Equipe de France: Patrice Evra, un retour au premier plan dérangeant?

Equipe de France: Patrice Evra, un retour au premier plan dérangeant?

FOOTBALL – Le défenseur de Manchester United a été fortement impliqué à Knysna…
Romain Baheux

Romain Baheux

Une prise de parole a suffi à faire ressurgir les fantômes du passé. Sur le banc contre la Biélorussie en septembre, Patrice Evra a donné de la voix à la mi-temps pour pousser ses partenaires à une réaction. Résultat: un succès acquis en seconde période (4-2) et le rôle fédérateur du latéral de Manchester United salué à l’unisson par les Bleus, opposés à l’Australie ce vendredi soir. Le cas est pourtant sensible.

Capitaine lors de la Coupe du monde 2010, Evra a été en première ligne lors de la grève de Knysna. Un lourd passif toujours gênant aux yeux de certains observateurs. Bixente Lizarazu s’est ainsi agacé de ce retour aux affaires dans sa chronique dans L’Equipe. «Après 2010, on nous a dit que l’on donnerait une deuxième chance à certains. Mais on avait ajouté: "OK, ils reviennent mais ne vous inquiétez pas, ils resteront à leur place". Visiblement, ce n’est pas le cas. Or, il y en a certains, ce n’est plus possible. Tu ne veux plus les voir leaders car tu ne veux plus que ce soient eux qui conduisent le bus.»

Marius Trésor: «Trois ans après, affirmer qu’il n’a pas le droit de parler est déplacé»

Les faits sont pourtant là, Patrice Evra pèse dans le vestiaire français. Mais après l’épisode sud-africain, Didier Deschamps peut-il accepter le retour du latéral comme leader moral des Bleus? «Je n’y vois rien de négatif, réplique le sélectionneur tricolore. Sauf pour ceux qui pensent, et libre à eux de le faire, que Patrice Evra n’a plus rien à faire en équipe de France. Si on part de ce constat-là, tout ce qu’il peut faire sera mal.» «Trois ans après, affirmer qu’il n’a pas le droit de parler est déplacé, poursuit Marius Trésor, ancien international tricolore. S’il l’a fait, c’est que l’équipe en avait besoin. Il ne faut pas toujours vivre dans le passé, beaucoup ont fait des conneries et on n’en parle plus aujourd’hui.»

En balance avec Gaël Clichy pour débuter dans le couloir gauche contre l’Australie, Evra doit ce retour au premier plan au soutien des anciens comme Franck Ribéry, également impliqué dans la grève de Knysna, laudateur sur l’apport du discours de son partenaire contre les Biélorusses. Dans la vie quotidienne des Bleus, il bénéficie d’une aura importante sur ses équipiers moins expérimentés. «C’est un joueur important, il a du vécu avec Manchester United et l’équipe de France, appuie le défenseur de Liverpool Mamadou Sakho. C’est évidemment un cadre, il donne énormément de conseils aux jeunes.» A 32 ans, Evra entend bien contribuer à mener cette génération à la Coupe du monde 2014. Et se fiche sans doute de remuer un passé douloureux.