FOOTBALLComment Dortmund va-t-il pouvoir surmonter aussi vite ce traumatisme ?

Dortmund-Monaco: Rejouer 24 heures seulement après l'explosion, c'est trop tôt?

FOOTBALLOn a demande à des psychologues et à un entraîneur comment faire pour jouer ce match malgré tout...
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

Moins de 24 heures pour s’en remettre. Aprèsla terrible attaque du bus de Dortmund mardi soir, et l’annonce officielle du report du match ce mercredi (18 h 45), la question qui se pose est de savoir comment les joueurs (à plus forte raison ceux du Borussia, victimes directes des attaques, mais également ceux de Monaco) vont réussir à jouer ce match, capital dans la saison des deux équipes, après avoir subi un tel choc.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Si le report du match Dortmund-Monaco de seulement quelques heures peut se comprendre – d’ailleurs les présidents des deux clubs s’y sont tous deux déclarés favorables – impossible de penser que celui-ci se déroulera dans des conditions normales. Pour Bertrand Marchand, ancien entraîneur de Guingamp et de la sélection tunisienne, « c’est une bonne chose de rejouer assez vite car il ne faut pas céder à la panique. C’est un événement grave qui a eu lieu, mais c’est malheureusement une chose avec laquelle on doit apprendre à vivre de nos jours. »

Pas de répit pour les victimes

Du côté de Stéphanie Seelig, psychologue et victimologue, le son de cloche est différent : « C’est très surprenant car les joueurs ont vécu un événement potentiellement traumatique, surtout dans le contexte actuel. Et devoir se remobiliser, se reconcentrer, remonter dans un bus, tout ça en si peu de temps, ça me paraît risqué. Je ne sais pas dans quel état émotionnel ils sont, mais très souvent c’est seulement 24 heures après les faits qu’on commence à ne pas aller bien. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

En se replongeant si vite dans ce contexte d’horreur, le risque psychologique est réel. « Il y a un aspect de répétition qui est un peu paradoxal, s’étonne Stéphanie Seelig. Quand on a été confronté à une situation qui n’a pas de sens et qui nous a pris au dépourvu, l’esprit ne va avoir de cesse de ressasser encore et encore ce qu’il s’est passé. Et exposer volontairement des victimes à une répétition de ce qui s’est passé, dans le réel, c’est assez violent. »

Une causerie d’avant-match hors du temps

Mettons-nous un instant dans la tête de Thomas Tuchel, le coach du BVB. Que va-t-il bien pouvoir dire à ses joueurs à quelques minutes de fouler la pelouse du Signal Iduna Park ?

« Dans la tête, ça trotte et ce n’est jamais évident de remobiliser les troupes après un tel choc, explique Bertrand Marchand. Je n’ai jamais connu ça, mais j’ai beaucoup entraîné en Afrique et j’ai fait des déplacements qui parfois étaient très compliqués. Dans ces cas-là, je disais à mes joueurs "le match ça va être de la rigolade quand, comme nous, on a cru qu’on n’allait pas s’en sortir". Les joueurs de Dortmund, qui ont probablement dû penser l’espace d’un instant que c’était la fin, devraient essayer d’avoir ça à l’esprit ce soir. »

Et qu’en est-il des joueurs monégasques dans tout ça ? Marchand déroule.

« « J’imagine qu’ils pensent fortement à ce qui est arrivé à leurs collègues de Dortmund, et même s’ils n’ont pas subi ça de plein fouet, ils seront eux aussi impacté ce soir. » »

Une démonstration de la vie qui continue

Pour Sébastien Magne, psychologue du sport, « l’important c’est que les joueurs puissent parler de l’événement entre eux, voire à un professionnel pour les plus impactés, afin de libérer les émotions et ne surtout pas les garder pour soi. »

« Ce type d’évènement peut causer des blessures psychiques donc si certains joueurs sont dans ce cas-là, il n’y a pas grand-chose qu’on puisse leur dire pour les faire remonter immédiatement dans un bus et cela pourrait être dangereux pour eux, pense de son côté Stéphanie Seelig. Pour les autres, on peut évoquer le désir de ne pas se laisser mettre à terre par cette attaque en montrant qu’on est plus fort que ça. On est alors dans la démonstration que la vie ne s’arrête pas. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

C’est effectivement le sentiment qui domine du côté de Dortmund : « Nous voulons montrer que la terreur et la haine ne peuvent pas prendre le dessus. Et bien sûr nous jouons pour Marc Bartra, qui veut voir son équipe gagner », peut-on lire dans le communiqué officiel du président du club allemand, Hans-Joachim Watzke. « Si Dortmund surmonte l’épreuve de la journée de préparation différente de l’habitude, conclut Sébastien Magne, ils peuvent aussi être galvanisés. »