A Bordeaux, l'exploit de 96 est dans toutes les têtes
FOOTBALL•François Grenet et Gaétan Huard se souviennent du quart de finale retour de coupe UEFA face au Milan AC...A Bordeaux, Lauren Horky
Ce match reste une des plus belles pages de l’histoire du club girondin: le Bordeaux – Milan AC de 1996, en quart de finale de la Coupe UEFA. Battus 2-0 à l’aller, les partenaires de Bixente Lizarazu, portés par l’ambiance électrique d‘un Parc Lescure comble, créent l’exploit au retour et se qualifient. «Je me rappelle notre arrivée au stade, raconte François Grenet, alors tout jeune défenseur. On a posé nos sacs aux vestiaires, puis on s’est rendu sur le terrain pour prendre l’air et tester la pelouse. C’était bien deux heures avant le coup d’envoi et le Virage était déjà plein, chauffé à blanc. On a tous ressenti quelque chose à ce moment, mais on n’en a pas parlé entre nous sur le coup. Ça ne s’expliquait pas.» Pour Gaëtan Huard, cette chose inexplicable avait commencé à prendre forme quelques jours plus tôt, alors que Bordeaux était en stage à Lège-Cap-Ferret. «On a senti bien avant le match déjà qu’il allait se passer quelque chose, explique le gardien de but. Il y avait comme un parfum d’osmose qui régnait. De là à penser qu’on allait sortir le grand Milan AC, peut-être la meilleure équipe européenne à cette époque. Aux yeux des gens, c’était mission impossible. Personne n’y croyait.»
Comme personne, ou presque, ne croit à un succès bordelais ce soir contre Lyon. Et pourtant… Grâce à un but signé Tholot (14e)en première mi-temps, puis un doublé de Dugarry en seconde (64e et 71e), ils infligent un cinglant 3-0 aux Italiens. «On n’a pas enfilé les buts comme des perles, mais on a marqué très tôt, poursuit François Grenet. C’était primordial. A la mi-temps, on sentait le coup jouable. Nous étions euphoriques, alors qu’en face, ça cogitait. Puis il y a eu ses deux buts magnifiques de Duga et surtout cette sortie décisive de Guéguette [Gaëtan Huard] sur une tête de Weah, en toute fin de match, qui permet de préserver le score. Ensuite ça a été l’explosion, l’euphorie, une ivresse de bonheur qui s’achève sans mal de casque.»
«Tout ce qui s'est passé avant ne compte plus»
Si le Bordeaux de 1996 l’a fait, pourquoi celui de 2010 n’y arriverait-il pas? D’autant plus que cette fois, «contre Lyon, la tâche semble moins compliquée, estime Gaëtan Huard. Il y a déjà ce but marqué à l’extérieur, qui met l’exploit plus à portée qu’en 1996. C’est même tout à fait réalisable. Sur le plan offensif, je ne m’en fais pas, ils sont capables de marquer. Mais Bordeaux s’est montré plus fébrile défensivement. Dans ce registre il faudra être vigilant à ne pas étirer le bloc équipe, pour ne pas ouvrir des intervalles.» Même son de cloche dans la bouche de François Grenet: «On est un peu dans la même configuration qu’en 1996 et je crois dur comme fer à l’exploit. C’est tout ce que je souhaite à ce groupe et j’espère qu’il y croit autant. Même si actuellement Bordeaux n’est pas au mieux et même si Lyon est en pleine bourre... Tout ce qui s’est passé avant ne compte plus, c’est oublié. Il faudra cependant marquer vite pour emballer le match, chauffer les supporters, et ainsi mettre le doute dans le camp lyonnais. C’est important. Et il n’y a pas de raisons que cette fois, le score ne tourne pas en notre faveur.» Quand on a passé trois buts au Milan AC, on peut bien en mettre deux à Lyon.