RUGBYCoupe du monde de rugby: Frédéric Michalak est-il vraiment devenu un joueur fiable ?

Coupe du monde de rugby: Frédéric Michalak est-il vraiment devenu un joueur fiable ?

RUGBYLe demi d’ouverture du XV de France n’a pas levé les doutes sur sa capacité à mener le jeu des Bleus face aux grosses nations…
Julien Laloye

Julien Laloye

De notre envoyé spécial à Cardiff,

Hatem Ben Arfa et Frédéric Michalak au sommet de leur jeu au même moment, cela doit ressembler à une certaine félicité sportive. L’amoureux du talent sait à quel point ce bonheur peut-être éphémère, et le suiveur de l’équipe de France de rugby encore plus. C’est pour ça que ce retour de flamme de la hype Michalak nous inquiète un peu, d’ailleurs. On sait comment l’affaire s’est terminée en 2003, et si l’on sait gré au staff tricolore d’avoir su préserver l’artiste en le cachant à la presse toute la semaine, cela n’empêche pas une certaine fébrilité à l’idée de penser que le Toulonnais est censé nous conduire au titre de champion du monde dans trois semaines à Londres.



Michalak, un génie ?

On ne va pas refaire les pour et les contre, entre ceux qui pensent que Michalak est le seul génie du XV de France PSA et les autres qui n’en voudraient même pas pour mener une fédérale 3. Depuis ses deux inspirations vintages face au Canada, les compliments pleuvent. Dulin : « On découvre que c’est un très gros bosseur encore malgré le nombre d’années passées au plus haut niveau. Il pourrait s’en contenter mais il nous incite et nous entraîne à encore plus travailler ; C’est un exemple pour nous ». Ouedraogo : « Sur le terrain, c’est notre leader, celui qui nous conseille pour les placements sur le terrain, sur notre façon de jouer. Un mec très ouvert et abordable, qui est discret mais qui sait parler à bon escient ». Dumoulin : « Fred, on connaît tous ses qualités de joueur et de buteur, c’est un grand joueur comme Sexton, ils l’ont prouvé les deux par le passé. Après, chaque match est différent, j’espère qu’il sera en grande forme pour nous faire gagner dimanche ».

Merci aux amis de la Boucherie Ovalie (Achetez leur livre si ce n'est déjà fait)

Le centre du Racing ne dit pas ça en pensant à mal, mais il nous sert sur un plateau le paradoxe Michalak. Le temps a assez montré que chaque bon match du demi d’ouverture des Bleus le rapproche de la blessure ou du jour sans, et le garçon a malheureusement été brillant au moins trois fois (Angleterre, Canada, Italie) depuis la fin août, ce qui laisse penser que la lampe à génie est proche de l’épuisement. Bien sûr, les motifs d’espoir pour que ça dure un peu existent. Déjà, le toit du millenium sera fermé, ça nous évitera de scruter le ciel avec angoisse tout le week-end en repensant au France-Angleterre de 2003. Ensuite, ce sera l’Irlande en face. L’Irlande qui a toujours réussi à « Freddie Michalak », presque considéré comme un dieu vivant par le camp d’en face.



« Son palmarès parle pour lui. C’est un magicien toujours capable de sortir un lapin de son chapeau. C’est le joueur clé de la France, il faudra le surveiller de très près. C’est un des meilleurs ouvreurs du monde », nous expliquait Madigan cette semaine. Pour un peu, on pensait qu’il parlait de Dan Carter, ou de Jonny Wilkinson, qui a changé la vie de Michalak à Toulon. « C’est incroyable le travail qu’il peut abattre depuis quelques années, confiait Romain Teulet, l’entraîneur des buteurs, plus tôt dans la compétition. Son passage en Afrique du Sud et le fait d’avoir été au contact de Wilkinson l’ont sûrement incité à travailler tout l’aspect du jeu au pied, pas seulement le but. Il veut être hyperperformant, maîtriser son geste. De tous nos buteurs, c’est celui qui est le plus pointilleux ».



Cela nous change du môme insouciant et un peu trop sûr de son talent en 2003, mais cela ne prévient pas les pannes de contact. Michalak était le même type bosseur et pointilleux en avril quand il est passé au travers de sa demi-finale de H Cup face au Leinster (sous la pluie…) obligeant Laporte à la sortir juste après la mi-temps. « Frédéric fait partie de cette classe de numéro dix dont la performance reste conditionnée parce qu’il est bon lorsque son paquet d’avants est dominateur, résume le consultant RMC Thomas Lombard. Il n’a pas cette double casquette qu’ont les énormes numéros 10, c’est-à-dire de jouer aussi bien avec du temps ou sous pression ».