Open d’Australie: Chung et Sandgren adversaires en quart… Mais d’où ils sortent ces deux-là?
TENNIS•Deux inconnus sont qualifiés pour les quarts du premier Grand Chelem de la saison...B.V. et N.C.
L'essentiel
- Tennys Sandgren et Chung Hyeon sont qualifiés pour les quarts de finale de l’Open d’Australie.
- On vous présente deux joueurs qu’on ne connaît quasiment pas.
OK, on ne se lève pas à 5h du matin pour regarder les premiers tours du tournoi d’Adélaïde le 2 janvier. Mais quand même, on ne peut pas être les seuls à ne pas savoir d’où ils viennent. Lundi matin, Tennys Sandgren et Chung Hyeong se sont qualifiés pour les quarts de finale de l’Open d’Australie, respectivement face à Dominic Thiem et Novak Djokovic. Et qu’ils s’affronteront pour une place en demie. Ça mérite bien qu’on les présente un peu.
Tennys Sandgren, l’improbable américain de 26 ans
Son CV
Né dans le Tennesee (USA), 26 ans, 97e mondial (meilleur classement 85e en 2017), n’avait jamais gagné un match de grand chelem avant ce tournoi. Trois titres en tournois challenger dans toute sa carrière.
Son histoire
Commençons par son prénom, forcément. Tennys a été nommé de la sorte en hommage à son grand-père. Qui ne jouait pas au tennis et sans aucun rapport avec le tennis. En fait, c’est un prénom d’origine suédoise. Mais dans la vie de tous les jours, quand on joue au tennis, s’appeler Tennys semble un poil relou. Extrait d’un dialogue avec lui-même raconté en conférence de presse, choisi par Eurosport.fr.
«- Comment vous appelez-vous ?
- Tennys.
- Ah, c’est cool. Vous jouez au tennis ?
- Voilà (en secouant poliment la tête).
- Ah, super, moi aussi, j’ai joué une fois ou deux au lycée.
- Ah oui, c’est cool. Mais vous ne voulez pas parler d’autre chose ? »
Il parait même qu’il donne d’autres prénoms quand il n’a pas envie de tomber dans ce genre de discussions. Et puis d’autres fois, il se sent philosophe. « Chaque fois que je rencontre une nouvelle personne et que je dois lui expliquer l’histoire de mon prénom, je me dis que c’est une personne de moins à qui je devrai l’expliquer dans le futur, expliquait-il après sa victoire au deuxième tour. C’est bien de voir le bon côté des choses. Mais ça va, ça rend ma vie intéressante. Honnêtement, combien de personnes dans le monde ont pour prénom le sport qu’elles pratiquent ? C’est dingue comme truc. Alors, je peux comprendre les gens. »
Voilà pour le prénom. Place maintenant au tennis. Et pour dire les choses comme elles le sont, le 97e n’a clairement rien à faire là. Mec plus habitué au circuit Challenger - trois titres à 26 ans -, il vient tout juste de gratter sa place dans le top 100 et se décide soudainement de réaliser le tournoi de sa vie, sans prévenir, avant de probablement retomber dans l’anonymat. Chardy, Wawrinka, Thiem, son parcours est pour l’instant très costaud. Bon serveur, avec un revers à deux mains plutôt précis et une jolie palette de coups, son jeu est complet et surtout basé sur un gros mental. A aucun moment durant ce tournoi, malgré les enjeux totalement improbables pour lui, il n’a flanché dans la tête.
Pourquoi on l’aime bien
Parce qu’avec Tennys Sandgren, on est les deux pieds dans le rêve américain version balle jaune. Un prénom pas possible, une dégaine de prof d’EPS des années 90, un parcours totalement improbable, il manque plus qu’il se soit fait largué par sa copine depuis le collège juste avant le tournoi pour qu’Hollywood s’en empare et nous fasse un biopic avec Matt Damon dans son rôle. Et Hans Zimmer à la BO.
Bref, c’est la balle histoire de cet Open d’Australie. S’il gagne un match de plus, ce sera la belle histoire du tennis de l’année. S’il gagne trois de plus, ce sera l’une des plus belles de l’histoire du sport. En plus, le type a l’air marrant.
Les anecdotes pourries à savoir sur lui
- Sa mère s’est blessée en le regardant jouer à la télé. « Les voisins étaient si excités qu’ils dansaient dans le salon autour de moi. Je me suis pris les pieds dans le tapis et je suis tombée sur la table basse. Je me suis cassé une cote et j’ai une commotion. »
- S’il n’avait pas été un joueur de tennis, il aurait été un pro-gamer rate, nous apprend l’ATP, Assurant qu’il était un spécialiste du jeu video League of Legends
- Son surnom est « Sang »
- Il était le sparring-partner de Rafael Nadal à Roland-Garros il y a 9 ans. Et il ne tenait pas trois échanges
Chung Hyeon, la première star du tennis coréen (et futur boss du tennis mondial ?)
Son CV
Né à Suwon, il est à 21 ans l’un des grands espoirs du circuit. C’est d’ailleurs lui a remporté la première édition du tournoi « Next Gen » la saison dernière. Monté à la 44e place mondiale en septembre 2017, il s’est ensuite blessé mais va faire son retour dans le top 50 après Melbourne.
Son histoire
Jouer au tennis quand on grandit en Corée du Sud n’a rien de naturel. Mais son père et son grand frère lui ont montré la voie, et il s’y est engouffré au-delà de toutes les espérances familiales. Finaliste de Wimbledon chez les juniors en 2013, il était déjà 51e à 19 ans, avant de voir sa progression stagner un peu à cause d’une blessure sérieuse aux abdos.
L’année 2017 a marqué son retour en forme. Il s’est qualifié pour la première fois au troisième tour d’un Grand Chelem, à Roland-Garros, où il est passé tout près de l’exploit contre Kei Nishikori (défaite 5-7, 4-6, 7-64, 6-0, 4-6).
Moins médiatique que les Rublev, Shapovalov ou Zverev, têtes d’affiches annoncées de la nouvelle génération, il est en train de doucement prendre le pas sur eux. Il a sorti Daniil Medvedev au deuxième tour de cet Open d’Australie avant de coller un 6-0 à l’Allemand pour conclure sa victoire au tour suivant, samedi. « Le tennis qu’il pratique actuellement est du niveau d’un Top 10 », a estimé Zverev après le match. Il y arrivera peut-être encore plus vite que prévu.
Pourquoi on l’aime bien
Parce qu’on aime bien son style – franchement les lunettes sont cools non ? - et l’ensemble du personnage. Il harangue le public, semble apprécier son temps sur le court mais reste discret en dehors. Et puis c’est toujours bien de voir des « nouveaux pays » apparaître sur la carte du tennis.
Ah et puis c’est aussi un bon message d’espoir pour la rédaction de 20 Minutes : même en étant à moitié bigleux (il souffre de fort astigmatisme), on peut faire des trucs biens dans sa vie. Promis Chung, on va essayer en ton honneur.
Les anecdotes pourries à savoir sur lui
- C’est seulement le deuxième Sud-Coréen à entrer dans le top100 du tennis mondial, après Lee Hyung-taik, 36e en 2007
- Il a perdu la finale de Wimbledon juniors en 2013 face à l’Italien Gianluigi Quinzi, qui n’a pour l’instant pas réussi à faire sa route chez les pros (400e et quelques)
- Il vient de réaliser le meilleur match de sa vie face à son idole, Novak Djokovic, qu’il kiffe pour ses facultés mentales. Chung l’avait déjà joué il y a deux ans à l’Open d’Australie mais s’était fait balayer.