Ballon d’Or: Dans la peau d’un votant avec Claude Le Roy
FOOTBALL•Le sélectionneur du Congo a voix au chapitre…Propos recueillis par Romain Baheux
Il détient un pouvoir inestimable aux yeux de nombreux passionnés de football. Sélectionneur du Congo, Claude Le Roy figure parmi les 624 votants du Ballon d’Or dont les trois finalistes Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et Manuel Neuer ont été dévoilés lundi. Il revient sur ses hésitations et la manière dont il a choisi son trio de joueurs.
Les modalités du vote. «On reçoit des feuilles de la Fifa avec la liste des présélectionnés, ça se passe par courrier. Je regrette que l’on ne puisse pas voter librement: j’aurais mis Juan Guillermo Cuadrado (milieu offensif de la Colombie) car il fait partie des joueurs qui entretiennent ma passion pour ce sport.»
Le choix du N°1. «En regardant ce qu’il s’était passé tout au long l’année, j’ai constaté que Manuel Neuer avait multiplié les exploits avec la sélection nationale et son club. Pour la première fois, j’ai porté mon vote sur un gardien de but. Les amoureux de football veulent voir des joueurs différents, qui les font vibrer et ça a été son cas.»
Le choix du reste du podium. «J’ai longuement hésité avec Cristiano Ronaldo mais j’ai fini par mettre Arjen Robben en N°2. J’émettais un peu de doute sur son sens du collectif mais je l’ai trouvé éblouissant à ce niveau-là cette saison. J’ai aussi voulu honorer un joueur africain en plaçant Yaya Touré en troisième position. Il a réalisé un énorme championnat avec Manchester City même si sa Coupe du monde n’a pas été exceptionnelle.»
Le critère majeur. «Pour moi, c’est ce qu’un joueur apporte à une équipe dans son ensemble. C’est pour ça que je n’aurais jamais voté pour Robben jusqu’à présent mais sa saison m’a convaincu. Il a encore accompli de grandes choses individuellement mais a aussi tiré ses équipes vers le haut.»
Le rôle de l'entourage. «J’ai demandé aux membres de mon staff de voter pour voir ce qu’ils en pensaient. Mon adjoint n’était pas tout à fait d’accord avec moi tandis que d’autres ont sorti des noms assez fréquents comme Ronaldo ou Messi. Il ne faut pas que le vote soit une solution de facilité où l’on reproduit toujours les mêmes raisonnements. J’essaie d’être juste par rapport à ce que les joueurs réussissent dans une saison. Si Messi ou Ronaldo gagne et que je n’ai pas voté pour eux, ce n’est pas mon problème. Là, on est dans l’émotion de la fin de saison. On voit Messi battre des records de buts mais il faut les juger comme une addition de ce qu’ils ont accompli dans sa carrière et pas ramener ça juste à 2014.»
La place des affinités. «Il ne faut pas voter pour ses amis. C’est comme ça que l’on se plante et que l’on tombe dans le très convenu. Pour le titre de l’entraîneur de l’année, j’ai donné ma voix à Diego Simeone car ce qu’il a fait avec un club comme l’Atlético Madrid est formidable. Finir champion d’Espagne devant le Real et le Barça, c’est quand même très fort. Ça m’a paru juste de voter pour lui.»