PSG-Barcelone: Marquer Messi pendant 90 minutes, c'est comment?
FOOTBALL•L'attaquant argentin est dans une forme exceptionnelle...Romain Baheux
Ils en parlent comme s'ils revenaient du front. Affronter Lionel Messi marque la vie de n'importe quel footballeur et alimente des récits teintés d'admiration et de souffrance. Avant les retrouvailles entre le PSG et le Barça mercredi soir en quart de finale de la Ligue des champions, deux hommes passés par la Liga, Pascal Cygan et Grégory Arnolin, racontent l'enfer d'un match face au quadruple Ballon d'Or.
Ouille, il m'a cassé les reins
L'Argentin cavale, et plutôt vite, tout le monde le sait. Mais plus que sa vitesse de pointe, ses victimes racontent surtout la rapidité de ses enchaînements et sa manie de tripoter la balle à quarante reprises sur 30 cm. «On s'attend à ce qu'il parte d'un côté avec une touche et il en fait plusieurs et repart subitement là où tu ne t'y attends pas du tout, explique Pascal Cygan, passé par Villarreal (2006-2009). D'une ligne de but à l'autre, Cristiano Ronaldo ira plus vite que lui mais Messi sera bien plus imprévisible, c'est d'un déroutant...» Dix ans que ça dure et personne ou presque n'arrive à anticiper les mouvements de la Pulga.
Mince, je lui prends comment la balle?
«C'est presque impossible de lui prendre le ballon, soutient Grégory Arnolin, ancien stoppeur de Gijon. Sa taille lui donne un centre de gravité très bas et pour les grands gabarits, c'est très difficile d'aller lui enlever dans les pieds. Il ne faut pas se jeter mais lui bloquer les possibilités de passes» Sur le sujet, Pascal Cygan cite spontanément un match de Copa del Rey en janvier 2008 au Camp Nou. Ce soir-là, le chauve passé par le Losc se fait expulser pour deux jaunes consécutifs à des fautes sur Lionel Messi. «Il te fait croire que tu peux y aller, que tu as le temps d'intervenir pour te donner l'envie de mettre le pied. Et là, c'est faute tellement il se retourne vite, souffle-t-il. Souvent, il n'y a rien à dire. Il tape bien la jambe, on ne peut pas l'accuser d'en rajouter.»
A l'aide les copains!
Petit conseil, ne vous disputez pas avec vos partenaires lors du tarot de la mise au vert, vous aurez besoin d'eux quand l'Argentin viendra tenter de vous humilier. «L'erreur, c'est d'aller sur lui au compte-gouttes. Un attaquant normal, une double prise est largement suffisant pour le neutraliser, estime Pascal Cygan. Lui, il faut être à deux, voire à trois, sinon il te donne le tournis.»
« Commentator on Messi's amazing touch. There are Class players There are world class and then there is Messi — Leo Messi (@messi10stats) April 11, 2015 »
Une fois le groupe d'assaut constitué, il ne suffit pas juste de balancer ses pieds dans tous les sens en espérant stopper le phénomène, auteur de trente-quatre buts en championnat cette saison. «Tu dois énormément communiquer sinon tu es mort, poursuit Grégory Arnolin. Il y en a un qui bloque les possibilités de passes, l'autre qui tente de l'emmener dans une certaine direction et le dernier qui intervient dans ses pieds. Et dès que l'un des trois se fait passer, il fait de suite l'effort pour revenir.» Bon, ça ne marche pas toujours comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous.
Mais comment il a mis ce but?
Ça y est, vous avez presque maîtrisé le bonhomme et vous préparez la manière dont vous allez vous en vanter auprès de vos potes. Et là, crac, Messi se décale et vous expédie une frappe parfaite dans le soupirail. «Ses tirs, ce sont des missiles téléguidés, se souvient l'ancien joueur de Villarreal. Ronaldo essaie juste d'attraper le cadre car il sait que sa puissance fera le reste. Lui, il sait à l'avance où il veut la mettre.» «C'est simple, ce sont des passes au but, enchaîne Grégory Arnolin. C'est super technique car il l'envoie pile où le gardien n'est pas. C'est impressionnant car on a l'impression qu'il fait ça sans trop forcer.» Le propre des génies.