De notre envoyé spécial à Londres (Angleterre),

Deux matchs, sept essais et neuf points, difficile de s’en prendre au bilan comptable des Bleus dans cette Coupe du monde. Sur le fond, c’est plus simple. Sérieux sans être étincelant contre l’Italie, le XV de France a cette fois été très poussif malgré sa victoire avec bonus sur la Roumanie mercredi (38-11). Une prestation décevante justifiée de trois manières.

C’est de la faute de la Roumanie

Pendant une demi-heure, on s’est demandé ce qu’était en train de nous sortir les Roumains. Dix-septième nation mondiale, la sélection des Carpates est venue chahuter les Bleus en mêlée (hein Uini Atonio) et les a tenus au score jusqu’à la demi-heure, et ce carton jaune puis les deux essais de Guitoune et Nyanga encaissés coup sur coup.

« "On s’est dit merde, qu’est-ce qu’il se passe?", raconte Sofiane Guitoune, auteur d’un doublé. Après, on n’avait pas fait de langue de bois avant le match, ce sont des bonhommes. Ils ne sont pas venus en nous disant "C’est bon, vous avez gagné parce que vous êtes l’équipe de France". Ils ont joué et c’est tout à leur honneur. » « Franchement, ils ont été très bons, enchaîne Bernard Le Roux. Ils sont costauds en plus. » Une prestation récompensée par un essai en fin de match, suffisant pour exciter tout l'équipe.

« TRY ! Gotta love the reaction of the Romanian No.21 Vali Calafeteanu ! pic.twitter.com/tE9bnvLP8s — Patrick McCarry (@patmccarry) September 23, 2015 »

C’est de la faute du XV de France

On n’avait pas spécialement besoin de ça pour le savoir mais la bonne grosse colère de Philippe Saint-André à la pause montre bien que le XV de France a quelque chose à se rapprocher dans cette bouillie de rugby. « On a attendu vraiment une demi-heure pour mettre de la vitesse dans le jeu », regrette le sélectionneur tricolore. « Inconsciemment, on s’est peut-être dit que l’on allait plus jouer au ballon parce que c’est la Roumanie, estime Morgan Parra. Il faut aussi que l’on travaille la discipline. »

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Surtout, on a vu quelques belles déceptions individuelles dans cette équipe de coiffeurs, d’Atonio à Ouedraogo en passant par Szarzewski. « Je ne sais pas si ça a été la peur de mal faire ou la retenue mais c’est dommage, regrette Brice Dulin au micro de TF1. On aurait pu prendre plus de plaisir. » En donner, ça aurait aussi été pas mal.

C’est de la faute du calendrier

Il faut l’admettre, les Bleus n’ont pas été vernis en se tapant cet enchaînement Italie-Roumanie en quatre jours. « On a vu toutes les équipes dans cette configuration en difficulté [Japon, Fidji], souligne PSA. On est un sport d’évitement, oui, mais d’abord de combat. Et on ne demande pas à un boxeur de faire 40 matchs de boxe en une saison. »

VIDEO. Le coup de gueule (sans son) de Philippe Saint-André à la mi-temps du match face à la Roumanie

Plus loin dans les entrailles du stade olympique de Londres, ses joueurs ne voulaient pas se réfugier derrière le calendrier« mais c’était sans doute compliqué de se remobiliser quatre jours après le premier match contre l’Italie », estime Nicolas Mas. « Depuis trois mois, les Roumains se préparent à jouer ce match-là, explique Vincent Debaty. Nous, on avait d’abord notre première rencontre en tête. » Avec une semaine pour se tourner vers le Canada, ça ne fonctionnera plus la prochaine fois.