DAKARCarlos Sainz a une tête de vainqueur

Carlos Sainz a une tête de vainqueur

DAKARLe pilote espagnol n'a pas encore gagné, mais il n'a pas fait la même erreur que l'an passé...
Le pilote espagnol Carlos Sainz, à Antofagasa, le 9 janvier 2010.
Le pilote espagnol Carlos Sainz, à Antofagasa, le 9 janvier 2010.  - C.De Luca/SIPA
Matthieu Payen (à San Rafael, Argentine)

Matthieu Payen (à San Rafael, Argentine)

De notre envoyé spécial en Argentine.


Curieux pour celui que l’on surnomme «El Matador», en raison de ses 26 victoires en Rallye WRC. L’an dernier, lors de la 12e étape, deux jours avant l’arrivée, Carlos Sainz tombe dans un rio et perd le Dakar qu’il dominait de la tête et des épaules. C’était son quatrième échec dans sa quête de suprématie en rallye-raid. «Le voir mettre autant de temps à s’imposer valorise la qualité des purs pilotes de rallye-raid», observe Stéphane Peterhansel.


Après son accident, Carlos Sainz avait critiqué les informations de son road-book, oubliant au passage ses mauvaises habitudes prises en WRC. «Pour lui, l’objectif c’était de gagner toutes les spéciales [il en a remporté sept en 2009] et accumuler l’avance, quitte à prendre des risques, se souvient son ex-copilote Michel Perrin dont l’omoplate cassée dans l’accident a signé la fin de leur collaboration. Cette année, il semble avoir compris la leçon.»


Contre les éléments


Sainz n’a pour le moment remporté que deux spéciales sur cette édition. Mais il a vaincu ses démons en emportant une 12e étape qui lui ouvre la voie vers sa première victoire en Dakar. Pourtant, peu voyait en lui le favori, à la veille de cette étape décisive. L’Espagnol lui-même traînait nerveusement son embonpoint mercredi sur le stand Volkswagen, les poings serrés au fond des poches de sa salopette. «Ce sera difficile, les éléments ne sont pas favorables», lâchait-il. A commencer par le terrain. «Le parcours passe par les dunes dans lesquels il s’est planté l’an dernier», faisait remarquer Luc Alphand, à la veille de l’étape. Ensuite, l’ordre des départs. Mal classé lors de la 11e étape, à cause d’une crevaison, Sainz est parti jeudi matin en 9e position, l’obligeant à prendre des risques pour doubler ses prédécesseurs. «Ce serait étonnant que Robby Gordon le laisse passer sans réagir», prédisait Stéphane Peterhansel.


Enfin, l’épine la plus profonde plantée dans le pied de Carlos Sainz s’appelait Nasser Al-Attiyah. Le fougueux pilote qatari, bien qu’admirateur de l’Espagnol dans sa jeunesse, convoite lui aussi la première place. Et il a pour lui la meilleure pointe de vitesse, s’accordent à dire la plupart des pilotes. Mais jeudi, il a concédé près d’une minute sur son adversaire et se retrouve à plus de 5 minutes au général. Peut-être a-t-il laissé passer sa chance. De quoi faire les affaires de Sainz, pas vraiment traumatisé par les «il ne va pas bien dormir» perfidement lâchés mercredi par ses adversaires. L’Espagnol n’a pas craqué. «Il ne faut pas oublier que c’est un champion. Il est capable de tenir ce genre de pression», souligne Michel Perrin. «El Matador» serait-il de retour?