A Clairefontaine,

L’UEFA est assez critiquée de partout et par tout le monde depuis le début de l’Euro pour qu’on ne lui rende pas l’hommage qu’elle mérite sur la façon dont elle a pondu le calendrier. Trois jours de récupération en plus pour le pays hôte en huitièmes de finale, c’est presque au niveau de la démagogie blatérienne des grandes années à l’étage au-dessus. Pour ceux qui pensent que c’est le fruit du hasard, gros naïfs que vous êtes, on vous raconte comment ça se passe.

Le pays organisateur est forcément placé tête de série de la poule A avant le tirage au sort. C’est donc en toute connaissance de cause que l’UEFA a fourni une phase finale sur mesure à l’équipe de France : huitième de finale après six jours de récupération pépère, quand l’adversaire en a deux fois moins, avant de foncer sur le vainqueur d’un choc au somment entre deuxièmes de poule en quart de finale. Heureusement que l’Angleterre a été à la hauteur de sa mauvaise réputation pour perturber ce bel ordonnancement, ça aurait fait vraiment trop louche sinon.

Revenons à nos moutons. Le coup des trois jours de récupération en plus. Même Guy Stéphan a eu du mal à défendre l’indéfendable. « C’est un avantage, je ne vais pas vous dire le contraire, normalement oui, trois jours ça compte dans une compétition. Ils ont démarré plus tard que nous aussi. Tout le monde ne peut pas jouer en même temps dans un Euro à 24 équipes, malheureusement, il y en a qui sont obligés de jouer un peu après les autres pendant la phase de poule ». Pour vous donner une idée de scandale, imaginez un peu un 8e de finale de C1 entre le PSG et Chelsea avec trois jours de récup pour l’un et une semaine pour l’autre. Proprement impensable.

Serait-ce à dire que les Bleus ont déjà gagné ? Rapide état des lieux : la France a joué dimanche dernier en trottinant et en faisant tourner parce qu’elle était déjà qualifiée. L’Irlande a joué mercredi un match au couteau et elle a dû se dépouiller jusqu’à la 85e minute pour marquer le but de la qualification. Ajoutez que le coup d’envoi est prévu pour 15h, qu’il peut faire un cagnard du diable à Lyon, on comprend bien que les Irlandais partent de très loin.

Il suffit de jeter un œil au programme des Bleus cette semaine

• Décrassage tranquillou lundi pour les titulaires
• Petits jeux de reprises mardi en fin d’après-midi
• Décalage progressif de l’entraînement pour le synchroniser avec l’heure du match
• Travail à part sans pression pour les joueurs légèrement touchés (Rami, Giroud)

Guy Stéphan : « On a joué trois matchs en neuf jours, des matchs qui se sont joués dans les dernières minutes, cette semaine était importante pour récupérer physiquement ». Dans l’autre camp, Martin O’Neill, préfère en plaisanter : « Ça semble disproportionné pour la récupération entre deux équipes, et ça peut devenir très important. Mais je comprends que le pays hôte soit favorisé. Si la compétition était en Irlande, je ferais exactement la même chose. Les autres équipes joueraient toutes les nuits et nous ne jouerions pas pendant un an ».

Sont bien gentils ces Irlandais, décidément. Mais on compte sur eux pour nous sauter à la gorge d’entrée quitte à piocher en deuxième mi-temps. Dans l’Equipe, Lizarazu expliquait avant la Suisse que dans une situation comparable, les Bleus de 98 avaient souffert du manque de rythme contre le Paraguay en huitièmes car certains étaient restés dix jours sans jouer. Ce qui peut expliquer que la France ait dû attendra la prolongation pour battre Chilavert.

« Le fait d’être qualifiés plus tôt nous amène plus de récupération mais des exemples par le passé ont montré que beaucoup de temps pour se préparer, cela n’entraînait pas toujours une bonne performance », prévient Stéphan. A choisir, on préfère quand même notre place à celle des Irlandais.