Roland-Garros: Richard Gasquet, le petit Mozart a revu ses gammes
TENNIS•Plus agressif sur le terrain, Richard Gasquet débarque à Roland-Garros comme la tête d’affiche du tennis français...Alexandre Pedro à Roland-Garros
De l'un de nos envoyés spéciaux à Roland-Garros
Richard Gasquet n’a pas que le plus beau revers du circuit, le Français dispose aussi d’un relativisme à toutes épreuves. Récent demi-finaliste à Rome, le tombeur de Roger Federer tient de nouveau la tête d’affiche côté tricolore. Pas de quoi flatter ou doper plus que de raison son ego. «De toute façon, tu es monté, tu es descendu… ça se passe comme ça dans le milieu mais si je perds au premier tour, je ne serais plus la tête d'affiche», préfère prévenir un Gasquet surtout préoccupé par son adversaire, le Tchèque Radek Stepanek, attaquant invétéré et ancien top 10.
Revenu à la 14e place au classement ATP, Gasquet ne peut pourtant plus se cacher derrière sa casquette à l’envers qu’il a remisée dans son armoire à souvenirs. En cet An II après l’affaire du contrôle antidopage de Miami, le petit Mozart de Sérignan récite une partition plus en rapport avec son talent. Surtout, Gasquet ne navigue plus trois mètres derrière la ligne de fond de court. Julien Boutter a souvent déploré cet attentisme dans ses commentaires pour Canal Plus pour ne pas noter cette petite révolution: «Il s’était installé dans une fausse impression de confort en jouant loin derrière sa ligne».
Bousculer dans ses certitudes
Pour l’ancien 46e joueur mondial, Gasquet a enfin été malmené dans ses mauvaises certitudes. «On a toujours tendance à trop vouloir protéger les prodiges, constate Boutter. Avec Riccardo Piatti et Sébastien Grosjean, il a deux mecs qui imposent le respect. Si le discours du premier ne passe pas, il a la second pour lui dire que c’est lui qui trompe et pas toujours les autres.»
Consommateur compulsif de coach, le Languedocien paraît avoir trouvé un mode fonctionnement épanouissant avec l’attelage Piatti-Grosjean. Alors que l’ex numéro un français officie comme confident et apporte son expérience, l’Italien soigne l’aspect tactique. «Piatti ne s’éternise pas sur les états d’âme, observe Boutter. Il s’en fout si Richard sent bien ou pas la balle. Il va tout de suite voir ce qui ne va pas tactiquement chez lui. On peut être bien techniquement, si on n’a pas la bonne tactique, on va faire des fautes et pensait que tout vient d’un problème de sensation».
«S’il y a défaite, il y aura défaite»
Et si Gasquet veut un troisième avis, il peut toujours se tourner vers Ivan Ljubicic qui partage avec lui le même entraîneur. Habitué des derniers carrés en Grand-Chelem, le géant croate sait que son nouveau copain est à la fois près et loin des Nadal, Federer et Djokovic. «Physiquement, Richard n’est pas encore à leur niveau, mais tout le monde sait qu’il a les coups pour gagner un grand tournoi. Après, tout est une confiance. Et on sent qu’il est beaucoup plus heureux et décontracté.»
L’intéressé ne dit pas autre chose: «Je veux juste bien jouer, avoir du public, me sentir bien sur le court. S'il y a défaite, il y aura défaite.» Une façon comme une autre de désamorcer l’attente autour de lui, surtout quand un certain Novak Djokovic vous attend peut-être en huitième de finale.