INTERVIEW«Je préfère marquer en une touche de balle», explique Edinson Cavani

Edinson Cavani: «J'ai l'instinct du buteur en moi», assure l'attaquant parisien avant Barça-PSG

INTERVIEW« 20 Minutes » a parlé instinct de buteur avec le Matador du PSG, Edinson Cavani…
William Pereira

Propos recueillis par William Pereira

37 buts en 36 matchs. Edinson Cavani est à 2016-2017 ce que son pote Luis Suarez fut à la saison précédente : un monstre d’efficacité en totale réussite. Pour rester sur les chiffres, l’Uruguayen totalise près de la moitié (48 %) des banderilles plantées par le Paris Saint-Germain en Ligue 1. Bref, le Matador a plus que repris le flambeau laissé par Zlatan Ibrahimovic à l’été 2016 et fait taire ses détracteurs.

Du coup, on commence à se demander quel peut bien être le secret du bonhomme pour faire trembler les filets aussi souvent. Le travail ? Le talent ? Tout à la fois ? Suspense insoutenable. Pour en savoir plus, on a parlé sens du but et frappes en première intention avec Cavani, dans le cadre d'une rencontre organisée par son équipementier Nike pour le lancement d'une nouvelle gamme de chaussures, les Hypervenom III.

Edinson Cavani rattrape Zlatan
Edinson Cavani rattrape Zlatan - Twitter (Histoire du PSG)

C’est quoi pour toi, l’instinct de buteur ?

Je pense que c’est quelque chose qui est dans le sang, qui est inné. C’est un truc que tu découvres dès les premières fois où tu touches à un ballon de football. Après, tu ne t’en rends pas forcément compte tout de suite quand tu es un enfant, mais il y a toujours cette envie de marquer des buts. Moi je sais que j’avais cet instinct en moi. Je ne l’ai pas travaillé, je l’ai seulement perfectionné avec le temps.

Le sens du but est propre aux buteurs ou des milieux de terrains voire des défenseurs peuvent aussi l’avoir ? Parce qu’on voit de plus en plus de joueurs évoluant plus bas marquer plus de buts…

Non, non, je ne crois pas… La passion pour le football, même si elle n’est pas ressentie par tous, peut exister chez les joueurs évoluant à n’importe quelle position. Mais le sens du but, le flair de l’attaquant… Tu ne retrouves ça que chez un attaquant, justement.

« « Le buteur a souvent entre ses mains la responsabilité de l’issue d’un match en marquant ou non un but » »

Tu parlais de perfectionner ton sens du but. Tu as ou avais des exercices spéciaux qui t’ont aidé à t’améliorer ?

L’une des choses qui t’aident à grandir en tant qu’attaquant, c’est ta manière de lire le jeu, de lire les actions. Dès le moment où tu progresses dans ce domaine tu comprends comment te placer dans telle ou telle situation et de te mettre dans les meilleures dispositions pour finaliser. Au fil du temps, le principal progrès que j’ai fait c’est d’être plus concentré et concerné par le jeu pour mieux gérer mon placement.

Comment tu gères ton espace sur le terrain ? Par exemple, est-ce que tu sais toujours où se trouve le but ?

Oui, oui… Mais là encore c’est pareil, c’est instinctif. Le but, la surface… Je sais où ils sont.

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On parle souvent de confiance, de pression, d’impact psychologique chez les attaquants. L’aspect mental est-il vraiment plus décisif chez un attaquant que pour les autres joueurs ?

(Il réfléchit) Non, pas vraiment. Chacun a une pression liée à son rôle sur le terrain. Après c’est vrai que le buteur a souvent entre ses mains la responsabilité de l’issue d’un match en marquant ou non un but. Cela apporte une pression supplémentaire mais je vois ça comme une pression saine. Tu dois marquer pour aider l’équipe à gagner.

« « Je préfère marquer en première intention mais ça ne veut pas dire que je ne sais pas marquer autrement. » »

Dans quelles circonstances penses-tu être le plus efficace ?

Dans ma carrière j’ai marqué des buts dans toutes sortes de positions, de la tête du droit, du gauche… Après c’est sûr que je préfère marquer des buts en une touche de balle, c’est une situation dans laquelle je me sens à l’aise.

A l’inverse, on a l’impression que c’est un peu plus compliqué quand tu dois prendre ton temps pour finir les actions…

Oui c’est vrai que c’est l’une des choses sur lesquelles je dois travailler. D’un autre côté je dois accepter qu’il n’y a pas de vertu sans défaut. Enfin… Je ne sais pas si c’est vraiment un défaut mais en tout cas ce sont des situations que je « sens » moins bien que les actions en une touche. Il ne faut pas oublier que pour un buteur, ça reste le plus important. Après, oui, je préfère marquer en première intention mais ça ne veut pas dire non plus que je ne sais pas marquer autrement.

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En ce moment, tu joues beaucoup contre des défenses regroupées, surtout au Parc des Princes. Ce n’est pas trop frustrant pour un chasseur de buts comme toi ?

C’est le jeu. Il faut savoir l’accepter. Quelque part c’est un peu normal de voir des équipes inférieures que ce soit sur le papier ou statistiquement défendre dans sa surface pour ne pas perdre. Tu n’as pas d’autre choix que de foncer sur ce bloc dans la surface pendant 90 minutes en espérant que ça passe. C’est à nous de trouver les clés pour gagner malgré tout.

« « Je pense que j’ai un truc génétiquement… Une résistance qui me permet de venir aider l’équipe et de défendre en plus de faire mon travail d’attaquant » »

On dit de plus en plus que les vrais numéros 9 dont tu fais partie sont en voie de disparition. Comment l’expliques-tu ?

C’est vrai, il y a de moins en moins d’équipes qui possèdent un attaquant pur en pointe, un gars qui puisse servir de point de fixation. Evidemment l’évolution du football y est pour quelque chose. Maintenant, on demande aux attaquants qu’ils aient une approche différente du football alors qu’avant on leur demandait avant tout de rester devant, à l’affût des ballons de but. La contrepartie quand tu fais « sortir » le vrai numéro neuf de tes plans, c’est qu’il faut que tous tes attaquants soient capables de marquer des buts. Il y a des équipes qui peuvent se le permettre et d’autres qui n’en ont pas les moyens.

Est-ce que tu as conscience quelque part de participer toi aussi à l’évolution de ce poste ? Tu cours et défends beaucoup plus qu’un attaquant qu’on pourrait qualifier de classique…

Je ne sais pas vraiment comment me définir. Je me sens avant-centre malgré tout. Pour moi je fais partie de cette classe d’attaquants. Après il y a des caractéristiques qui ne dépendent pas du type de football ni de son évolution mais plutôt des caractéristiques du footballeur. Aujourd’hui encore, le principal effort défensif que l’on voit de la part des avants-centres c’est de revenir dans le rond central.

Alors que toi tu n’es pas Pippo Inzaghi par exemple…

Oui, voilà et c’est pour ça que je parle des caractéristiques du joueur. Moi je pense que j’ai un truc génétiquement… Une résistance qui me permet de venir aider l’équipe et de défendre en plus de faire mon travail d’attaquant. Après au-delà du physique, le fait de venir aider l’équipe derrière est quelque chose qui me plaît. Quand je rentre sur le terrain je me prépare aussi bien à aider les autres en défense qu’à être en place devant et faire mon job de buteur.