TENNISUS Open: Pourquoi Pouille est si fort ? Il est tout le contraire du joueur français habituel

US Open: Pourquoi Pouille est si fort ? Il est tout le contraire du joueur français habituel

TENNISGros mental, monstre physique, et grande ambition, Pouille n’a pas vaincu Rafael Nadal par hasard…
Lucas Pouille, le 5 septembre 2016 à New-York.
Lucas Pouille, le 5 septembre 2016 à New-York.  - Mike Frey/BPI/Shutterst/SIPA
Julien Laloye

Julien Laloye

Deux, trois chiffres pour situer l’exploit avant d’entrer dans le détail. Le dernier Français ? Le seul, plutôt. Tsonga en 2008, il y a un siècle. Le dernier à avoir pris un set à l’Ibère en bandana dans le format longue durée ? Monfils en 2009, il y a à peine moins longtemps. Alors ce n’est peut-être plus , mais il faudrait être drôlement snobinard pour ne pas savoir célébrer avec les honneurs un triomphe contre le centuple vainqueur de Roland-Garros. D’ailleurs, on n’a pas beaucoup mieux dormi que Pascal, le papa de Lucas, appelé au petit matin pour nous expliquer un peu le phénomène qui démonte tous les clichés associés au tennis français. Démonstration.

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Il n’a pas tout cassé en junior (pour décevoir chez les pros)

La fameuse génération des mousquetaires a synthétisé ce qui fait le charme et la faiblesse du tennis français. Des résultats monstrueux chez les juniors (Gasquet est peut-être le joueur chez les jeunes, Monfils n’était pas mal non plus) >> Des espoirs légitimes > > Des résultats pas mal mais pas top (une dizaine de demi-finales de Grand Chelem) >> Des espoirs déçus.

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Pouille, lui, ne sortait pas des radars en juniors, où il n’a jamais fait mieux qu’un quart de finale à l’Open d’Australie. Explication du papa : «Lucas a eu la malchance d’être blessé souvent alors qu’il jouait très bien. Tous les trois mois, il était obligé de s’arrêter un long moment. Il arrive quand même à être classé dans les 25 meilleurs en jouant la moitié de l’année à l’époque, ». Des blessures qui, paradoxalement, ont peut-être servi la cause du Nordiste. Personne ne l’attendait tout en haut chez les pros, un confort rare dans un pays qui cherche le successeur de Noah avec une certaine impatience.

ll a un mental de Serbe

Figurez-vous que Pouille et Nadal avaient déjà « matché » à l’US Open. C’était à l’entraînement, il y a dix jours, et le Français s’était fait marcher dessus comme un petit garçon, . « Il avait pris trois sets. Nadal voulait faire un 4e, j’ai refusé car je me suis dit : "il va nous le mettre en slip". Il ne jouait pas, il gueulait, je l’ai attrapé dans les cuisines à côté du 17. Il a fait la tête, mais les entraînements d’après, il y était ».



Le match d’après aussi, et cela dit tout de la force mentale du bonhomme, déjà entrevue en Coupe Davis, où il n’avait pas tremblé pour remporter son premier match dans l’épreuve alors que Tsonga avait raté son match en ouverture. Anecdote de Papa Pouille : « C’était la finale des championnats de France 12/13 ans. Il était mené 5-1 dans le tie-break du dernier set contre un joueur moins bien classé, et il a pris tous les risques pour revenir quand d’autres auraient été tétanisés. A 6-5 pour lui, il a tenté un coup impossible qui a fait bande et qui est tombé du bon côté. C’est ça, Lucas ». Contre Nadal, il aurait pu plier les gaules à 4-2 contre lui dans le cinquième, , mais il n’a jamais lâché. Ça nous change de Paulo (Mathieu) ou de Richard (Gasquet).

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Il aime se faire mal

Avec Pouille, fini aussi le mythe du petit Français qui s’écroule lamentablement après deux heures de jeu un peu exigeantes. Avant de répondre sans moufter à la débauche physique réclamée par Nadal, le 24e mondial avait déjà remporté ses deux matchs précédents au bout des cinq sets à grands coups de « Come on », tel le Lleyton Hewitt des débuts. Tout sauf le hasard, depuis que Pouille , où il a emménagé pour suer comme un goret même en hiver. Des séances de fou, à faire passer Yohann Diniz et la marche pour un sport de plage, jusqu’à six heures de tennis d’affilée en plein cagnard les bons jours.

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« J’y suis allé une fois pour voir, c’était incroyable de violence, se souvient Pascal Pouille. L’intensité qu’ils mettaient sur cinq heures, même tenir ça une demi-heure, déjà, ça me paraissait impensable. Mais Lucas a toujours eu la volonté de se faire mal. Lors de ses premiers entraînements, il devait avoir dix ans, son coach l’emmenait courir dans les dunes pas loin du club, et Lucas vomissait ses tripes, mais il refusait de s’arrêter. Berdych à Wimbledon, il joue avec la cheville en vrac mais je ne l’ai pas entendu expliquer sa défaite par sa blessure. ».

Il n’a jamais caché son ambition

Beaucoup avaient découvert le nom de Pouille à Roland-Garros en 2015, quand Noah s’était pointé à son entraînement Lucas avait 20 ans, mais savait déjà ce qu’il voulait : se donner les moyens de gagner un Grand Chelem et devenir le meilleur joueur du monde. Une ambition qui a un peu détonné venant d’un garçon même pas 100e mondial. Sa réponse dans le Parisien un an plus tard : « En France, c’est difficile à afficher. Si demain Zverev dit qu’il veut être n°1, on va dire "génial". Si c’est Quentin Halys ou moi, on va dire : "ça y est, il a le boulard". Je ne sais pas pourquoi on a cette mentalité mais c’est dommage ».



« On lui a toujours dit de se donner les moyens d’être bon dans la voie qu’il se choisirait, confirme Pascal, qu’il se donne à fond. Sa personnalité, c’est peut-être un mélange de deux cultures [sa mère est Finlandaise], je ne sais pas, il a hérité du calme de sa mère et un peu de ma folie, sans doute (rires). Mais il y a une grande différence . Jamais on n’aurait pensé, et lui non plus, qu’il allait battre un jour Nadal sur le central de l’US Open ». Pour ce qui est de Monfils, son prochain adversaire, c’est plus facile à concevoir. En Australie, début 2015, Pouille avait mené deux manches à rien contre son aîné, avant d’être rattrapé par son manque d’expérience. L’affaire a changé, a priori.