Bayern-Barça: Quand Luis Enrique «faisait la tambouille» au Marathon des sables
INTERVIEW•Patrick Bauer, le directeur de la course, raconte comment le coach du Barça a entretenu sa forme dans les dunes...Propos recueillis par Romain Baheux
Le possible triplé du Barça s’est -un peu- construit dans les dunes du Sahara marocain en 2008. Quelques mois avant de prendre en main la réserve du club catalan, son premier poste, Luis Enrique s’adonne à son autre passion, les courses d’endurance. Avec quelques potes, l’actuel entraîneur du FC Barcelone, opposé au Bayern Munich mardi en demi-finale retour de Ligue des champions après un succès (3-0) à l'aller, se frotte au Marathon des sables et ses plus de 200 km de désert. Directeur de la course, Patrick Bauer se souvient parfaitement de l'Espagnol et de son dossard 561.
Comment Luis Enrique s’est retrouvé à participer au Marathon des sables?
Il avait des potes qui étaient engagés dans l’épreuve depuis quelques années et ils l’ont entraîné dans cette aventure. A l’époque, on avait organisé une conférence de presse à Barcelone à laquelle il avait assisté. Le lendemain matin, j’ai acheté cinq-six journaux du coin et tout le monde parlait de sa venue chez nous. Les Espagnols avaient suivi ses performances dans le désert.
Quel coureur était-il?
Il était très affûté, c’est un bel athlète [il courait déjà des marathons]. Son objectif, c’était avant tout de finir cette course. Il a eu l’humilité d’aborder ça comme une première expérience, il voulait voir ce que le désert lui réservait au lieu d’annoncer un hypothétique classement final. Je l’ai vu courir, mais je l’ai aussi vu marcher. Comme tout le monde, il a eu des doutes, il s’est demandé s’il serait capable de passer la banderole de l'arrivée. Il courait en groupe avec ses amis et il y avait une belle cohésion entre eux. C’était émouvant de le voir rentrer dans cette petite famille plus habituée que lui à cette course. Lors des checkpoints, on les entendait venir de loin, lui et ses potes mettaient l’ambiance.
C’est comment un bivouac avec Luis Enrique?
Il s’est fondu dans la masse. Il était humble, gentil et souriant et n’a jamais rien demandé de particulier. Le soir, il faisait la tambouille comme tout le monde, faisait ses soins de pied et préparait l’étape du lendemain. Il y avait des fans de foot qui venaient le voir et il était toujours très abordable. Au briefing du matin, je pouvais lui faire une petite dédicace -«Tiens, on a un super joueur de foot avec nous. Salut Luis, comment ça va.»- mais ça n’allait jamais plus loin. C’était juste un petit clin d’œil, on ne mettait pas le projecteur sur lui, alors que c’est une star. Il était venu nous remercier à la fin de la course et m’avait dit que ça resterait un souvenir fort pour lui.
« Luis Enrique ran the Marathon des Sables in 2008. I think his Barca teams will be quite fit. — Matt Slater (@mattslaterbbc) May 19, 2014 »
Avez-vous gardé le contact?
Un petit peu. Je sais qu’il a envie de revenir, mais c’est difficile pour lui de se libérer avec toutes ses responsabilités et les matchs du Barça. Moi, ça me ferait très plaisir de le revoir. Je suis sûr que si je l’appelle et que je lui dis que je passe voir un match, il sera content de m’accueillir et de m’offrir des places en loge. Le Marathon des sables, ça crée des liens. Ses copains l’ont encore couru cette année et il les a suivis sur Internet. Il leur a sûrement envoyé des mails de soutien.
Si le Barça fait le triplé cette saison, ça sera un peu grâce au Marathon des sables?
Quand on est capable de faire cette course, on est capable de tout faire. Il était déjà très rigoureux et ça l’aide aujourd’hui. Ça a dû lui servir dans son management avec la force intérieure qu’il a retirée de cette expérience. Je suis content de voir ce que Luis a mis en place et la manière dont son équipe joue aujourd’hui, même si ça a été aux dépens du PSG. S’ils veulent avoir la même trajectoire, vous pouvez conseiller aux entraîneurs de venir courir chez nous (rires).