JO / NATATIONLondres 2012. Camille Muffat: «Le regard des autres a changé sur moi»

Londres 2012. Camille Muffat: «Le regard des autres a changé sur moi»

JO / NATATIONMédaillée d'argent du 200m nage libre, la Française prend cette nouvelle récompense comme un bonus...
Propos recueillis par Romain Scotto, à Londres

Propos recueillis par Romain Scotto, à Londres

Quarante-huit heures après son titre sur 400m, la Française décroche l’argent du 200m. Plutôt éprouvée par l’enchaînement des courses et après un léger retard dû au contrôle antidopage, Camille Muffat est revenue sur son début de compétition. Et le nouveau regard que les autres posent sur elle.

Vous n’attendiez rien de cette course. Comment accueillez vous cette médaille?

Après le 400m, j’ai eu du mal à rester dedans. Même si on essaie de se contrôler, se dire que ce n’est pas fini, j’ai eu du mal à dormir et tout ça. Je suis quand même très satisfaite de cette médaille, même si dans l’absolu j’aurais pu avoir deux médailles d’or.

Cette expérience vous amènera-t-elle à mieux gérer l’enchaînement des courses?

Oui, c’est sûr. Je ne pouvais pas savoir quels sentiments j’allais éprouver. Je pense que ça m’a pas mal servi même si je ne sais pas encore ce que je vais viser à la rentrée. Je vais en discuter avec Fabrice (ndlr: Pellerin, son coach). Encore une fois, je pense que j’ai beaucoup appris.

L’environnement de ces JO est-il complètement différent de celui des Mondiaux?

Je pense que c’est complètement différent, d’ailleurs je pense que les prochains championnats du monde que je vivrai seront… différents. C’est dommage parce qu’on rencontre les mêmes nageurs pourtant. Mais aux JO, tout est multiplié par 100, par 1.000.

Quelle valeur a cette médaille d’argent?

Forcément pas la même que la médaille d’or. Une fois que j’ai eu l’or, argent, bronze, ce n’est pas grave. Si je m’étais fixée deux titres olympiques j’aurais peut-être pu aller chercher mieux, mais ce n’est pas le cas. Voilà, peut-être que je n’aurais pas dû vivre aussi intensément le 400m. D’un autre côté, je ne peux pas regretter d’en avoir profité. Enfin je suis quand même rentrée me coucher. J’ai abordé cette course avec vraiment beaucoup de décontraction. Pas du tout comme le 400m. J’étais complètement décomplexée. Ce n’est que du bonus. Je savais que je n’avais plus toutes les cartes en mains.

Quels ajustements apporterez-vous justement lors des prochaines échéances?

Ce qui est difficile, ce n’est pas tant d’enchaîner les courses, les trajets, les médias, les contrôles. C’est surtout toutes les émotions qu’on peut vivre. Maintenant, je ne pense pas revivre quelque chose d’aussi extraordinaire. Et si j’ai une autre course derrière, j’arriverai à me remettre dedans.

Cette médaille d’or a-t-elle ouvert votre appétit?

Je n’ai pas envie d’y penser maintenant. Dans quelques semaines, quand je retournerai à l’entraînement. Ce serait dommage de ne pas profiter de ce titre encore un peu. Mais très vite, on va m’en demander beaucoup. Mais je sais ce que je vaux et je sais que je peux faire encore bien mieux. Il faudra voir à la rentrée quelles sont mes envies.

Le regard des autres a-t-il déjà changé? Au village notamment?

Oui, c’est vrai que je l’ai remarqué. Beaucoup de nageurs sont venus me féliciter, mais aussi des athlètes de l’équipe de France, beaucoup plus connus que moi. Et même ceux que je ne connais pas du tout. On n’est plus un bon nageur parmi tant d’autres, on est champion olympique. J’en fais partie. Quand je me baladerai dans la rue, certains porteront un regard différent sur moi. Mais pour l’instant, ça fait plaisir. Là, je suis dans une bulle et je n’ai pas envie d’en sortir. Les Jeux, c’est quelque chose qu’on ne fait que deux, trois fois dans une vie.