Benjamin Corgnet, le footballeur qui se voyait opticien
FOOTBALL•Rien ne destinait le meneur de jeu de Dijon à devenir la révélation de la saison en L1...
Alexandre Pedro
Dans la vie, tout est une question d’opportunités… et de voitures qui ne démarrent pas. Révélation de la saison avec Dijon, Benjamin Corgnet (24 ans) a failli ne jamais prendre le train du football professionnel et croiser la route du PSG pour cette 27e journée de Ligue 1 dimanche. Ancien défenseur de l’Olympique Lyonnais, Ghislain Anselmini raconte l’épisode qui a bousculé le destin de son ancien coéquipier à Monts d'Or Azergues (Rhône) en CFA2. «Un jour (en 2008), j’ai croisé Patrice Carteron (entraîneur de Dijon) à la gare Part-Dieu de Lyon où je n’aurais jamais dû me trouver si ma voiture ne m’avait pas lâché. Je lui parle de Benjamin et lui obtient trois jours d’essai. Le premier soir Patrice m’appelle et me dit que Benjamin a explosé tout le monde à l’entraînement et qu’il lui propose un contrat pro.»
Plus de buts en Ligue 1 qu’en DH
A l’époque, Corgnet ne veut même pas entendre parler d’une carrière professionnelle et partage ses semaines entre son BTS optique (qu’il a validé depuis) et le football. Entre potes et pour le plaisir. «Il a fallu lui faire prendre conscience de son potentiel, explique Anselmini. Je lui ai dit que s’il ne tentait pas sa chance il risquait d’avoir des regrets plus tard».
Et le football français avec. Après une première saison prometteuse avec Dijon en Ligue 2, Corgnet explose à l’étage supérieur avec huit buts et une technique qui fait déjà saliver des clubs du calibre de Liverpool ou Newcastle. La statistique fait sourire Olivier Dumas, son tout premier entraîneur à Millery-Vourle. «En quatre ans avec nous en division d’honneur, Benjamin n’a jamais dépassé trois buts sur une saison. Pourtant, on voyait très vite qu’il était au-dessus. Il avait déjà une vitesse d’exécution extraordinaire et une capacité à la différence sur les cinq premiers mètres qui me fait penser à Kaka.»
Un avenir en bleu
Sans l’insistance de Dumas, Corgnet régalerait peut-être encore la centaine de supporters de Millery-Vourle. «On l’a presque poussé dehors pour rejoindre un club qui correspondait mieux à son niveau. D’ailleurs, il a failli arrêter le foot après avoir raté sa première année de médecine.»
L’histoire de Benjamin Corgnet confirme qu’une carrière est possible loin des chemins balisés par les centres de formation. ««Il n’a que 24 ans mais il connaît la vie, observe Ghislain Anselmini. A 18 ans, il n’était pas payé pour taper dans un ballon. Il se levait à 6h du matin pour aller à la Fac et étudiait comme un malade.» D’ici quelque mois, il voit bien son protégé sur d’autres bancs: ceux de l’équipe de France. «Dès que je l’ai vu, je lui ait dit qu’il jouerait un jour en sélection. Je suis sûr de moi.» Si jamais Laurent Blanc a un doute sur ses montures de lunettes ou sur son milieu de terrain, il sait vers qui se tourner.
