signer dans un club de haut de tableau, ou aller en Premier League ou en Espagne. Mais on ne va pas tous y arriver. A Dijon, il y a trois gars qui se détachent. Reynet, aux cages, a fait des matchs énormes. Medhi Abeid au milieu est très fort, et Diony devant.
Et Martin Martin, il joue toujours au foot ?
Martin c’est monstrueux techniquement, le meilleur joueur du club, sans problème. Il avait fait une super préparation, on était dégoûtés pour lui de cet enchaînement de blessure.
Ce week-end, vous rencontrez Nice, le leader. Vous avez peur de prendre une rouste ?
C’est un super match à jouer. On préfère affronter les gros parce que c’est facile de se sublimer. Tous les observateurs sont d’accord pour dire qu’on joue bien au foot, mais les fautes de concentration nous tuent. On a perdu beaucoup de matchs dans les dernières minutes et ça pèse au classement.