INTERVIEWAlain Giresse: «Ce changement de hiérarchie à la CAN, c'est magnifique»

Alain Giresse: «Ce changement de hiérarchie à la CAN, c'est magnifique»

INTERVIEWLe sélectionneur du Mali aborde son quart de finale de Coupe d'Afrique avec beaucoup de précaution...
Propos recueillis par Romain Scotto

Propos recueillis par Romain Scotto

Après avoir passé quatre ans à la tête du Gabon, l’ancien milieu des Bleus retrouvera son ancienne sélection, dimanche, en quart de finale de la CAN. Avec le Mali de Seydou Keita, en pleine reconstruction, il sait donc comment battre le pays organisateur, avant de tenter d’offrir une première victoire à sa nouvelle sélection dans la compétition…

Dans quel état d’esprit abordez-vous ce quart de finale contre le Gabon, votre ancienne équipe?

On digère déjà le dernier match. On décompresse un peu. On a un beau rendez-vous à jouer dimanche en quart de finale. On doit prendre conscience de ce que c’est. En plus, quand on joue le pays organisateur, on sait que le stade sera plein. On va entrer progressivement dans le match. Sans le jouer avant.

Vous savez forcément comment battre cette équipe puisque que vous connaissez très bien...

Je n’ai pas besoin d’observer cette équipe. Pendant quatre ans, je l’ai dirigée. Je les connais parfaitement, dans tous les recoins, individuellement, personnellement. Donc voilà… J’ai tous les éléments pour préparer le match. Moi, sur le plan humain, j’ai vécu un truc extraordinaire avec cette équipe-là.

Avec les éliminations du Sénégal et du Maroc, vous vous retrouvez presque dans la peau du favori, avec la Côte d’Ivoire et le Ghana…

C’est difficile pour les gros, oui. Il y a des vertus morales qui sont indispensables et qui balayent les talents individuels. Les équipes qui ont du talent n’arrivent pas à créer de collectif. Qu’est-ce qui s’est réellement passé au cœur de ces équipes? Je ne le sais pas. En tout cas, la hiérarchie est totalement bouleversée. La cause réelle est difficile à connaître. Le plus paradoxal, c’est que des équipes font des bons parcours et que ce n’est pas pour cela que des joueurs méconnus en tireront profit sur le plan individuel pour le futur. Et ça, c’est terrible. Je l’ai connu. Ils sont dans le cadre d’un collectif avec de l’allant, de l’entraide, mais ce n’est pas forcément le rendu individuel qui est à l’origine des résultats. La Coupe d’Afrique est en train d’évoluer. De nouvelles nations émergent. C’est nouveau, mais ce n’est pas interdit. Tout est bouleversé. Ce changement de hiérarchie, c’est magnifique.

Etes-vous satisfait des performances et de l’attitude de Garra Dembélé, formé à Clairefontaine avant de connaître un parcours un peu compliqué (passé par Auxerre, la Bulgarie, et aujourd’hui à Fribourg, en Allemagne)?

Ça fait un an que je le sélectionne depuis sa première apparition en février 2011. Il est là avec un gros moral. C‘est un garçon qui a beaucoup d’enthousiasme, plein de vie au quotidien. Et puis c’est un attaquant puissant, percutant. Il n’est pas du tout difficile à gérer. Dans un groupe, il est entraînant. Je ne sais pas s’il a pris en maturité, je n’ai pas d’appréciation à porter sur sa vie personnelle. Il est là et s’intègre parfaitement au fonctionnement de l’équipe. Je n’ai pas de souci avec lui.

Quels sont vos pronostics pour les trois autres quarts de finale?

Je pense que la Zambie va passer. J’apprécie son collectif, sa vivacité. Avec le Gabon, j’avais joué contre eux en 2010, je ne les découvre pas. Le football existe ailleurs qu’en Europe, hein. Pour moi, la Guinée équatoriale a une chance de passer contre la Côte d’Ivoire, même si elle est grandissime favorite. Mais elle aura à faire à une équipe en pleine euphorie. Je ne la voyais pas du tout à ce niveau-là avant la compétition. Et puis je crois que le Ghana va passer contre la Tunisie. Ils sont complets, ont de l’expérience.

Un mot sur votre avenir à la tête du Mali. Dépend-il d’une qualification en demie?

J’ai un contrat jusqu’au mois de juin. Après le reste… On aura une idée précise après la CAN. Il y a des choses à poursuivre avant la prochaine Coupe du monde. Cette équipe progresse, elle avance et se reconstruit. Il faut se remettre en ordre progressivement.

Le programme des quarts de finale

Le 04/02 à 17h Zambie – Soudan à l’Estadio de Bata

à 20h Côte d'Ivoire – Guinée équatoriale au Nuevo Estadio de Malabo

05/02 à 17h Gabon – Mali au stade d'Angondjé

à 20h Ghana – Tunisie au stade de Franceville