Alors que ses supporters s’illustrent avec fracas dans le centre-ville de Marseille depuis 36 heures, l’Angleterre a, elle, mollement commencé son Euro 2016 contre la Russie samedi (1-1), au Stade Vélodrome. Pourtant poussés par une enceinte marseillaise remplie aux trois quarts de supporters rouges et blancs archi-bruyants, les Britanniques se sont laissés piéger par des Russes bien faiblards. Et tout ça les fait sérieusement chuter dans la liste des favoris. Explications.

Ok ils ont une attaque de feu sur le papier…

Clairement, cette « nouvelle » équipe d’Angleterre (seuls Rooney et Hart étaient là en 2012), fait saliver. Jamie Vardy, l’attaquant du miraculeux Leicester et Harry Kane, la révélation de pointe de Tottenham, sont les meilleurs buteurs de Premier League. Avec ça et la vitesse des Sterling et Lallana, l’Angleterre avait de quoi bouffer la Russie. Ce qu’elle a fait en première mi-temps à Marseille, approchant les 70 % de possession de balle.

En français : « Le problème de l’Angleterre, ce n’est pas les joueurs, qui ont bien joué hier. C’est le coach et les managers, qui sont très pessimistes quand ils font des changements. »

Sauf que Kane tire des corners et Vardy ne joue pas…

Mais malgré cette domination, il a fallu attendre la 72e minute pour voir les Anglais débloquer le score. Akinfeev n’a certes pas résisté au coup franc puissant de Dier en pleine lucarne (73e). Mais avant ça, ce sont une quinzaine d’occasions qui sont venues se crasher, dont six dans les bras du portier moscovite aux 86 sélections. Pourquoi Roy Hodgson n’a-t-il pas fait rentrer Jamie Vardy ? Bon, parce qu’il le garde au chaud pour la suite, peut-être. Mais alors pourquoi faire tirer les corners par Kane et ne pas utiliser son mètre 88 dans la surface ? Le choix du sélectionneur laisse pantois. Quant à Sterling, dont on connaît la vitesse, son score aux 100m a été samedi soir inversement proportionnel à son pragmatisme. « Notre équipe dépend beaucoup des individualités, pour exploiter les qualités des joueurs, s’est justifié Hodgson, après coup. On pensait que c’était la meilleure configuration offensive mais on peut changer ça très rapidement ». Avec Marcus Rashford et Daniel Sturridge sur le banc, le sélectionneur a de quoi faire mieux.

Ok ils ont survolé les qualifications…

C’est ce qui fait d’eux des favoris, avec l’Allemagne, l’Espagne et la France. Les Anglais n’ont perdu aucun match sur leurs 10 rencontres de qualification. Ils ont marqué 33 buts et n’en ont encaissé que trois. Seules cinq équipes avaient déjà réalisé un carton plein en éliminatoires d’un championnat d’Europe. La performance n’est donc pas anodine et donne quelques certitudes aux coéquipiers de Rooney pour cet Euro 2016.

Sauf qu’ils n’en font rien d’habitude…

Le problème avec les Three Lions, c’est que leur meilleure performance à l’Euro, une demi-finale, date de 1996. Il faut même remonter à 1966 pour trouver un titre, en Coupe du Monde cette fois (chez eux). Au dernier Mondial au Brésil en 2014, ils n’ont même pas passé les poules. Et lors du dernier Euro, ce sont les Italiens qui les ont renvoyés Outre-Manche aux tirs au but. Alors d’accord l’équipe est renouvelée mais ne nous demandez pas de miser sur eux les yeux fermés.

Et Rooney dans tout ça ?

Entre le capitaine socle et le trop vieux génie, on ne sait pas trop où ranger l’attaquant mancunien. Le meilleur buteur d’Outre-Manche avec 50 buts en sélection était « un peu fatigué » hier, a avoué Hodgson. Mais en fait, ça ne s’est pas trop vu. Placé en milieu de terrain, le trentenaire a fait le taf, se procurant au passage trois occasions. Avant de sortir, remplacé par Wilshere, sa reprise du centre de Rose repoussé in extremis, est renvoyé de peu par Akinfeev sur la barre transversale (71e).

En Français : « Pour tous ceux qui ne veulent pas voir Rooney dans l’effectif, regardez sa performance hier, et ce qui est arrivé quand il est sorti ». Un but russe à la 92e.