Tour de France 2016: Mais où sont passés les pièges ?
CYCLISME•La Grande Boucle redevient un peu étonnamment un parcours plus classique, entre montagne et sprint…B.V.
«Good job, Christian ». La politesse est d’usage mais le remerciement du patron de la Sky, Dave Brailsford, envers le directeur du Tour de France Christian Prudhomme, a quelque chose de sincère. Car sans aucun doute, le parcours dévoilé mardi de la prochaine Grande Boucle correspond parfaitement au leader de l’équipe britannique et tenant du titre, Chris Froome. Lui-même, avec toutes les précautions d’usage – « vous savez, la course est dure si les coureurs la rendent dure », a confirmé qu’il « préférait » celui-là à celui de l’an dernier. Comme beaucoup de grimpeurs d'ailleurs.
« Montainous Tour from the start with2 hard ITT. Beautiful,attractive,that encouraged me,from today thinking on it! pic.twitter.com/XHn0zCgii7 — Alberto Contador (@albertocontador) October 20, 2015 »
Pour deux raisons évidentes. La première, c’est qu’il y a globalement pas mal de montagne (9 étapes dont 4 arrivées au sommet, plus deux contre-la-montre grimpants), et la deuxième, c’est qu’il y a beaucoup, beaucoup moins de pièges dans ce tracé. Vous savez, ces endroits où l’on ne « peut pas gagner le Tour de France, mais où on peut le perdre », sur une erreur d’attention, une chute où un ennui mécanique.
L’an passé, avant même que l’on arrive vers les sommets, les coureurs avaient eu droit à des bordures, des pavés, des murs, un contre-la-montre par équipe, auxquelles on pourrait ajouter plus tard des descentes très piégeuses. Un parcours très atypique que l’organisation du Tour avait justifié par un besoin de renouvellement nécessaire pour éviter le schéma sprint / Montagne / Sprint / Montagne. On n’ira pas jusqu’à donner une vision aussi caricaturale du Tour de France 2016, mais disons qu’il semble plus classique, plus équilibré. Tout juste peut-on espérer un coup de vent pour une bordure le long du littoral lors des étapes dans la Manche, les trois premiers jours, pour créer des écarts entre favoris en dehors des gros cols.
« On arrive plus vite dans la montagne »
Une vision globalement confirmée par les coureurs interrogés à la sortie du Palais des Congrès. « Ca revient un peu comme d’habitude », sourit le sprinteur Bryan Coquard. « Cette année, il y aura un peu un moins de danger que les deux dernières, et il faudra être très bon grimpeur pour l’emporter », enchaîne encore plus content Thibaut Pinot, qui n’a pas oublié ses misères sur les pavés il y a à peine quelques mois.
Attention ! Loin de nous l’idée de dire que ce Tour sera chiant. La grosse quantité d’étapes de montagne, bien reparties sur les trois semaines, devrait « permettre une course de mouvement », assure Romain Bardet. « On arrive dans les difficultés plus tôt cette année (de la montagne dès la cinquième étape), poursuit Dave Brailsford. Je crois qu’on veut éviter les grosses chutes comme on a eu l’an dernier, avec la perte de grands coureurs. On veut avoir tout le monde en grande forme avant la montagne. » L’an passé, Tony Martin et Fabian Cancellera avaient abandonnés au bout de quelques jours. Pinot, Valverde, Quintana ou Nibali avaient eux déjà perdu un temps fou. Cette fois-ci, il faudra s’en débarrasser à la pédale.
On a quand même essayé de lister ces endroits piégeux:
- Un vrai risque de bordure dans les étapes le long de la Manche
- La première étape de montagne dans le massif central très tôt dans l’épreuve (5e étape)
- La descente d’Hourquette (8e étape), très technique
- Cinq arrivées (plus ou moins) en descente après des gros cols
- Plusieurs arrivées d’étapes et cols inédits (Emosson, Megève, Bourg, Moirans, etc…) sur lesquels personne n’aura de vrais repères.