Coupe du monde de rugby: Nos idées pour que la compétition soit moins chiante
RUGBY•Le Mondial de rugby donne l’impression de ne plus en finir…N.C.
«Ah, mais elle est pas encore passée la finale ? » Qui a des potes s’intéressant un tant soit peu au rugby - ou à votre vie d’amateur de sport - a forcément entendu cette phrase un bon paquet de fois ces dix derniers jours. Difficile de leur en vouloir. La Coupe du monde de rugby est la compétition qui donne le plus l’impression de s’étirer dans le temps (après peut-être un championnat du monde de volley, mais là c’est parce qu’on n’y comprend rien avec un premier tour de poule, puis un deuxième, puis un troisième aussi tant qu’on y est). Au total, sur les 44 jours de compétition, il y aura eu 20 jours sans match.
Pas de panique, après samedi et la finale entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, on n’en parle plus. Mais il serait tout de même temps de se demander quoi faire pour raccourcir la durée du Mondial. Et par la même occasion la rendre un peu plus équitable. Voici quelques questions que l’on se pose, là, comme ça, à chaud.
Pourquoi ne pas faire 5 poules de 4, plutôt que 4 poules de 5 ?
La plaie, ces poules de cinq. Avec à chaque fois une équipe « exempte » et l’obligation de respecter un délai de récupération d’au moins quatre jours entre chaque match, la phase de groupe est interminable. Pour la France, par exemple, plus de trois semaines se sont écoulées entre la victoire contre l’Italie et la fessée contre l’Irlande. Ce qui amène un autre problème : dans ce calendrier bancal, les supposées grosses nations sont protégées, comme le montre ce graphique réalisé par le site Team Sport Eco.
Si le Japon n’avait pas joué l’Ecosse quatre jours seulement après son exploit contre l’Afrique du sud - alors que les Ecossais entraient eux tranquillement dans la compétition -, l’histoire n’aurait peut-être pas été la même. Pareil pour les Fidji dans le groupe de la mort. L’ancien joueur des Samoa et désormais avocat Eliota Fuimaono-Sapolu a d’ailleurs fait de ces inégalités son grand combat.
« And so the 8 quarter finalists are 8 tier 1 teams. That short turnaround on Japan against Scotland decided the Pool. Brilliant match fixing. — fuimaono-sapolu (@Eliota_Sapolu) October 10, 2015 »
Ces poules de quatre équipes, avec des matchs plus rapprochés pour tout le monde, permettraient également de conclure la première phase en 15 jours.
Le problème que ça pose : Il faut trouver un système cohérent pour dégager trois meilleurs deuxièmes, qui accompagneront les cinq premiers de poule en quarts de finale.
On ne pourrait pas (re) passer à 16 équipes ?
Jusqu’à la Coupe du monde 1999, le Mondial de rugby ne concernait que 16 équipes, avant de passer à 20 comme c’est toujours le cas aujourd’hui. Mais a-t-on vraiment besoin, en choisissant une équipe par poule, de l’Uruguay, des Etats-Unis, de la Namibie et de la Roumanie ? Et puis ça fait toujours 16 matchs de moins à caser dans le calendrier.
Le problème que ça pose : La question est aussi épineuse que provocante, au moment où le rugby veut s’ouvrir à l’international. Si l’on ne donne pas leur chance aux petites nations de grandir, l’avenir du rugby apparaît bouché. Mais pour le moment, sa compétition phare, censée le faire briller aux yeux du monde entier, n’est pas la meilleure des publicités.
Et si on ne protégeait plus les équipes au tirage ?
Bon, peut-être pas non plus un tirage complètement ouvert. Aucun sport ne le fait, et il est facile de comprendre pourquoi. Mais pourquoi pas imaginer un système avec seulement quatre têtes de série, choisies en fonction du classement IRB. Et pas trois ans avant, comme maintenant (le tirage au sort pour ce Mondial a été effectué en 2012).
Le problème que ça pose : Une poule avec Nouvelle-Zélande, Irlande, Australie et Argentine d’un côté, une autre avec le Japon, la Géorgie, le Canada et les Fidji, ça ne ferait pas très sérieux.
Et si on passait directement aux demi-finales ?
Un autre moyen de raccourcir la durée du Mondial. Dans un système à quatre poules comme aujourd’hui, seuls les premiers se qualifient. Et hop, une semaine de gagnée à la fin.
Le problème que ça pose : Si la logique est respectée, ce qui est souvent le cas en rugby, c’est la porte ouverte à un dernier carré sans surprise. Mais avec des plages de récupérations plus courtes et égales pour tout le monde, les matchs du premier tour ne seraient pas forcément joués d’avance.
On est obligé de jouer en septembre-octobre ?
Se farcir un Tonga-Namibie un mardi 29 septembre après-midi, entre deux réunions de boulot, ce n’est pas forcément les meilleures conditions pour se passionner pour une coupe du monde. C’est quand même plus sympa de regarder les matchs l’été, pendant les vacances, quand il fait assez chaud pour se poser en terrasse et qu’on a la piscine pas loin pour piquer une tête à la mi-temps.
Le problème que ça pose : Une telle compétition nécessite trois mois de préparation pour les sélections, qui devraient donc se rassembler en avril, au détriment des clubs. En même temps, si le calendrier est au cœur des réflexions françaises post-traumatisme All-Blacks, autant en profiter.