Cyclisme: Bernard Bourreau, le distributeur de télégrammes devenu sélectionneur des Bleus

Cyclisme: Bernard Bourreau, le distributeur de télégrammes devenu sélectionneur des Bleus

CYCLISME – Dimanche, il dirigera pour la première fois les pros dans la course en ligne des championnats du monde…
Le sélectionneur français Bernard Bourreau (à droite), en compagnie de Sylvain Chavanel, est le sélectionneur de l'équipe de France pour les championnats du monde 2013.
Le sélectionneur français Bernard Bourreau (à droite), en compagnie de Sylvain Chavanel, est le sélectionneur de l'équipe de France pour les championnats du monde 2013. - FFC/DR
Romain Baheux

Romain Baheux

A moins de s’intéresser vraiment au cyclisme, le nom de Bernard Bourreau n’évoque sans doute pas grand-chose. Dimanche, c’est pourtant lui qui sera à la tête de l’équipe de France de cyclisme sur le parcours des championnats du monde de Florence (Italie). Jusqu'à peu, rien ne prédestinait l’ancien adjoint de Laurent Jalabert à occuper un jour le poste de n°1. Fin juillet, sa nomination, poussée par le nouveau directeur technique national face à des candidats plus renommés, avait étonné. «Je ne pensais pas occuper ce poste-là un jour, je pensais que des jeunes en reconversion allaient être choisis, raconte l’intéressé. Naturellement, je n’ai pas tendance à rechercher l’exposition.»

Sa nomination, cet ancien équipier de Bernard Thévenet, venu au cyclisme à l’adolescence lorsqu’il portait des télégrammes en Charente, la doit à sa réussite en espoirs avec cinq médailles, dont deux titres mondiaux en six ans. «Il est super pédagogue, ça passe très bien avec les jeunes, raconte Adrien Petit, médaillé d'argent il y a deux ans derrière son compatriote Arnaud Démare. Il vit à fond son rôle de sélectionneur. Après notre doublé, il avait les larmes aux yeux, il était presque plus ému que nous.» «Il vit son métier à 200 à l’heure, raconte Romain Feillu, médaille d’argent sous ses ordres en 2006. Même si le circuit d’une course faisait quinze kilomètres, il coupait en scooter ou en vélo pour nous voir plusieurs fois pendant l’épreuve.»

«J’ai arrêté l’école à 14 ans, il a bien fallu que je progresse»

Dans un cyclisme de plus en plus dominé par une approche quasi scientifique, Bernard Bourreau semble incarner davantage un vélo à l’ancienne, basé sur l’instinct et la tactique de course. «J’ai arrêté l’école à 14 ans, il a bien fallu que je progresse autrement. Je ne reste pas sur mes acquis, je suis l’alliance entre ces différents styles de cyclisme, nuance-t-il. Je ne suis pas accro aux chiffres, je fais le tri et garde l’essentiel pour la performance de mes hommes.»

Très proche de ses espoirs, Bernard Bourreau s’attache maintenant à souder les Voeckler, Pinot et Riblon à l’échelon supérieur .Sans presque rien changer de sa méthode, assure-t-il. «On ne parle pas de la même manière parce qu’ils connaissent leur métier mais je continue de rigoler avec eux. Quand j’ai envie de leur dire quelque chose, je ne me retiens pas.» Ses trucs? Des briefings à rallonge dont se souviennent tous ses anciens coureurs, une reconnaissance très précise du parcours et une capacité à fédérer ses hommes. «Il aime bien avoir des groupes soudés, raconte Feillu. Il parvient toujours à amener une bonne ambiance.» Dimanche, on verra s’il parvient à emmener ses coureurs vers une médaille.