PSG: «Ibrahimovic voulait un parfum qui fasse mec, mais pas macho»
INTERVIEW•Olivier Pescheux, parfumeur chez Givaudan, a créé le parfum Zlatan, en étroite collaboration avant l’attaquant suédois…Propos recueillis par Julien Laloye
Ça lui est tombé dessus un peu par hasard. « J’étais au bon endroit au bon moment », sourit Olivier Pescheux. Habitué à travailler avec des marques prestigieuses – Dior, Lanvin, Yves Rocher, ce créateur de parfum de la maison Givaudan a été choisi par l’attaquant du PSG pour sortir la première fragance de la marque « Zlatan Ibrahimovic parfums ». Le nom de la bête ? « Zlatan », évidemment, désormais disponible pour le grand public en magasin après une sortie discrète chez Colette pendant l’été.
« A sneak preview of something I’ve been working on for the past 2 years. Something I’m very proud of. So stay tuned.. pic.twitter.com/IM2LI2LUng — Zlatan Ibrahimović (@Ibra_official) June 16, 2015 »
Créer un parfum pour Zlatan Ibrahimovic, c’est facile ?
Je m’attendais à bien pire (rires). Contrairement à d’autres célébrités qui ont l’habitude de tout déléguer et de s’intéresser au produit fin, il s’est beaucoup investi sur le développement. On sent quelqu’un en train de préparer l’après-carrière, il diversifie ses affaires, et quand on lui a proposé de lancer un parfum, il s’est dit « OK » et il nous a fait confiance à 100 %.
Comment s’est passée votre collaboration ?
Nous avons dû nous voir quatre fois en tout, à Paris ou à Stockholm. Il faut savoir que le processus d’élaboration d’un parfum est assez long, un an environ. On a d’abord défini ce qu’on appelle le profil olfactif, pour avoir une base de travail et savoir avec quelles odeurs il était à l’aise ou non. On a affiné au fur et à mesure en fonction de son ressenti et celui de ses proches avant d’arriver au bon équilibre. Il ne fait pas semblant de s’y connaître mieux que vous, mais j’ai senti un réel intérêt de sa part. Il a découvert la parfumerie et la mode en arrivant à Milan, où tout le monde est très looké.
Olivier Pescheux et Zlatan Ibrahimovic/Givaudan
Qu’est-ce qu’il recherchait ?
Pour commencer, Ibrahimovic voulait quelque chose de grand public, un parfum sophistiqué, mais pas trop. Sur le résultat en lui-même, une odeur qui fasse assez mec, mais pas hypermacho. L’idée, c’est qu’il n’a rien à prouver et qu’il n’a plus besoin de montrer sa virilité. Pour moi, c’était un défi, parce qu’on parle d’une marque vivante. J’ai sans doute été influencé par sa personnalité que j’ai essayé de retranscrire dans ce parfum.
Justement, vous connaissiez un peu sa personnalité avant de le rencontrer ?
J’avais lu son bouquin pour me faire une petite idée du bonhomme. J’ai été assez captivé en fait, parce que c’est écrit comme un polar. Il peut avoir une image un peu arrogante, hautaine, mais j’ai vu un personnage très différent de l’idée qu’on s’en fait.
C’est-à-dire ?
J’ai travaillé avec un type hypergentil, extrêmement poli avec tout le monde. Tenez, on a chez nous la mère d’Alphonse Areola en poste [gardien du PSG prêté à Bastia l’an passé, puis Villarreal cette saison]. A chaque fois qu’il venait, Ibrahimovic lui disait : « Alors comment va Alphonse, comment va Alphonse ? ». Je ne vous le dis pas parce que je suis obligé, mais c’était une belle expérience de bosser ensemble.
Finalement, que sent le parfum d’Ibrahimovic ?
Alors, il y a beaucoup de choses. Une première note citrus très fraîche, des teintes de bergamote, de mandarine, de pamplemousse… J’ai aussi voulu obtenir un accord vert pour rappeler le foot, à partir de l’odeur de gazon. Et pour finir un fond musqué, même un peu épicé. C’est un parfum sensuel qui lui ressemble, pas du tout un produit bradé, jusque dans la forme du flacon. Ibrahimovic est très exigeant sur la qualité dans tout ce qu’il fait, c’est en tout cas comme ça que j’ai perçu notre travail.