FOOTBALLFrance-Brésil: Pourquoi Benzema et les autres viennent tous du triangle d'or de l'attaque des Bleus?

France-Brésil: Pourquoi Benzema et les autres viennent tous du triangle d'or de l'attaque des Bleus?

FOOTBALLBenzema, Lacazette, Fékir, Griezmann et Giroud sont nés à quelques kilomètres de distance…
Julien Laloye

Julien Laloye

Sur google map, l'attaque de l'équipe de France tient dans un triangle isocèle, à moins qu'il ne soit équilatéral, les maths ça a toujours été compliqué pour nous. Benzema, Lacazette, Fékir, Griezmann et Giroud sont nés et ont tous été formés - au moins jusqu’à 15 ans - dans un rayon de 100 kilomètres autour de Lyon. Et, hormis Griezmann, refoulé par l’OL pour sa petite taille, ils ont tous débuté chez les professionnels dans un club de la région. N’allez pas croire pour autant qu’il est aisé de partir sur les traces de l’attaquant élevé au bon grain rhônalpin: les druides locaux se passent la recette dans le plus grand secret depuis plusieurs générations.



«C’est plus un concours de circonstance qu’autre chose» s’amuse Roland Seux, conseiller technique régional et responsable du Parcours d'Excellence sportive à la Ligue régionale, qui voit tout de même quelques raisons à cette anomalie statistique. «Pour commencer, on est la deuxième Ligue en nombre de licenciés (200 000), ça fait un gros réservoir. Ensuite, il y a trois clubs pros implantés en Ligue 1, Lyon, Saint-Etienne et Evian, qui ont une grosse tradition de formation dans la région, sans oublier Grenoble. Enfin, il y a une série de seconds rangs de très bon niveau qui fournissent de bons joueurs pour les pros». Voilà pour la perspective générale. Le reste appartient un peu à la science des éducateurs, et beaucoup à un quadrillage régional qui ferait la fierté des plus grandes écoles militaires.


Le 69 en force.

L’OL est un exemple en la matière: 17 salariés consacrés au seul recrutement, un référent par district, et quatre observateurs uniquement dévolus aux moins de 12 ans, explique Le Parisien. Cela permet de brasser large, avec environ 700 (très) jeunes espoirs observés l’an passé. Une étape de détection indispensable pour faire l’écrémage chez les joueurs offensifs, précise Olivier Saragaglia, qui a travaillé avec Giroud et Thauvin au centre de formation grenoblois avant de prendre les rênes de l’équipe première. «C’est plus facile de repérer du potentiel chez un attaquant ou un numéro dix chez les jeunes. Et comme on sait que c’est une denrée rare, on a l’œil plus averti sur ce type de profil. D’autant plus avec les joueurs qui ont percé dernièrement».



C’est le moment où le savoir-faire du formateur prend le relais. «On ne travaille pas mieux que les autres, nuance Roland Seux, mais disons que les attaquants ont droit à un travail spécifique beaucoup plus tôt. La frappe, les déplacements, le jeu au pied, la musculation, tout ça on s’en occupe dès 14 ans». A Grenoble, depuis les U15 jusqu’aux U19, tous les attaquants travaillaient ensemble trois fois par semaine avant que le club ne soit rétrogradé à cause de sa situation financière.

«Giroud, quand je le vois faire certains gestes aujourd’hui, je revois les séances qu’il faisait avec nous», confirme Saragaglia, qui ne désespère pas de retrouver un phénomène du même genre. «Je n’irais pas jusqu’à dire que les parents viennent exprès dans la région pour qu’on repère leur enfant, mais on a une certaine réputation. Quand on est à la lutte avec Toulouse ou un autre pour faire signer un jeune attaquant, il y a des chances qu’il vienne nous en voyant ceux qui ont réussi avant lui».