BOXECyrille Diabaté: de la boxe thaïe au Freefight

Cyrille Diabaté: de la boxe thaïe au Freefight

BOXELe spécialiste du MMA va débuter en UFC fin mai...
Matthieu Goar

Matthieu Goar

Après le Mac Do et quelques dizaines de mètres avant le Grec, le Gym Spa. Un beau complexe de sport collé à la grande avenue Joffre qui coupe Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis. A l’étage, dans une salle décorée avec des posters des stars du combat libre, Cyrille Diabaté, 1,97 m, ratatine à grands coups de tibias les pattes d’ours tenues par un sparring partner essouflé. Puis, il rassemble la quinzaine de combattants présents. «Pour arracher le bras de votre adversaire, vous devez vous servir de votre buste comme si vous tendiez un arc», explique l’ancien champion du monde de boxe thaïe à ses élèves avant de remettre les gants et de continuer son propre entraînement. Un peu comme si le judoka Teddy Riner partageait ses séances et dispensait ses conseils à l’Insep. «C’est sûr, ce n’est pas n’importe qui», glisse un élève dispensé après avoir pris un coup et qui filme les conseils du grand.

Débuts en UFC

Ici, dans l’anonymat de ce petit coin de banlieue parisienne, Diabaté est une star. Ancien kick boxeur, champion de France et du monde de boxe thaïe, il s’est tourné dans les années 90 vers le combat libre. Une discipline où les combattants se servent de leur pied et de leur poing mais aussi de techniques de lutte ou de jiu-jitsu pour immobiliser son adversaire. Après plus de 22 combats en Mixed Martial Art (15 victoires, 6 défaites et 1 égalité), le boxeur de 37 ans disputera le 29 mai à Las Vegas son premier combat dans la ligue la plus prestigieuse de MMA, l’UFC, face à Luiz Cane. «Mes Jeux olympiques», lâche Diabaté qui rêve un jour de combattre en France. Car le freefight est pour le moment interdit en compétition dans l’Hexagone. «C’est pourtant l’avenir. Mais chaque époque a son sport de combat dénigré. Il y a 40 ans, il s’agissait du karaté, dans les années 80, les pratiquants de full-contact étaient considérés comme des barbares, ceux de kickboxing et de boxe thaïe comme des voyous. On se battra pour la légalisation», explique Diabaté.

Le potentiel de la région parisienne

Car la discipline attire de plus en plus. La Snake Team créée par Diabaté à Rueil-Malmaison (puis à Nanterre et enfin à Epinay-sur-Seine) réunit ainsi une dizaine de combattants de MMA, dont cinq de niveau international. «Il y a un effet de mode mais ce sont surtout des gens attirés par l’efficacité, la réalité. Pas comme dans le Kung-fu qui a un côté artistique. Le MMA est un jeu d’échec martial qui met aux prises de véritables athlètes qui doivent travailler à la fois l’endurance et l’explosivité», analyse Diabaté managé depuis 3 ans par l’Américain Ken Pavia qui l’a chargé de repérer de jeunes talents en région parisienne. «Je cumule les fonctions de manager, d’entraîneur et de combattant, ce n’est pas toujours évident.»

Après plus de deux heures d’entraînement et de cours mixés, Diabaté réunit une dernière fois ses boxeurs. «Les gars, je voudrais que l’on ait une pensée pour nos amis qui vont combattre en Azerbaïdjan et en Russie. C’est bien. Pour atteindre le plus haut niveau, il faut franchir toujours un palier au-dessus.» Parole de champion du monde.