Amstel Gold Race: Peter Sagan a aussi gagné le respect du peloton
CYCLISME – le Slovaque gagne beaucoup, fanfaronne autant mais ses collègues ne lui en tiennent pas rigueur…François Launay
Quand il a abandonné jeudi après un peu plus de 100 km, hôtesses et coureurs du Grand Prix de Denain ont poussé un grand ouf de soulagement. Il faut dire que depuis le début de saison, Peter Sagan est incontournable.
En course, où il a accroché à son palmarès Gand Wevelgem ou la Flèche Brabançonne, mais aussi sur les podiums. Deuxième il y a deux semaines du Tour des Flandres, le Slovaque avait choqué et/ou fait sourire la terre entière en mettant une main aux fesses d’une hôtesse. Blagues de potache ou arrogance, impressionnant ou écœurant, le coureur ne laisse pas indifférent le peloton. «J’ai beaucoup d’admiration. Ca fait longtemps qu’on n’a pas eu de pépite comme lui. Il sait tout faire et force le respect», lâche, bluffé, William Bonnet, coureur de la FDJ.
Un avis que partage la plupart des autres coureurs, à l’inverse d’un Fabian Cancellara, qui n’a jamais caché qu’il n’était pas un grand fan du personnage. Si Sagan énerve, c’est plus pour sa facilité à gagner sur tous les terrains. Car dans l’attitude en course, il n’y a pas grand-chose à dire sur le surdoué de 23 ans. «Ce n’est pas quelqu’un d’insolent ni d’arrogant. Ce n’est pas le genre de coureur à venir frotter en disant ‘’hé je suis Sagan, tu me laisses faire’’. Au contraire, il est plutôt humble», raconte Adrien Petit, le sprinteur de Cofidis.
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En fait, Sagan agace surtout dans sa façon de célébrer ses succès. A la manière d’un Forrest Gump sur le Tour de France 2012 ou plus récemment en franchissant la ligne de Gand-Wevelgem sur une roue. «Quand il lève les bras, il n’est pas toujours très humble. Il faut peut-être qu’il prenne un peu plus de maturité et respecte ses adversaires car au bout d’un moment, ça risque d’énerver», estime Tristan Valentin, coureur chez Cofidis.
Sauf que pour le moment, on pardonne tout au natif de Zilina et à son insouciance. «Il fait partie de la nouvelle génération. Des coureurs qui prennent ça cool avec un état d’esprit un peu différent des anciens», explique Bonnet. «Maintenant quand les jeunes arrivent, ils se mettent tout de suite dans l’ambiance et essaient de manger un peu tout le monde. Et Sagan, avec le talent en plus, ça fait un ogre qui gagne tout. Il est jeune, il a du succès et on l’excuse plus facilement», poursuit Valentin.
Surtout que ce showman talentueux est une véritable bénédiction pour le cyclisme actuel. «Il est assez décontracté avec cette adresse sur le vélo qui donne un côté farfelu et spectaculaire. Mais c’est aussi un gros travailleur et un courageux. Tout le monde ne peut pas être linéaire. Il a fait deux-trois choses cavalières mais il s’est excusé depuis. C’est un personnage et le vélo a besoin de ça. Donc c’est pas mal», se réjouit Yvon Sanquer, le manger général de Cofidis.
Rouleur, grimpeur, sprinteur, vainqueur, dragueur. A 23 ans, Peter Sagan sait déjà tout faire. Et c’est vrai que c’est un peu énervant.