De notre envoyé spécial à Pékin

Il l’a fait. Pas un seul des 91 000 spectateurs du Nid d’oiseau ne le quitte des yeux. Dans le monde entier, plusieurs centaines de millions de téléspectateurs ont aussi le regard fixé sur la nouvelle star de l’athlétisme mondial.

Le Jamaïcain Usain Bolt vient d’entrer dans l’histoire de son sport en devenant jeudi soir à Pékin (16 h 20 à Paris), le premier athlète depuis Carl Lewis en 1984 à réaliser le doublé 100-200 mètres aux Jeux Olympiques. Autre exploit, il bat le record du monde du 200 mètres, trois jours après en avoir fait de même avec la marque du 100 mètres. Le tout à seulement 22 ans, avec un vent défavorable de -0,9 km/h.

Dès le coup de feu du starter, Bolt domine la course de la tête et des épaules. Avec son 1,96 mètre, le Jamaïcain a des airs de senior venu défier des cadets. Contrairement à son attitude en fin de finale du 100 mètres, Bolt ne coupe pas son effort avant la ligne.

Un tour d’honneur délirant

Peut-être a-t-il en tête que le record du 200 mètres, détenu par Michael Johnson depuis 1996 en 19’’32, est plus difficile à déloger que celui du 100 mètres. Bien lui en prend. Lorsqu’il franchit la ligne le temps qui s’affiche est de 19’’31, corrigé à 19’’30.

Le chrono s’affiche en bout de piste, « World record» clignote au tableau du stade olympique. C’est alors que le show Bolt, l’autre facette de ce personnage hors norme, pain bénit à l’ère du marketing, commence sur la piste.

Le jeune homme démarre un tour d’honneur délirant, dont les images resteront à coup sûr dans l’histoire des JO. Il se frappe le torse, se lance dans une première danse, puis une deuxième. Il provoque le public par ses grands gestes, embrasse son maillot, vient se frotter à tous les objectifs venus à sa rencontre. Comme en course, il semble impossible à arrêter.

Happy birthday kitchissime au stade olympique

Un peu étrangement dans cette ambiance furieuse la sono du stade olympique se met alors à cracher un «Happy birthday» kitchissime à son intention, lui qui fête ses 22 ans ce 21 août. Ca n’a pas l’air de lui déplaire.

Pour finir Bolt se drape dans un drapeau jamaïcain, avance tranquillement, renvoyant l’image d’un empereur antique. Son tout d’honneur dure depuis dix bonnes minutes, il ne veut pas quitter la piste. Sauf que les compétitions doivent se poursuivre. Des officiels à veste bleue postés en bord de piste lui indiquent fermement la sortie.

Un peu plus tard, avant d’entrer en conférence de presse Bolt livre enfin ses premières impressions : « Je n’étais pas là pour les records mais pour les médailles d’or. Je suis heureux. Si j’ai l’air si relax c’est parce que quand tu es heureux tu es meilleur. Si tu es trop concentré sur sa course tu es moins bon.» Alors Bolt est vraiment très bon.