Yann Delaigue: «Contre les Gallois, il va falloir être bien meilleur que face à l'Angleterre»
COUPE DU MONDE•Selon l'ancien international, l'équipe de France doit hausser son niveau de jeu pour battre le pays de Galles...Propos recueillis par Alexandre Pedro
De notre envoyé spécial en Nouvelle-Zélande
Consultant pour Canal+, Yann Delaigue a commenté six matchs du pays de Galles depuis juillet. L’ancien ouvreur du Stade Toulousain et du XV de France a eu l’occasion d’observer la montée en puissance des adversaires des Bleus samedi en demi-finale de la Coupe du monde. Admiratif du jeu mis en place par le sélectionneur, Warren Galtand, il estime que seule une très bonne équipe de France peut forcer les portes de la finale.
Pour avoir commenté les matchs de préparation des Gallois, sentiez-vous déjà le potentiel de cette équipe?
Les Gallois sortaient d’un stage intense en Pologne et j’ai d’abord trouvé une équipe très réaliste sur ces matchs de préparation. Elle ne proposait pas de jeu à outrance, elle était plutôt capable d’accélérer par réaction. Mais je trouvais qu’elle manquait de constance pour rivaliser avec les grosses équipes. Mais dès le premier match de la Coupe du monde face à l’Afrique du Sud, on a vu se mettre en place un jeu offensif impressionnant, avec des joueurs à gros potentiel.
Quels sont ces joueurs?
Je pense à l’ouvreur Rhys Priestland qui, au départ, était l’arrière remplaçant et a profité de la blessure de Stephen Jones. Il amène un jeu collectif très intéressant autour de lui et fait briller ses partenaires. Mais les deux véritables fers de lance sont le centre Jamie Roberts et l’ailier George North. Roberts fait toujours avancer son équipe, alors que North est selon moi le meilleur joueur de cette Coupe du monde. C’est simple, dès qu’il touche le ballon, il fait 50 mètres avec. Pour résumer, les Gallois ont de la vitesse et de la puissance derrière et une troisième ligne collée au ballon avec leur capitaine Warburton et Faletau, qui amène sa puissance.
Leur point faible peut-il venir du cinq de devant?
Même pas. Je les trouve solides au niveau des avants, même si on peut essayer de les contrer à ce niveau. Une très bonne équipe de France est en mesure de gagner ce match, elle l’a prouvé par le passé. Le bémol côté gallois est de ne pas disposer d’un buteur de classe mondiale, ce que peuvent être Dimitri Yachvili et Morgan Parra. Mais on ne sait jamais, Priestland peut aussi tout enquiller samedi.
Les Bleus doivent-ils reproduire le même genre de match que face aux Anglais?
Il va falloir être bien meilleur que face à l’Angleterre. L’équipe de France de France s’est retrouvée sur des valeurs de fierté et de courage mais au niveau de l’organisation, elle n’a pas été performante. On prend deux essais trop facilement face à des Anglais que j’ai rarement vus aussi faibles. Il va falloir nettement hausser notre niveau de jeu. Si on arrive à contrer Roberts et North, les Gallois peuvent douter. Stratégiquement, ils ne vont pas nous surprendre, car c’est une équipe qui récite son rugby. Avec une bonne organisation défensive, il peut y avoir de bons ballons de contre à négocier.
En tant qu’ancien ouvreur, que pensez-vous des performances de Morgan Parra à ce poste qui n’est pas le sien?
Morgan n’est pas un dix et on le voit. Mais le choix de Marc Lièvremont paraît maintenant arrêté. Face aux Tonga, je ne l’ai pas trouvé performant dans son placement. Il n’était pas là où doit se trouver un ouvreur par manque de repères, et c’est compréhensible. Il y a eu du mieux contre l’Angleterre. Il a d’abord pensé à faire jouer les autres. François Trinh-Duc peut apporter un gros plus en fin de match et perturber les Gallois, qui vont devoir passer d’un joueur qui distribue autour de lui à un autre qui va amener plus de vitesse et les attaquer. Stratégiquement, ça peut être intéressant.