XV de France: Les Bleus ne veulent pas l’avouer, mais la liste «leur trotte dans la tête»
RUGBY•Le match de préparation face à l’Angleterre risque de départager les postulants à une place dans le groupe des 31…Julien Laloye
La peur rôde sur l’Essonne. Poisseuse, souterraine, incommodante, elle plane au-dessus de Marcoussis, se faufile dans les chambres des Tricolores, en attendant de choisir ses victimes. Dimanche à midi, Philippe Saint-André annoncera la liste définitive des Bleus retenus pour la Coupe du monde, et cinq joueurs devront quitter le groupe pour ne plus le retrouver. Evidemment, chacun fait comme si ça lui passait totalement au-dessus. « Hien, quoi la liste, quelle liste ? » se voient répondre les journalistes, friands de transpiration coupable et d’aveux larmoyants.
« Je n’ai pas envie d’avoir de remords »
Il y en a qui ont raison, remarquez. Prenez Wesley Fofana : à moins de filer à l’anglaise pour changer de patrie et s’éclater avec l’Angleterre – c’est plus tentant qu’il n’y paraît, le Clermontois, titularisé avec Bastareaud au centre, est sûr de faire le voyage jusqu’à Londres. Il a quand même un sourire entendu quand on souligne qu’il a échappé à la torture préférée du staff tricolore, le changement de poste de dernière minute. Vous savez, le même qui a coûté cher à Brice Dulin, aussi crédible à l’aile qu’un président de la République qui promet de baisser les impôts en fonction de la croissance. Alors qu’Eddy Ben Arous, a priori dans le bon wagon à la mêlée est resté très pro – « Je n’ai pas envie de mélanger les choses ou d’avoir de remords. Je vais m’envoyer à 100 % et on verra bien dimanche. Je vais avoir en face de moi le meilleur pilier droit du Nord, Bernard Le Roux, lui aussi partant en troisième ligne, n’a pas fait le fier
« Ouedraogo : « On sait que tout le monde joue un peu sa place » http://t.co/o5HuCAeAPD pic.twitter.com/PquI3FHqef — France Rugby (@NationRugby) August 16, 2015 »
« On ne sait jamais… »
« Ça trotte dans la tête on sait qu’il y en a cinq qui ne seront plus là dimanche, personne ne sait qui va rester ou qui va partir… on ne sait jamais ». Dans ce « on ne sait jamais », il y a la frousse compréhensible de se faire fesser par l’équipe type anglaise, la plus forte de l’hémisphère nord, et de se retrouver directement responsable de la noyade sur un ralenti ravageur. Dans une équipe où les statuts se font et se défont à la vitesse que mettent les Bleus à cochonner une attaque en première main, subsiste l’impression désagréable que ça se joue un peu à pile ou face. Tillous-Borde, par exemple, peut aussi bien être génial que médiocre samedi, son sort est entièrement lié à celui de son collègue de chambrée Frédéric Michalak : soit l’ouvreur toulonnais réussit deux tours de passe-passe et trois coups de pied potables et la charnière passe le cutt, soit il se manque – une chance sur deux, et son pote demi de mêlée rentre chez lui.
« Mon pronostic pour les 5 départs : Chiocci, Fickou, Ouedraogo, Tales, Vaahmahina. — Rolo Tomasi (@GALTIER_Martial) August 20, 2015 »
« J’ai peur pour FTD, si Dulin est mis a l’écart, Tales sera gardé pour sa pseudo polyvalence 10-15. Chiocci et Goujon sont déjà out. — Parlons Rugby (@ParlonsRugbyFr) August 20, 2015 »
« L’objectif, ce n’est pas la liste, c’est de gagner et d’emmagasiner de la confiance contre l’équipe type anglaise », tente de dédramatiser PSA, en sachant bien que l’un entraînera l’autre. Quelques-uns semblent définitivement grillés (Chiocci, Vahaamahina, Goujon), mais tous les autres peuvent douter. Y compris Dimitri Szarzewski, 80 sélections chez les Bleus et capitaine la semaine passée à Twickenham. « Merci à Phlippe de m’avoir dit que je porterai le maillot des Bleus pendant la Coupe du monde » a plaisanté le Racingman après un lapsus du sélectionneur lors de la présentation de la tunique spéciale coupe du monde. Au moins, certains gardent leur sens de l’humour.