Euro 2016 : Comment les fans irlandais vont tenter de rentrer au Parc OL quand même
FOOTBALL•Officiellement, la délégation irlandaise ne peut compter que sur un peu plus de 4 000 billets pour le match contre la France dimanche…Julien Laloye (avec J.L.)
A Lyon,
Dimanche, il faudra aux Lyonnais une résistance admirable pour ne pas céder aux provocations visuelles. Autant de supporters avec des maillots verts dans leur ville, même s’ils sont roux et qu’on ne comprend pas un mot de ce qu’ils racontent, ça risque de donner envie aux gones pur jus de se jeter du haut d’un pont, et entre la Saône et le Rhône, ils ont leur choix. Ce sera pire encore pendant le match, puisqu’à la louche, les trois quarts des Irlandais qui auront réussi à trouver le chemin de Lyon entre les fûts de bière débarqueront sans billet pour la rencontre.
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C’est un comble pour les suiveurs qui ont séduit le pays de juin, entre paquito boulevard de Clichy et sérénade collective à une jolie bordelaise, mais pour l’instant, ils partent avec 4 604 places en poche, et pas une de plus, quand ils étaient entre 15 000 et 20 000 lors des trois matchs de poules. Deux réflexions à ce constat : Soit il y a eu maldonne quelque part, soit les mecs croyaient tellement peu en leur équipe qu’ils n’ont pas pensé un instant pourvoir sortir d’un groupe comprenant la Belgique, l’Italie, et la Suède. A priori, on part sur la deuxième explication, selon les Irrésistibles français, qui gèrent leur quota de place pour toute la compétition
« Les supporters qui voulaient voir tous les matchs de leur équipe au moment de l’achat de billet devaient cocher l’option « suivre mon équipe ». Cela permettait de garantir une place jusqu’à la finale, quel que soit le lieu des matchs, sachant que les billets sont remboursés par L’UEFA à partir du moment où l’équipe que vous suivez est éliminée. Ça marche comme ça depuis 2006, c’est bizarre que les Irlandais aient été surpris ».
Est-ce que cela veut dire que le stade sera à 90 % pour les Bleus ?
L’émoi est parvenu jusqu’à Versailles, le camp de bases des joueurs irlandais, qui n’auraient probablement pas battu l’Italie sans un stade entièrement acquis à leur cause à Lille plus tôt dans la semaine. « Je suis vraiment déçu pour les supporters irlandais car on sait tous qu’ils ont fait beaucoup d’efforts et au final, on a peu de billets, regrette Shane Long. Ce n’est pas normal mais je suis persuadé qu’ils seront autour du stade pour essayer d’obtenir des places. Mais même s’ils sont 5 000, ils vont continuer à faire beaucoup de bruit. »
L’attaquant de l’Eire met le doigt sur la marge de manœuvre restante pour les 20 000 à 30 000 membres de la « Green Army » attendus à Lyon dimanche. Le fameux marché noir favorisé par la sociologie des détenteurs de billets, qu’on peut classer comme suit.
- Les supporters français qui ne vendraient le leur pour rien au monde. Mercredi, Noël Le Graët évoquaient 30 000 Français présents au Parc OL, dont 10 000 appartenant aux clubs de supporters soutenus par la Fédération. Ceux-là ne lâcheront rien.
- Les supporters étrangers qui avaient parié sur leur équipe. Des trucs, des Suédois, et même des Suisses ont pu acheter des places en pensant que leur équipe jouerait son huitième de finale à Lyon. Ceux qui n’ont pas demandé à L’UEFA de rembourser leurs billets peuvent être une cible de choix pour les Irlandais.
- Les supporters « neutres » qui sont du coin (et ouverts à la discussion). Les opportunistes se trouvent ici, sans doute, et on risque de voir pas mal de vendeurs à la sauvette près de Décines dimanche, alléchés par la possibilité de vendre leur place de cinq à dix fois leur prix d’achat à des Irlandais désespérés.
Gérant d’un des deux pubs irish de Lyon, Adrian Walsh connaît à lui seul près de 500 Irlandais venant spécialement à Lyon pour l’occasion. « Ce sera une véritable chasse aux billets jusqu’à dimanche après-midi car je pense qu’on sera plus de 25.000 à Lyon ». Arrivé dans le Rhône dès vendredi avec un billet réservé de longue date, Brandon assure avoir rencontré dans le train l’un de ses compatriotes prêt à mettre 600 euros pour assister à ce 8e de finale tant attendu à Dublin. Devant le Parc OL samedi après-midi, deux supporters du Trèfle se disaient eux prêt à mettre entre 200 et 3 000 euros par tête pour voir le match : "Ce matin, on nous en a proposés à 400, j’ai dit non. Mais on est de vrais supporters et on a déjà payé 200 euros de train pour venir ici alors j’ai confiance". Sur Viagogo, il restait samedi quelques dizaines de place, dans une fourchette oscillant entre 300 et 1 000 euros environ.
Cela voudrait dire, évidemment, que le rapport de force entre supporters pourrait s’inverser en faveur de l’Irlande au dernier moment, ce qui n’est pas tout à fait l’idée qu’on se fait d’un Euro à domicile. Mais du côté des Irrésistibles français, on est prêt à être beaux joueurs : « S’ils sont 4 000 c’est sûr qu’on va leur mettre une claque niveau ambiance. Mais franchement avec ce que les fans irlandais ont montré depuis le début de la compétition on préférerait qu’ils soient plus nombreux, quitte à ce qu’ils mettent un peu minables. Au moins, on aura assisté à un truc de fou dans les tribunes ».
« Ce n’est pas difficile de manger le public français à chaque fois, chambre Adrian Walsh. Il est super timide, c’est même gênant. Une fois que vous avez chanté dix fois la Marseillaise, vous n’avez plus rien à dire. Même avec 5000 supporters, on gagnera le match des tribunes ! ». Tant que les Bleus gagnent l’autre, le seul qui compte vraiment, on devrait s’en remettre.