Euro 2016: Est-ce que la France s’est rapprochée de l’Allemagne depuis le Mondial 2014?
FOOTBALL•Les Bleus veulent leur revanche du quart de finale perdu contre les Allemands il y a deux ans au Brésil...Nicolas Camus
L’avantage d’avoir perdu contre les Allemands en quarts de finale du dernier Mondial, c’est qu’on va un peu arrêter de parler du traumatisme des années 80 pour se concentrer sur des choses beaucoup plus utiles avant l’affrontement de jeudi. « Ce match, on l’a encore en travers de la gorge. C’est le bon moment pour remettre les pendules à l’heure », dit Sissoko. On est bien d’accord avec toi Moussa, battre cette équipe qu’on ne bat jamais quand ça compte en demi-finale d’un Euro à la maison, ce serait un pied d’enfer.
Pour en arriver là, il faudra que les Bleus montrent qu’ils ont progressé ces deux dernières années. Tous étaient partis du Brésil avec ce sentiment qu’il « ne manquait pas grand-chose » face aux futurs champions du monde, comme le résume Giroud. L’ont-ils, maintenant, ce petit quelque chose en plus ? Peut-on dire qu’ils se sont rapprochés de ceux qui restent la référence européenne actuelle ? Peut-être bien, même si cela tient autant à la force française qu’à une Allemagne un poil amoindrie.
Les forces en présence : Non (enfin, pas vraiment)
L’expérience
La moyenne d’âge des Allemands a beau être plus bien plus basse que celle des Français (26,2 ans contre 28,2 si l’on prend les deux 11 probables), leur vécu est plus important. Ensemble depuis l’Euro 2012 (voire le Mondial 2010 pour certains), hormis les petits nouveaux Kimmich, Hector et Draxler, les joueurs de Löw ont connu une demi-finale d’Euro et une victoire en Coupe du monde.
Pas mal comme expérience, surtout comparée au groupe constitué par Deschamps depuis septembre 2012. Celui-ci ne peut s’appuyer que sur un quart de Coupe du monde et deux ans de matchs amicaux - pendant lesquels il a battu l’Allemagne, certes. Surtout, ce groupe a perdu au passage quatre joueurs à l’expérience du haut niveau indéniable avec Benzema, Valbuena, Varane et Sakho.
La qualité de l’effectif
Le meilleur gardien du monde, une défense centrale qui n’a pas d’égal en Europe, une variété impressionnante au milieu… Il n’y a qu’en attaque où l’Allemagne peut jalouser la densité des Bleus. C’est sur ce dernier point que la France a explosé ces deux dernières années. Suffisant pour rivaliser ? C’est encore un peu tôt, sur le papier en tout cas. Depuis l’été 2014, huit Allemands ont disputé au moins une demi-finale de Ligue des champions avec leur club, contre cinq Français.
Les éléments de contexte : Oui
La dynamique offensive
Hormis le récital contre la Slovaquie (3-0), l’Allemagne a avancé à petits pas dans cet Euro. Comme les Bleus, jusqu’à ce quart de finale de haute volée. Certes, ce n’était que l’Islande, mais Giroud, Griezmann et Payet sont en feu. Ils marquent autant qu’ils se font marquer depuis le 10 juin, et sont les trois hommes les plus décisifs toutes équipes confondues dans la compétition. « Cette équipe a une dynamique, une force et de très beaux joueurs, se méfie Joachim Löw. Les trois titulaires sont impressionnants, et sur le banc il y a Martial, Coman… Cette équipe est très forte. » Si l’on regarde le secteur offensif, la France a désormais un plus gros potentiel que l’Allemagne. Cela faisait quelques années que ce n’était pas arrivé.
Les absents côté allemand
Il faut bien prendre ça en compte avant cette demi-finale. La France a perdu des joueurs avant l’Euro et prit l’habitude de composer avec. Pour l’Allemagne, c’est arrivé pendant. Gomez et Khedira sont blessés, Schweinsteiger incertain, Hummels suspendu. Ça fait beaucoup. Löw va devoir faire avec Höwedes ou Mustafi derrière, Weigl ou Can au milieu et Gotze, sorti de l’équipe après deux matchs de poule catastrophiques, en attaque.
On est chez nous bordel
Demandez qui est favori de cette demi-finale, les Français vous diront l’Allemagne pour tout ce qu’elle représente depuis six ans et les Allemands vous répondront la France, notamment parce qu’elle est chez elle. « A Marseille, les supporters seront superbes », sait Löw. Le public pousse de plus en plus fort derrière les Bleus à mesure que l’Euro avance, et si ce n’est pas un gage de réussite - comme le fait d’avoir remporté nos deux dernières compétitions jouées à la maison -, ça peut avoir son importance.
« Cette équipe ne fait pas tout bien mais elle a du cœur, elle va au bout des choses quand elle se sent soutenue », estime Deschamps. On peut se tromper, mais on sent plus les Bleus capables de gravir une montagne à 21h au Vélodrome que sous le cagnard d’un début d’après-midi au Maracana. Même si les Allemands sont bien du genre à couper le son à minuit alors qu’on commence à peine à s’ambiancer.
C’est bien gentil, mais c’est quoi la conclusion de tout ça ?
Il y a objectivement plus de raisons d’espérer qu’il y a deux ans. « L’Allemagne reste l’Allemagne, la meilleure équipe d’Europe et du monde », comme le souligne Didier Deschamps, mais s’il y a bien un moment où la prendre c’est maintenant.
« Par rapport à il y a deux ans, on a progressé à tous les niveaux, estime Sissoko, qu’on n’est toutefois pas obligé de croire en ce qui concerne la défense. Aujourd’hui, je sens qu’on est une équipe plus sereine, on a gagné en maturité, on se connaît mieux et ça se voit sur le terrain. » Si on ajoute à ça l’engouement d’une compétition à domicile et une attaque en pleine bourre, on peut dire que les Bleus, s’ils n’ont pas rattrapé les Allemands, n’ont jamais été aussi proches.