VIDEO. Coupe du monde de rugby : On vous fait revivre «le plus grand jour de l'histoire du sport» au Pays de Galles
RUGBY•Les équipes nationales de rugby et de football jouaient en même temps…Julien Laloye
De notre envoyé spécial à Cardiff,
Franchement, c’était beau à vivre. « Les cinq plus grandes heures de l’histoire du sport gallois », s’était enflammé samedi le canard local Wales Online, à propos de ce week-end unique. Australie-Pays de Galles en rugby en fin d’après-midi, pour décider de l’adversaire en quarts de finale, puis Bosnie-Pays de Galles en foot, pour envoyer Gareth Bale et ses coéquipiers à l’Euro 2016, un exploit inédit depuis quarante ans et des brouettes.
Pour l’occasion, tout Cardiff s’est donné rendez-vous dans la zone mixte de l’Arms Park, qui jouxte les tribunes du Millenium. Il a fallu patienter pour rentrer, mais ça valait le coup. Notamment ces dix minutes de pression intense sur l’en-but australien au cœur de la seconde période en double supériorité numérique.
A peine arrivés, Ça beugle dans tous les sens : « On va la passer cette p….de ligne ! ». « Enfoncez-moi ces c… de Wallabies » et autres amabilités du genre à l’encontre de Georges North, coupable d’y être allé tout seul (et de tout foirer) alors qu’un surnombre attendait à l’aile.
« De toute façon, on n’y arrive jamais contre les Australiens soupire notre voisin de gauche, un poil fataliste. Au moins, on n’a pas eu de blessés, c’est déjà ça ». C’est surtout parlé un peu tôt. Williams, lui-même rappelé en catastrophe après l’hécatombe des premiers matchs, sort en boitant, tandis que Foley plie le suspense sur une dernière pénalité.
Inutile de dire que l’ambiance en a pris un petit coup sur la carafe. Au lieu d’une partie de tableau abordable (l’Ecosse, puis le vainqueur de France-Irlande), les hommes de Gatland vont devoir se coltiner l’Afrique du Sud, puis peut-être les Blacks en demi-finale. On entend un couple emmailloté dans le drapeau du dragon se dire que ce n’est pas encore cette année que le pays ramènera la Coupe du monde. On a envie d’acquiescer, mais c’est l’heure de se trouver un plan pour l’autre match du soir. L’écran géant de la fanzone sera tout entier consacré à Angleterre-Uruguay, dont il va sans dire que tout le monde se tape royalement.
On trouve notre bonheur dans un pub bien rempli pas très loin du Millenium, et là première surprise : les supporters de foot sont des fous furieux, bien davantage qu’un peu plus tôt devant le rugby. Ça tape dans les mains, ça chante l’hymne national, ça braille du Tom Jones entre deux frappes dans les nuages de Gareth Bale. Le Pays de Galles prend un but tout moche ? Pas grave, Israël s’assure de ne pas plomber la soirée en perdant le match qu’il faut contre Chypre.
Dans notre pub, c’est l’explosion. Les verres en plastique volent avec la bière qui est dedans, les filles montent dans les aigus et les garçons s’embrassent sur la bouche, ou pas loin. « We’re going to France, we’re going to France », « Viva Gareth Bale, viva Gareth Bale », enchaîne un groupe de fan particulièrement joyeux et surtout totalement bourré. Un homme plus âgé et beaucoup plus sage retient son émotion : « Je ne pensais pas voir ça de mon vivant ». Et tant pis pour le rugby, samedi soir c’est le foot qui soulève les jupes des Galloises. Même s’il n’y a plus grand-chose à soulever.