« ce n'est pas facile de partir »

« ce n'est pas facile de partir »

handball L'ailier Erwann Labarre, non conservé par le « H », revient sur ses années nantaises
David phelippeau

David phelippeau

Après pas loin de dix-sept années passées au HBC Nantes, Erwann Labarre (33 ans) va devoir tourner la page. L'ailier, en fin de contrat, n'est pas conservé. Sans aucune acrimonie, il évoque ce départ forcé, cette « petite mort du sportif professionnel ». Les yeux dans le rétroviseur, l'homme au scooter fait surtout le récit de sa trajectoire qui a épousé celle du HBC Nantes.

Les débuts dans l'anonymat du hand français. « Je suis arrivé au “H” pour jouer en juniors à l'âge de 17 ans. Je venais de Ligné. A 19 ans, j'ai intégré l'équipe 1 qui descendait en N3. La première année a été extraordinaire. Je me souviens qu'à deux journées de la fin, on était deuxièmes et on avait en plus une différence de buts défavorable. L'avant-dernier match, on gagne 72-20 ! Puis on bat les premiers de plus de neuf buts ! C'était énorme. J'ai alors découvert la N2 et un niveau élevé déjà… Moi qui pensais rester à Ligné et jouer tranquillement au niveau régional. Au bout de deux ans, on grimpe et là c'est la N1. Tu franchis un vrai pallier. C'est un milieu bâtard, à moitié amateur, à moitié pro. C'est en N1 qu'on connaît notre pire année. On a une équipe taillée pour la montée avec des Yala, Fressier, Maillard – des mecs qui ont connu le niveau au-dessus –, mais on n'y arrive pas. On était nuls franchement. La fin de saison est exécrable, on fait le dernier match devant 200 personnes. On entendait les mouches volées ! En 2004-2005, on monte en D2. C'est l'année où on s'y attend le moins. Stéphane Moualek, entraîneur-joueur, nous a fait du bien. Il a posé des vraies bases sur le plan tactique. La D2, tu commences vraiment à toucher à autre chose. C'est à ce moment-là que je ne fais que du hand. Je n'hésite pas. Quand tu aimes un sport, tu en profites ! »

La découverte de l'élite française. « Lors de la saison de la montée (2007-2008) en D1, on pouvait faire ce qu'on voulait, on gagnait. On dégageait une sérénité incroyable. Et pourtant sur le papier, on n'était pas au-dessus des autres. On n'a jamais eu peur. C'était un rêve, la D1. Je n'avais jamais pensé jouer à ce niveau. Les mecs que tu voyais à la télé, ils sont maintenant face à toi. Je me souviens du premier match à domicile contre Montpellier, on était plus spectateurs qu'acteurs. Mon plus beau souvenir, c'est le match du maintien lors de la saison 2008-2009, contre Paris (25-25), à Mangin. L'ambiance y était incroyable. »

Sa romance avec le « H ». « Je n'ai jamais eu l'envie de partir pendant toutes ces années. J'avais besoin d'évoluer, le club évoluait… C'était parfait pour moi. Le “H” a changé et c'est logique. Il y a des choses que je préférais avant. Avant, il n'y avait pas de VIP. On allait directement au bar avec les potes et la famille. Ce n'est pas facile de partir. Mais j'ai vécu une saison tellement difficile. Je suis passé d'un temps de jeu de 50 minutes par match à plus rien. C'est sans doute un mal pour un bien pour moi. A 33 ans, c'est le bon âge pour entrer dans le monde du travail. Je peux toutefois continuer à courir. Je veux poursuivre le hand dans un club de la région. Le public va me manquer. En dix ans, je suis passé ici de 200 personnes à 5 000 ! Je n'ai pas le choix, je dois tourner la page. Je savais qu'à un moment ça s'arrêterait. J'ai commencé au “H” en N3, j'aimerais partir sur une qualification européenne. Cela serait une belle histoire ! »