Modric, la dernière merveille Croate

Modric, la dernière merveille Croate

EURO2008- Il n’a pas encore 23 ans, mais Luka Modric a déjà piqué les clés de la camionnette croate. Ce sera lui le patron face aux Turcs, en quart de finale…
A Vienne, Antoine Maes

A Vienne, Antoine Maes

C’est un vivier inépuisable dans lequel les grands clubs européens piochent sans trop regarder. Après Zvonimir Boban ou Davor Suker, c’est au tour de Luka Modric de quitter la Croatie pour rejoindre un grand championnat. Le milieu de terrain de 23 ans va intégrer la Premier League anglaise, avec Tottenham. Mais il a un boulot à finir dans cet Euro. Et ça commence vendredi, avec un quart de finale face à la Turquie.


Avec un Z comme Zadar

C’est un petit bonhomme qui ne paie pas de mine. Luka Modric a grandi à Zadar, ville carrefour de l’histoire de l’Europe centrale. Le bastion a longtemps servi de cadenas aux Autrichiens pour barrer la route de Vienne aux… Turcs. Pour voir les demi-finales, la Croatie compte donc sur lui. Même s’il y a peu de chance que le sélectionneur, Slaven Bilic, ait emmené ses livres d’histoire dans les vestiaires du Ernst-Happel Stadion.

Vu comme ça, le gamin a l’air spécial. Physique de grimpeur (1m74, 64kg), et parcours un brin tourmenté, à l’image de l’histoire de l’ex-Yougoslavie. En effet, le Croate a connu ses premières parties professionnelles dans le championnat… bosniaque. A 18 ans, et en une seule saison avec le Zrinjski Mostar, il attire déjà les regards de tous les Balkans. Il s’envole donc pour l’Inter. Pas celui de Moratti, non, l’Inter Zapresic, qu’il mène à la 2e place du championnat croate. Il entre ensuite chez les grands en signant avec le Dinamo Zagreb. Dernière étape en date de ce parcours: Tottenham, qui vient de lâcher 14 millions d’euros pour lui.

Il a fait danser Frings et Ballack

Lors de l’Euro, les journalistes anglais se sont inquiétés: comment son petit corps va-t-il tenir le choc? «Celui qui a évolué dans le championnat bosniaque peut jouer partout», leur a répondu le Croate.

Partout, et surtout contre n’importe qui. Face à l’Allemagne, battue 2 buts à 1 en phase de poule, Luka Modric a gagné de quoi garnir sa cheminée. L’UEFA lui a décerné le trophée de «man of the match». Il faut dire qu’il a passé son temps à faire valser Torsten Frings et Michael Ballack, qui ont fini bien énervés après un match passé à courir derrière le lutin de Zadar.

Il y a vingt ans, il aurait porté le numéro 10 et se serait amusé à distribuer les caviars à ses attaquants. Slaven Bilic en a fait un très efficace milieu relayeur, au côté de Niko Kovac. Le coach croate n’est pas peu fier de sa trouvaille. «Il n’est pas seulement un joueur important de notre équipe. Je lui répète souvent qu’il est aussi le meilleur joueur d’Europe», martèle le patron croate.

Même crinière blonde, même sens du dribble, style de jeu... il n’a pas été très difficile de trouver un surnom à Luca Modric. Le Roumain George Hagi était le «Maradonna des Carpates», lui sera le «Cruyff des Balkans». Le Hollandais n’a jamais gagné l’Euro. Modric, lui, est toujours en course.